Méthodologie
Tableaux nationaux des ressources, des emplois et des entrées-sorties
Les tableaux des ressources et des emplois sont des matrices par produit et par branche d’activité qui décrivent de façon détaillée les processus de production et les transactions de produits. Les branches sont classées selon la classification statistique des activités économiques (NACE, Rév. 2), et les produits sont classés selon la classification des produits associée aux activités (CPA version 2.1).
Ces classifications sont totalement alignées. À chaque niveau d’agrégation, la CPA montre les principaux produits pour la division NACE associée.
Les tableaux des ressources et des emplois (TRE) montrent:
- la structure des coûts de production et de la valeur ajoutée pendant la production
- le flux de biens et de services produits au sein de l'économie nationale
- le flux de biens et de services entre l'économie en question et le reste du monde
Le tableau des ressources ventile les ressources de biens et de services par produit et par origine, faisant la distinction entre la production intérieure et les importations.
Le tableau des emplois détaille les emplois de biens et de services par produit et par type. Les quatre types d'emplois sont:
- la consommation intermédiaire (dans le processus de production, ventilée par branche d'activité)
- la consommation finale
- la formation brute de capital
- les exportations
Ce tableau ventile par ailleurs la valeur ajoutée entre ses différentes composantes:
- rémunération des salariés
- autres impôts moins les subventions sur la production
- revenu mixte net
- excédent net d'exploitation
- consommation de capital fixe
Deux types d'identité lient les tableaux des ressources à ceux des emplois:
- l'identité par branche d’activité (c'est-à-dire que la production par branche doit être égale aux entrées par branche: production = consommation intermédiaire + valeur ajoutée)
- l'identité par produit (c'est-à-dire que le total des ressources par produit doit être égal au total des emplois par produit: production + importations = consommation intermédiaire + consommation finale + formation brute de capital + exportations)
Les tableaux des ressources et des emplois couvrent l'ensemble des flux enregistrés dans:
- les comptes de biens et services
- les comptes de production
- le compte d'exploitation
Les tableaux des ressources et des emplois (TRE) constituent un bon cadre pour analyser les divergences de données et équilibrer les données, car ils associent trois méthodes utilisées pour mesurer le PIB (les approches de la production, des dépenses et des revenus) en un seul ensemble de données.
Un tableau des entrées-sorties est une matrice produit par produit ou branche par branche qui décrit en détail les processus de production nationaux et les transactions de produits. Ces tableaux intègrent à la fois les ressources et les emplois dans un seul tableau. Les produits ou branches d’activité sont classés de la même façon en lignes et colonnes.
Les ressources sont ventilées comme suit:
- production marchande
- production pour usage final propre
- autre production non marchande uniquement pour la production totale par branche d'activité.
Dans le tableau des ressources, les biens et services sont comptabilisés aux prix de base. Dans le tableau des emplois, ils sont comptabilisés aux prix d'acquisition. Pour que les ressources et les emplois correspondent, les éléments suivants doivent être ajoutés au tableau des ressources:
- marges commerciales et de transport
- impôts moins les subventions sur les produits
Le total des marges commerciales par produit est égal au total des marges commerciales réalisées par les branches du commerce et des marges commerciales secondaires des autres branches. Cette équation s'applique également aux marges de transport. Les marges de transport englobent les frais de transport payés séparément par l'acheteur et inclus dans l'emploi des produits aux prix d'acquisition, mais pas dans les prix de base de la production du fabricant ou dans les marges commerciales des grossistes ou détaillants.
Les impôts sur la production et les importations comprennent:
- les impôts sur les produits, c'est-à-dire les taxes sur la valeur ajoutée (TVA), etc., ainsi que les impôts (en excluant la TVA) et les droits sur les importations
- les impôts (en excluant la TVA) sur les produits et les impôts sur les importations, ou d'autres impôts sur la production.
Des catégories similaires sont prévues pour les subventions sur la production et les importations. Les subventions sont traitées comme des impôts négatifs sur la production et les importations.
La valeur ajoutée est enregistrée aux prix de base. Elle se définit comme la différence entre la production évaluée aux prix de base et la consommation intermédiaire évaluée aux prix d'acquisition. Le SEC n'utilise pas le concept de valeur ajoutée au coût des facteurs. Toutefois, cet agrégat pourrait être obtenu en soustrayant de la valeur ajoutée aux prix de base les autres impôts moins les subventions sur la production.
Le PIB est évalué aux prix du marché. Les flux et stocks sont mesurés selon leur valeur d'échange, c'est-à-dire la valeur à laquelle ils sont ou pourraient être échangés contre des espèces. En matière d'évaluation, le concept retenu par le SEC est donc celui de prix du marché.
Cet agrégat peut être calculé à partir des tableaux des ressources et des emplois de trois manières différentes:
- comme la production aux prix de base par branche d’activité moins la consommation intermédiaire au prix d'acquisition par branche, plus les impôts moins les subventions sur les produits (optique de la production)
- comme la somme des différentes composantes de la valeur ajoutée aux prix de base par branche d’activité, plus les impôts moins les subventions sur les produits (optique des revenus)
- comme la somme des catégories d'usage final moins les importations: exportations – importations + dépense de consommation finale + formation brute de capital (optique des dépenses)
Veuillez noter que dans l'optique des dépenses, les ré-exportations doivent être ajoutées afin de correspondre aux exportations et importations nationales.
Le tableau des emplois contient également plusieurs informations supplémentaires, comme la formation brute de capital fixe, les stocks d'actifs fixes et les entrées de main-d'oeuvre par branche d'activité. Essentielles lorsqu'il s'agit d'analyser la productivité, ces informations peuvent également servir à plusieurs autres types d'analyses (par exemple, en matière d'emploi).
Dans les tableaux des ressources et des emplois, deux postes d'ajustement sont introduits pour réconcilier l'évaluation des importations. Le transfert de biens existants est enregistré dans le tableau des emplois en tant que dépense négative pour le vendeur et dépense positive pour l'acheteur. Pour le groupe de produits concerné, le transfert d'un bien existant correspond à un reclassement au sein des emplois.
Les achats directs effectués à l'étranger par les résidents et les achats effectués sur le territoire intérieur par des non-résidents sont intégrés en tant qu'ajustements aux estimations initiales des importations, exportations et dépenses de consommation finale.
Dans le SEC 2010, le tableau des entrées-sorties produit par produit est le tableau des entrées-sorties le plus important.
Le tableau des entrées-sorties produit par produit est compilé en convertissant les tableaux des ressources et des emplois, tous deux aux prix de base. L'opération nécessite un changement de format puisqu'il faut passer de deux tableaux asymétriques à un seul tableau. Le processus de conversion comprend trois étapes:
- L’affectation des produits secondaires du tableau des ressources aux branches d’activité dont ils constituent les produits principaux. Cette étape consiste à opérer, dans le tableau des ressources, des transferts de produits secondaires vers les branches d'activité dont ils constituent la production principale, et des soustractions de branches d’activité dont ils sont issus.
- Dans les colonnes du tableau des emplois, la transformation des entrées de branches d'activité en entrées de branches homogènes (sans agrégation des lignes). Cette étape est plus compliquée, car les données de base relatives aux entrées concernent des branches et non des produits spécifiques fabriqués par celles-ci. La conversion à effectuer ici consiste à transférer les entrées associées à la production secondaire d'une branche à la branche dont elles constituent la production principale.
- Si nécessaire, l’agrégation de produits (lignes) détaillés du nouveau tableau des emplois selon les branches homogènes identifiées en colonnes. Cette étape consiste à agréger les produits du nouveau tableau des emplois aux branches d'activité dont ils sont issus selon l'étape 1, si la conversion a débuté à partir de tableaux rectangulaires.
Ces modifications commencent par les données fondées sur les unités d'activité économique au niveau local (UAEL).
Le tableau des entrées-sorties devrait être accompagné d'au moins deux tableaux:
- une matrice détaillant les emplois des importations
- un tableau des entrées-sorties pour la production intérieure
Ce dernier tableau sert à calculer les coefficients cumulés, en utilisant la matrice inverse de Leontief. Cette matrice correspond en fait à l'inverse de la matrice obtenue en soustrayant de la matrice unitaire (I) la matrice des coefficients techniques. En multipliant l'inverse de Leontief par le vecteur de la demande finale, il est possible de calculer le vecteur de la production totale par produit.
Tableaux FIGARO
La méthodologie sous-tendant les tableaux FIGARO correspond à la méthodologie du «système européen des comptes 2010» (SEC 2010). Des informations détaillées sur la méthodologie sont disponibles en anglais dans les publications suivantes:
- European Union inter-country supply, use and input-output tables — Full international and global accounts for research in input-output analysis (FIGARO)
- Articles et rapports:
- Articles scientifiques dans la revue Economic Systems Research:
Compte tenu des séries temporelles actuellement disponibles, certaines améliorations méthodologiques ont été incluses, qui sont décrites dans le document sur la méthodologie FIGARO (en anglais).