Statistics Explained

Archive:Statistiques sur l’occupation et l’utilisation des sols (LUCAS)

Données de mars 2014. Données plus récentes: Informations supplémentaires Eurostat, Principaux tableaux et Base de données. Mise à jour prévue de l’article: aucune.
Les cartes peuvent être explorées de manière interactive dans le Eurostat Statistical Atlas (en anglais) (voir le User's guide — en anglais).

Le présent article fait partie d’un ensemble d’articles sur les statistiques basé sur l’Annuaire régional publié par Eurostat. Il présente des informations concernant l'enquête aréolaire sur l’utilisation et l’occupation des sols (LUCAS) d’Eurostat, qui fournit des statistiques harmonisées et comparables sur l’occupation et l’utilisation des sols sur tout le territoire de l'Union européenne (UE) (à l’exception de la Croatie). Les statistiques fournies par l’enquête LUCAS peuvent être utilisées pour suivi une série de problèmes socio-environnementaux, dont le niveau de fragmentation du paysage, la dégradation des sols et les incidences de l’agriculture sur l’environnement.

Principaux résultats statistiques

La superficie totale de l'UE-28 était légèrement supérieure à 4,3 millions de kilomètres carrés (km²) en 2012. L’une des caractéristiques fondamentales des paysages européens est la succession de paysages observée lorsque l’on se déplace sur des distances relativement courtes, par exemple le passage d’environnements de toundra subarctique à des zones semi-arides, ou le passage de basses terres et de plaines à des chaînes de montagnes relativement hautes telles que les Alpes, les Pyrénées ou les Carpates. De ce fait, l’Union abrite une grande variété d’habitats, de flore et de faune. L’occupation et l’utilisation des sols revêtent une grande importance pour ces divers écosystèmes, qui sont indispensables à la biodiversité au sein de l’Union.

RYB info.png
Qu’est-ce que l’occupation des sols?


L’occupation des sols est la couverture biophysique des terres (par exemple les cultures, les forêts, les bâtiments ou les lacs). Dans le contexte de LUCAS, l’occupation des sols fait l’objet d’une classification comportant 76 sous-classes — au niveau le plus fondamental, les principaux types d’occupation des sols sont: les terres artificialisées, les terres cultivées, les forêts, la brousse, les herbages, les terrains libres et les lichens ou la mousse, les plans d’eau et les marais.

LUCAS — exemples d’occupation des sols
H11: marais intérieurs, E20: herbages sans couvert d’arbres ou buissons, C10: forêts de feuillus, A11: bâtiments de 1 à 3 étages, F10: roches et pierres, G10: plans d’eau intérieurs.

Diversité paysagère

Le paysage désigne une zone de terres dont les caractéristiques et les fonctions sont définies par l’interaction complexe et spécifique à la région entre les processus naturels (relief, type de sol, présence d’eau, climat, biodiversité) et les caractéristiques culturelles (intervention humaine au moyen de l’agriculture, de la sylviculture, des politiques rurales, de la construction et des pressions économiques).

Si certains pays possèdent de grandes zones caractérisées par le même type d’occupation des sols, d’autres présentent une mosaïque de petites zones caractérisées par différents types d’occupation des sols. La présence de bandes de verdure, de haies, de murs de pierres sèches, de fossés et d’autres éléments linéaires semi-naturels est considérée comme revêtant une importance fondamentale pour favoriser la biodiversité, car ils offrent des services écosystémiques tels que la pollinisation et la lutte contre les nuisibles. En revanche, l’activité humaine a progressivement modifié les paysages, par exemple en raison de l’urbanisation, de l’évolution des pratiques agricoles ou de l’utilisation croissante des transports. La densité des éléments linéaires créés par l’homme, qui divisent le paysage (comme les routes, les voies ferrées et les câbles aériens) est étroitement liée à l’évolution de la population et de l’infrastructure, et ces éléments peuvent nuire à la biodiversité — par exemple, une autoroute qui traverse une zone naturelle peut limiter les déplacements des animaux sauvages.

Eurostat produit toute une série d’indicateurs pouvant être utilisés pour évaluer les liens entre les tendances en matière de paysage et la biodiversité. Les arpenteurs de LUCAS parcourent des transects de 250 m pour enregistrer les transitions d’occupation des sols et la présence d’éléments linéaires. La structure des paysages de l’Union est analysée en prenant en considération les éléments suivants: la richesse (nombre de types d’occupation des sols différents), la diversité (abondance relative des types d’occupation des sols — en d’autres termes, leur récurrence le long du transect) et la fragmentation (présence d’élément structurels et séparateurs), afin de fournir des informations sur l’organisation spatiale ainsi que sir la présence et la disposition des éléments de paysage.

RYB info.png
Qu’est-ce que l’utilisation des sols?


Par utilisation des sols, on entend l’utilisation socioéconomique des sols (par exemple à des fins agricoles, commerciales, résidentielles ou de loisirs). Une même zone peut être destinée à des usages multiples et alternés. Dans le contexte de LUCAS, l’utilisation des sols fait l’objet d’une classification comportant 33 classes couvrant le secteur primaire (par exemple, l’agriculture et la sylviculture), le secteur secondaire (l’industrie), le secteur tertiaire (les services) et les autres utilisations (par exemple, l’utilisation à des fins résidentielles et les zones abandonnées).

LUCAS — exemples d’utilisation des sols
U111: agriculture (à l’exclusion des terres en jachère et des jardins potagers); U120: sylviculture; U140: exploitation de mines et de carrières; U340: commerce, finance, entreprises; U370: résidences; U362: sports.

À partir des données collectées le long de chaque transect il est possible de calculer l’indice de régularité de Shannon, qui fournit une mesure de la diversité paysagère. Pour l’UE-27 dans son ensemble, cet indice était de 0,70 en 2012. La plupart des États membres ont enregistré des indices de régularité de Shannon proches de la moyenne de l’UE-27, dans une fourchette allant de 0,65 à 0,75.

RYB info.png
L’indice de régularité de Shannon


Lorsque les arpenteurs de LUCAS parcourent un transect de 250 m, ils doivent enregistrer tous les changements d’occupation des sols qu’ils observent. Le niveau d’homogénéité ou d’hétérogénéité de l’occupation des sols peut être analysé en mesurant le nombre de types différents d’occupation des sols sur chaque transect et leur abondance relative (en d’autres termes, la récurrence d’un même type d’occupation des sols sur un transect donné).

L’indice de régularité de Shannon peut être utilisé pour évaluer la diversité paysagère et prend en considération à la fois le nombre de types différents d’occupation des sols observés et leur abondance relative. Cet indice est représenté par une valeur comprise entre 0 et 1, une valeur de zéro représentant un paysage sans diversité (un seul type d’occupation des sols) et une valeur de un représentant la diversité maximale (tous les types d’occupation des sols en quantités égales). Si un paysage est caractérisé par tous les différents types d’occupation des sols en quantités égales, l’indice de régularité de Shannon tendra vers une valeur de un; à l’inverse, si un type d’occupation des sols domine, cet indice tendra vers zéro.

Indice de régularité de Shannon =


où l’abondance relative des types d’occupation des sols étant désignée par Pi et les différents types d’occupation de sols étant désignés par m.


Le Portugal, la Slovénie, l’Autriche et le Luxembourg affichaient la plus grande diversité paysagère

Carte 1: Diversité paysagère exprimée par l’indice de régularité de Shannon, par région de niveau NUTS 2, 2012
(indice, fourchette de valeurs = 0–1; avec une valeur de zéro représentant un paysage sans diversité (un seul type de couverture terrestre) et une valeur d'un représentant de la diversité maximale (en d'autres termes, tous les types de couverture terrestre en quantités égales)) - Source: Eurostat, LUCAS 2012

Les niveaux les plus élevés de diversité paysagère ont été enregistrés dans les États membres de l’Union présentant des zones montagneuses ou vallonnées: par exemple, le Portugal, la Slovénie, l’Autriche et le Luxembourg. Chacun de ces pays affichait un niveau relativement élevé de variation dans l’occupation de ses sols, l’indice de régularité Shannon y étant supérieur à 0,75 en 2012. Venaient ensuite dans le classement un groupe d’États membres dont la diversité paysagère était proche de la moyenne de l’UE-27 (par exemple, l’Allemagne, la France ou la Pologne). Un autre groupe de pays, riches en forêts, présentaient des paysages relativement homogènes et des niveaux de diversité moindres (par exemple, l’Estonie et la Finlande). Le dernier groupe de pays enregistrait également de faibles niveaux de diversité paysagère, leur paysage étant homogène (indices inférieurs à 0,65) et un type d’occupation des sols tendant à être dominant; il s’agissait souvent d’herbages, de terres cultivées ou de terres agricoles abandonnées (par exemple, l’Irlande, la Hongrie, la Roumanie ou le Royaume-Uni).

Les indices de régularité de Shannon pour les régions NUTS 2, par opposition aux moyennes nationales, sont présentés sur la carte 1, qui couvre 261 régions des États membres de l’UE-27. Dans 12 régions de l’Union, l’indice de régularité de Shannon était supérieur ou égal à 0,80 en 2012 (zones les plus foncées sur la carte). Celles-ci étaient situées dans huit différents États membres. La section qui suit examine deux de ces États membres — le Portugal et l’Autriche — et donne une idée de la succession de paysages qui peut être observée dans certaines régions.

Les paysages les plus variés ont été observés dans les régions portugaises de Norte et d’Algarve

La diversité paysagère la plus importante a été enregistrée dans la région portugaise de Norte. Les zones intérieures de cette région, vers la frontière espagnole, sont relativement montagneuses (on y trouve par exemple le Parque de Peneda-Gerês et le Parque Natural do Douro) et relativement sèches, voire arides pendant les mois d’été. Ces zones sont souvent considérées comme des zones de brousse ou de forêt, et lorsqu’elles sont utilisées à des fins agricoles, les cultures y sont souvent permanentes (par exemple des vignes). Cette région, située dans le nord du Portugal, possède également un long littoral atlantique, où la densité de population et l’activité économique tendent à être beaucoup plus concentrées. Le littoral est également caractérisé par des précipitations plus élevées et des pratiques agricoles plus variées.

Le deuxième indice de régularité de Shannon le plus élevé a été enregistré dans une région située à l’autre extrémité de la partie continentale du Portugal, à savoir l’Algarve. Certaines caractéristiques de cette région étaient similaires à celles de la région de Norte, dans la mesure où l’Algarve se caractérise par des constructions (touristiques) le long de son littoral Sud, qui présente également des zones d’activité agricole bénéficiant d’un climat protégé. Plus vers l’intérieur des terres, le paysage devient rapidement rural, peu densément peuplé et relativement vallonné (par exemple, la Serra do Caldeirão).

Les régions autrichiennes de Burgenland et Oberösterreich présentaient également des paysages variés...

La région suivante dans le classement de la diversité paysagère était celle de Burgenland, qui est la région la plus orientale et la moins peuplée d’Autriche. Cette région est principalement constituée de basses terres: au Nord s’étendent des plaines allant vers Wien et le lac de Neusiedl (le plus grand du pays), tandis que le Sud présente plus de collines, une proportion relativement élevée de zones de forêts, et une densité de population moindre. L’agriculture — y compris les cultures permanentes (vignes et vergers), les fruits et les tournesols — et le tourisme sont importants dans la région de Burgenland.

Une autre région d’Autriche faisait partie des régions présentant la plus grande diversité, à savoir celle d’Oberösterreich (6e place du classement). Elle est située dans le nord du pays et est frontalière de l’Allemagne et de la République tchèque. Cette région présente également de nombreux paysages différents, allant de la forêt de Bohème aux prairies et aux zones d’agriculture intensive, relativement plates, dans les environs de Linz — la troisième plus grande ville d’Autriche, qui est également un centre industriel — avant de remonter à travers des piémonts boisées vers les sommets alpins.

... tout comme huit autres régions, situées dans le sud de l’Italie et le nord de l’Espagne ainsi qu’en France, en Belgique, aux Pays-Bas et en Finlande

Les huit dernières régions affichant un indice de régularité de Shannon supérieur ou égal à 0,80 comprenaient deux régions du sud de l’Italie (la région insulaire de Sicilia et la région d’Abruzzo, partagée entre les montagnes et les basses terres le long du littoral adriatique), deux régions présentant des paysages variés dans le nord de l’Espagne (Galicia et La Rioja), ainsi que les régions principalement constituées de basses terres de Bretagne (France), de Prov. Oost-Vlaanderen (Belgique), de Limburg (Pays-Bas) et de l’île d’Åland (Finlande). Ces quatre dernières régions ne présentent pas d’importants changements de paysage, mais plutôt des étendues relativement monotones de terrain plat. Leur indice de régularité de Shannon élevé peut s’expliquer, du moins en partie, par une utilisation des sols plus variée, par exemple de relativement petites parcelles de terre, donnant lieu à une fragmentation ou une à succession de différents types d’occupation des sols.

Une faible diversité paysagère a été enregistrée dans de nombreuses régions du Royaume-Uni

À l’autre extrémité de l’échelle, 64 régions NUTS 2 enregistraient un indice de régularité de Shannon inférieur à 0,65 en 2012 (zones les plus claires sur la carte 1). Plus d’un tiers de ces régions étaient situées au Royaume-Uni (ce qui peut s’expliquer en partie par la taille relativement petite de certaines régions NUTS 2 dans cet État membre), sept se trouvaient en Allemagne, cinq en France et en Hongrie et quatre en Bulgarie, en Pologne et en Roumanie; les autres régions étaient réparties entre la Slovaquie (trois régions), l’Irlande et les Pays-Bas (deux régions), la Belgique, la République tchèque, l’Italie et l’Autriche (une région).

Le niveau relativement faible de diversité paysagère dans de nombreuses régions du Royaume-Uni peut, du moins en partie, être lié aux zones urbanisées à forte densité de population ainsi qu’à la tendance à y trouver de grandes étendues de terres cultivées (dans l’est du pays) ou des zones d’herbages ou de brousse (dans l’ouest et le nord du pays). Au total, 23 des 37 régions du Royaume-Uni enregistraient un indice de régularité de Shannon inférieur à 0,65.

Une partie importante de la campagne irlandaise est également constituée d’herbages, ce qui pourrait expliquer pourquoi les deux régions NUTS 2 de ce pays ont également enregistré des indices inférieurs à 0,65. En effet, les herbages représentaient 67,1 % de la surface totale de l’Irlande en 2012 et 40,1 % de celle du Royaume-Uni; il s’agit des deux taux les plus élevées parmi tous les États membres de l’Union, bien au-dessus de la moyenne de l’UE-27, qui s’élève à 19,5 %.

Certaines régions de l’est de l’Europe possédaient également des paysages relativement homogènes...

Cinq des sept régions de Hongrie ont fait état d’un indice de régularité de Shannon inférieur à 0,65. Celles-ci se caractérisaient souvent par une proportion relativement élevée de terres cultivées (par exemple, dans la grande plaine européenne), celles-ci représentant 46,9 & de la surface totale de la Hongrie en 2012, soit près du double de la moyenne de l’UE-27, qui était de 24,7 %. En Bulgarie, quatre des six régions NUTS 2 affichaient des indices inférieurs à 0,65. Ces régions pouvaient également être qualifiées de basses plaines, et leurs indices de régularité sont à l’opposé de ceux des régions de Yugozapaden et Yuzhen tsentralen, dans le sud-ouest du pays, où la diversité paysagère était supérieure à la moyenne de l’UE-27 et où la topographie était bien plus variée.

... tout comme beaucoup de régions abritant une capitale et de régions urbaines densément peuplées

Graphique 1: Diversité paysagère exprimée par l’indice de régularité de Shannon, par région de niveau NUTS 2, 2012
(indice, fourchette de valeurs = 0–1; avec une valeur de zéro représentant un paysage sans diversité (un seul type de couverture terrestre) et une valeur d'un représentant de la diversité maximale (en d'autres termes, tous les types de couverture terrestre en quantités égales)) - Source: Eurostat, LUCAS 2012

Comme on pouvait sans doute s’y attendre, de nombreuses régions abritant une capitale présentaient un niveau de diversité paysagère relativement faible. Cette tendance était particulièrement visible dans la région d’Inner London, qui a enregistré l’indice de régularité de Shannon le plus faible (0,39 en 2012) de toutes les régions NUTS 2 pour lesquelles des données sont disponibles. L’indice suivant dans le classement des indices les plus faibles a été enregistré dans la région voisine d’Outer London, tandis que six autres régions du Royaume-Uni — North Yorkshire, Northern Ireland, East Wales, West Midlands, East Yorkshire and Northern Lincolnshire et Lancashire — ont enregistré des indices plus faibles que toute autre région de l’UE-27.

Outre Londres, les autres régions abritant une capitale qui ont enregistré une diversité paysagère inférieure à 0,65 étaient les suivantes: Région de Bruxelles-Capitale / Brussels Hoofdstedelijk Gewest en Belgique (0,55), Southern and Eastern en Irlande (0,57), Attiki en Grèce (0,58), Wien en Autriche (0,59), Bucureşti-Ilfov en Roumanie (0,60), Berlin en Allemagne (0,60), Praha en République tchèque (0,61), Bratislavský kraj en Slovaquie (0,61) et l’Île de France (0,64).

Le graphique 1 propose une autre analyse de ces chiffres relatifs à la diversité paysagère des régions NUTS 2: il montre en effet la variation entre les régions au sein d’un même État membre. La tendance générale à une relativement faible diversité paysagère des régions abritant une capitale apparaît clairement, bien que cette règle comporte quelques exceptions. Par exemple, les régions abritant les capitales de Bulgarie, de Hongrie et de Finlande ont toutes enregistré des taux de diversité paysagère supérieurs à la moyenne nationale. En effet, les indices de régularité de Shannon des régions de Yugozapaden et Közép-Magyarország étaient les plus élevés de toutes les régions NUTS 2 de Bulgarie et de Hongrie.

La diversité paysagère présentait des variations relativement importantes entre les différentes régions de Belgique, d’Allemagne, de Grèce, de France, d’Italie, d’Autriche, de Pologne et du Royaume-Uni. Dans le cas de la Belgique, de la Grèce, de l’Autriche et du Royaume-Uni, la fourchette de valeurs de l’indice était amplifiée par le faible niveau de diversité paysagère enregistré dans la région de la capitale. Les différences considérables en matière de diversité paysagère d’une région italienne à l’autre étaient, au moins en partie, dues à un faible niveau de diversité dans la région de Liguria — une région montagneuse densément peuplée située dans le nord-ouest du pays, qui borde la côte méditerranéenne de la France à la Toscane, et dans laquelle se trouve la ville de Genova.

Étude de cas sur l’utilisation de LUCAS — surveillance des sols dans l’ensemble de l’Union

La suite du présent article fournit des informations contextuelles concernant les utilisations possibles de l’ensemble de données de LUCAS. Il se concentre sur un domaine spécifique, celui des sols. Une liste plus détaillée des domaines dans lesquels les données LUCAS sont actuellement utilisées pour analyser divers domaines d’action de l’Union et contribuer à leur développement est fournie dans la section «contexte».

La formation du sol étant un processus extrêmement lent, le sol est parfois considéré comme une ressource non renouvelable. Une réponse à la demande de données et d’informations pouvant servir à évaluer l’état des sols européens a notamment été apportée par le sixième programme d’action communautaire pour l’environnement, qui présente la stratégie thématique de l’Union en faveur de la protection des sols (voir l’encadré) et prévoit l’utilisation durable des sols pour préserver ses fonctions et des plans de restauration des sols dégradés ou pollués. Ces principes ont été confirmés dans le septième programme d’action de l’Union pour l’environnement, qui réaffirme l’engagement de l’Union envers la réduction de l’érosion des sols, l’augmentation de la teneur en matières organiques des sols, la limitation des effets des pressions anthropiques sur les sols, la gestion durable des terres et le traitement des sols contaminés.

RYB info.png
La stratégie thématique de l’Union en faveur de la protection des sols


En 2006, la communication de la Commission européenne intitulée «Stratégie thématique en faveur de la protection des sols» [COM(2006) 231] définissait des plans visant à garantir que l’Union s’engage à appliquer un niveau élevé de protection des sols, dans le but de protéger les fonctions des sols et de prévenir la poursuite de leur dégradation. Dans ce contexte, les États membres de l’Union décident de la meilleure manière de protéger le développement durable de leurs propres sols, tandis que la Commission européenne a fourni une analyse des incidences économiques, sociales et environnementales de différentes mesures.

En février 2012, la Commission européenne a publié un rapport sur la mise en œuvre de cette stratégie [COM(2012) 46]. Ce rapport présente une vue d’ensemble des mesures prises dans le cadre de la stratégie thématique de l’Union en faveur de la protection des sols en ce qui concerne la sensibilisation, la recherche, l’intégration et la législation. Il indique que cette stratégie a contribué à mieux faire connaître les questions liées aux sols, par exemple en les intégrant à d’autres politiques. Il expose également l’évolution de la dégradation des sols tant en Europe que dans le monde, ainsi que les futurs défis à relever pour garantir leur protection.

Pour en savoir plus: Centre commun de recherche, The state of soil in Europe (en anglais)

La dégradation des sols en Europe

Dans le domaine agricole, les pratiques de gestion des terres telles que l’agriculture biologique et l’agriculture intégrée peuvent conserver et augmenter la teneur en matières organiques des sols. Les sols de l’Union ont cependant tendance à continuer de se dégrader malgré les mesures visant à favoriser leur protection. Les processus de dégradation des sols peuvent être exacerbés par l’activité humaine, par exemple les pratiques agricoles et sylvicoles, les activités industrielles, le tourisme, l’expansion urbaine et industrielle, ou les chantiers. Par conséquent, la dégradation des sols peut avoir des incidences directes sur la qualité de l’eau et de l’air, la biodiversité et le changement climatique; elle présente dès lors un intérêt pour de nombreux décideurs.

Les principaux facteurs provoquant une dégradation des sols au sein de l’Union sont, entre autres, l’érosion des sols (due à l’eau ou au vent) et la baisse de la teneur en matières organiques des sols. En effet, près de la moitié des sols de l’Union sont considérés comme présentant une faible teneur en matières organiques; c’est particulièrement visible dans les États membres méridionaux. Les autres formes de dégradation des sols comprennent la salinisation (accumulation de sels solubles dans les sols), les inondations, les glissements de terrain et la contamination par les activités industrielles (utilisation et présence de substances dangereuses dans les processus de production). Les sols remplissant toutes leurs fonctions réduisent les risques d’inondation et protègent les nappes phréatiques en neutralisant ou en filtrant les éventuelles substances polluantes.

Une autre forme de dégradation des sols est l’imperméabilisation, c’est-à-dire le remplacement du sol par un matériau imperméable, par exemple lors de l’aménagement de terres en vue de la construction d’habitations ou de routes ou d’autres travaux. Dans une feuille de route pour une Europe efficace dans l’utilisation des ressources [COM(2011) 571] — une des initiatives phare de la stratégie Europe 2020 —, la Commission a demandé que, d’ici 2020, «les politiques de l’UE [tiennent] compte de leur incidence directe et indirecte sur l’utilisation des sols dans l’UE et ailleurs dans le monde», de manière à ce que le taux de land take (en anglais) (terres occupées à des fins de développement urbain et d’autres formes de développement artificiel) soit maintenu sur la voie pour atteindre l’objectif consistant à supprimer d’ici à 2050 toute augmentation nette de la surface de terres occupée.

Base de données LUCAS sur les sols

En 2009, la Commission européenne a élargi l’exercice LUCAS de manière à y inclure un module supplémentaire concernant les sols. Cette enquête représentait la première tentative de créer une base de données européenne relative à la terre végétale, qui pourrait servir de base à une surveillance de l’état des sols dans toute l’Union.

Au total, près de 20 000 échantillons de terre végétale ont été prélevés sur environ 10 % des points de données de l’enquête LUCAS de 2009 dans 23 États membres de l’Union (la Bulgarie, la Croatie, Chypre, Malte et la Roumanie étaient initialement exclues). Par la suite, Chypre et Malte ont fourni des échantillons de terre bien que l’enquête LUCAS n’ait pas été réalisée sur leur territoire en 2009, tandis que 664 et 1 427 échantillons de terre végétale ont été prélevés respectivement en Bulgarie et en Roumanie en 2012.

Chaque échantillon représentait environ 0,5 kg de terre végétale (de 0 à 20 cm de profondeur). Tous les échantillons ont été enregistrés et ont fait l’objet d’un contrôle visuel. Les sols minéraux ont été séchés à l’air puis reconditionnés avant d’être envoyés dans un laboratoire central en vue d’analyses physiques et chimiques dans le but de mesurer, entre autres: la taille des particules (teneur en argile, en limon et en sable), le pH (acidité et alcalinité) et la teneur en carbone organique, en carbonates, en phosphore, en azote et en potassium extractible.

Données LUCAS — application pour le suivi de la stratégie thématique en faveur de la protection des sols

L’enquête LUCAS s’appuie sur une méthodologie uniforme, a été conçue de manière suffisamment flexible pour permettre aux services de la Commission européenne de sélectionner des modules d’enquête spécifiques (par exemple, l’enquête sur les sols réalisée en 2009) et peut fournir des données sur l’état des sols en deux ou trois ans.

Les données LUCAS ont été utilisées pour effectuer une analyse initiale de l’occupation de terres, de l’imperméabilisation des sols et, plus généralement, de l’occupation et de l’utilisation des sols, tandis que des informations plus spécifiques issues du module concernant les sols ont été utilisées pour contrôler les propriétés chimiques et physiques des sols à travers l’Union. Ces dernières données ont permis la réalisation de toute une série d’évaluations stratégiques, par exemple une meilleure évaluation des stocks de carbone dans les sols européens, cette donnée étant considérée comme importante dans le contexte de la politique de changement climatique ainsi que pour la production alimentaire (en effet, les matières organiques assurent la fertilité du sol).

S’il est vrai que la stratégie thématique en faveur de la protection des sols [COM(2006) 231] a contribué à mieux faire connaître ces problèmes, il n’existe toujours pas de mécanisme systématique de suivi et de protection de la qualité des sols à travers l’Europe. Dans son rapport de suivi concernant la mise en œuvre de cette stratégie [COM(2012) 46] publié en 2012, la Commission européenne a fait observer que les résultats issus de LUCAS pourraient constituer un point de départ pour un système de surveillance harmonisée. Au moment de la rédaction du présent article, la Commission européenne est en train de rédiger une communication soulignant l’importance d’une bonne gestion des sols et visant à faire mieux connaître la valeur des sols en tant que ressource. Cette communication devrait être adoptée en 2015.

Données LUCAS — application pour le suivi des indicateurs agroenvironnementaux

La politique agricole commune après 2013 inclut des engagements relatifs à l’intégration d’une série de questions environnementales. Par exemple, dans une communication intitulée «Élaboration d’indicateurs agroenvironnementaux destinés au suivi de l’intégration des préoccupations environnementales dans la politique agricole commune» [COM(2006) 508], la Commission européenne a proposé un ensemble de 28 indicateurs agroenvironnementaux, y compris des indicateurs concernant la qualité et l’érosion des sols.

Qualité des sols

Le module de LUCAS concernant les sols comprend l’évaluation de la teneur des sols en carbone organique (provenant de résidus de matières végétales et animales décomposées sous l’influence de la température, de l’humidité et de l’état des sols). Cet indicateur est celui de la concentration en carbone organique des sols. Une teneur élevée en carbone organique pourrait être associée à un bon état du sol d’un point de vue agroenvironnemental. Elle est par ailleurs susceptible de favoriser une érosion limitée des sols, une grande capacité de filtration, un habitat riche pour les organismes du sol, ainsi que d’offrir un puits pour le dioxyde de carbone présent dans l’atmosphère. La perte annuelle de matières organiques peut fortement varier d’un sol à l’autre et dépend de facteurs naturels (par exemple le climat, le matériau du sol, le drainage, l’occupation des sols et la topographie) et humains (par exemple le type de plantes ou de cultures, l’utilisation des sols et les pratiques de gestion des terres).

À l’heure actuelle, les données LUCAS ne sont disponibles que pour l’année 2009. Ces informations constituent un point de référence utile à l’aune duquel mesurer les effets de la PAC après 2013, notamment en ce qui concerne la gestion durable des ressources naturelles et l’action pour le climat. Si le module de LUCAS concernant les sols est de nouveau mis en œuvre plus tard, il sera possible d’évaluer la perte de carbone organique, qui est un indicateur essentiel pour mesurer la vitesse de dégradation des sols.

Érosion des sols

La vulnérabilité des sols à l’érosion dépend de toute une série de conditions environnementales et d’activités humaines. En éliminant la terre végétale, qui est la plus fertile, l’érosion réduit la productivité du sol et, lorsque celui-ci est peu profond, peut provoquer la perte irrémédiable de terres agricoles. Une grave érosion provoque souvent l’apparition de canaux ou de rigoles temporaires ou permanents, qui peuvent fragmenter les terres agricoles.

L’érosion des sols désigne la surface exposée à un risque d’érosion (en hectares et en pourcentage de la surface totale). Les données LUCAS ont été utilisées dans le cadre d’un exercice de modélisation (RUSLE) mené par le JRC (Centre commun de recherche — site en anglais) de la Commission européenne, qui portait sur l’évaluation des taux d’érosion des sols. Le travail réalisé par le JRC suggère que les types de données suivants seront nécessaires à l’avenir pour produire des indicateurs fiables de l’érosion des sols:

  • données sur les sols — texture, teneur en carbone organique, structure, perméabilité;
  • données sur le climat — précipitations et température;
  • occupation des sols;
  • topographie;
  • gestion — activité humaine et agricole.

Sources et disponibilité des données

Comment l’enquête LUCAS est-elle réalisée?

LUCAS est une enquête harmonisée in situ portant sur l’occupation et l’utilisation des sols, c’est-à-dire que les données sont collectées au moyen d’observations directes réalisées par les arpenteurs sur le terrain. Le recours à une enquête aréolaire réduit la charge statistique imposée aux agriculteurs et autres propriétaires fonciers, puisqu’ils ne doivent pas répondre à un questionnaire.

La dernière enquête LUCAS sur le terrain a eu lieu entre mars et septembre 2012 dans les États membres de l’UE-27 (aucune information n’a été collectée sur la Croatie, l’enquête ayant été réalisée avant son adhésion à l’Union).

RYB info.png
Comment l’enquête LUCAS est-elle réalisée?


Afin de mener à bien l’enquête LUCAS, le territoire de l’Union a été divisé suivant une grille de 2 km² par 2 km², totalisant environ 1,1 million de points d’intersection. Parmi ceux-ci, un échantillon de 270 000 points a été sélectionné sur la base d‘informations relatives à la stratification — chacun de ces points a été contrôlé par l’un des 750 arpenteurs participant à l’enquête (principalement des ingénieurs agraires ou forestiers).

LUCAS — schéma de l’exercice de collecte de données


À chaque point de relevé, l’arpenteur observe l’occupation des sols, observe l’utilisation des sols, note les autres paramètres environnementaux du terrain (par exemple: irrigation, pâturages, zones brûlées, coupe-feux), prend une série de photos (du point de référence lui-même et vers le Nord, le Sud, l’Est et l’Ouest) et parcourt 250 mètres vers l’Est (un «transect») en inscrivant tous les types d’occupation des sols ainsi que les éléments linéaires, tels que murs, haies, routes, voies ferrées, canaux d’irrigation ou lignes électriques. Ces informations, collectées pour chaque transect, peuvent être utilisées pour analyser la fragmentation, la richesse et la diversité des paysages (par exemple, l’indice de régularité de Shannon).

Informations sur un transect collectées dans le cadre de LUCAS — le transect parcouru par l’arpenteur — PNOA ©INSTITUTO GEOGRÁFICO NACIONAL DE ESPAÑA — Xunta de Galicia


Quels types d’informations sont-ils disponibles?

L’enquête LUCAS peut fournir aux utilisateurs deux principaux types d’informations: des données statistiques agrégées et des données élémentaires (pour chaque point de relevé). Les résultats agrégés indiquent l’occupation et l’utilisation des sols pour l’UE-27 ainsi que les moyennes nationales des États membres de l’Union. Ils peuvent également être présentés de manière plus détaillée, par exemple pour plus de 250 régions NUTS 2. Ces statistiques peuvent être complétées par des indices relatifs à la composition du paysage ou à sa richesse, sa structure, ses divisions ou sa diversité; ces indices peuvent être agrégés au niveau national ou régional à partir des informations collectées aux différents points de relevé.

RYB info.png
Accès aux données LUCAS — Atlas statistique d’Eurostat


Cette application est un outil interactif permettant aux utilisateurs de visualiser les couches de données statistiques combinées à des informations géographiques. L’atlas statistique peut être utilisé pour consulter des cartes présentant des données LUCAS et donne aux utilisateurs la possibilité de voir toutes les informations collectées à chacun des points de relevé, y compris les coordonnées de l’endroit, la classification de l’occupation et de l’utilisation des sols, et les photos prises par l’arpenteur.

LUCAS online viewer (en anglais) (sélectionnez les données LUCAS dans le menu déroulant en haut à droite de l’écran)


Exemples de photos prises à un point de relevé précis. Au centre: le point de relevé LUCAS; les autres images ont été prises depuis ce point vers le Nord, le Sud, l’Est et l’Ouest.

Les données élémentaires sont des microdonnées collectées in situ pour chacun des points de relevé. Elles constituent une riche source d’informations pour réaliser des analyses ultérieures plus approfondies. Les données sont présentées sous la forme de tableaux dans des fichiers par pays.

Depuis la période de référence 2006, Eurostat a également mis à disposition une archive des photos prises dans le cadre de l’enquête LUCAS. Les photos peuvent être demandées à l’aide d’un formulaire de commande en ligne.

Contexte

La plupart des modifications du paysage ne sont pas visibles au quotidien, et les éléments naturels qui constituent les paysages (par exemple les vallées, les plateaux et les plaines) sont généralement le résultat de processus géographiques qui se sont déroulés sur une très longue période. En parallèle de ces processus naturels, l’intervention humaine laisse une empreinte de plus en plus importante sur les environnements dans lesquels les personnes vivent et travaillent. En effet, les sols sont devenus une ressource naturelle et économique utilisée à plusieurs fins: l’agriculture et la sylviculture; l’exploitation minière, la fabrication et la construction; la distribution commerciale, les transports et d’autres services; et l’habitation et les loisirs.

Le démarrage de la révolution industrielle a marqué le début d’une longue période au cours de laquelle des zones boisées de toute l’Europe ont été détruites (déforestation). Cette tendance a cependant été inversée au cours des vingt dernières années, notamment en raison des engagements pris par l’Union et ses États membres en matière de lutte contre le changement climatique, qui font que l’Union est actuellement l’une des rares régions du monde où la surface forestière augmente.

Historiquement, plusieurs évolutions ont entraîné des conséquences sur les écosystèmes locaux et la biodiversité au sein de l’Union. Il s’agit notamment du déclin de la part de l’agriculture dans l’utilisation des sols, de l’augmentation de l’érosion et de la dégradation des sols, d’une augmentation de l’expansion (sub)urbaine due à la croissance démographique et économique, et du développement incessant des infrastructures (nouvelles routes, voies ferrées et autres manifestations du développement économique). La combinaison de ces facteurs a souvent donné lieu à une fragmentation accrue des habitats, susceptible d’avoir des incidences sur la biodiversité.

Les statistiques de l’enquête LUCAS peuvent être utilisées pour analyser divers domaines d’action de l’Union et contribuer à leur développement, par exemple: la protection des sols, présentée en détail dans la soil thematic strategy (en anglais); l’intégration de questions environnementales dans la politique agricole commune (PAC) après 2013; la promotion de la biodiversité et de la protection de l’environnement, au moyen de la EU biodiversity strategy (en anglais); la promotion de l’efficacité dans l’utilisation des ressources pour une croissance durable, comme dans le cadre de l’initiative resource-efficient Europe (en anglais); la lutte contre le changement climatique, grâce au suivi effectué par l'Agence européenne pour l’environnement et à des mesures prises dans le cadre du European climate change programme (en anglais); ou le suivi de l’état des sols, l’aménagement du territoire et la gestion des ressources, réalisés par le Copernicus earth observation programme (en anglais).

Voir aussi

Informations supplémentaires Eurostat

Visualisation des données

Publications

Base de données

Occupation des sols (lan_lcv)

Section dédiée

Méthodologie / Métadonnées

Source des données pour les tableaux, graphiques et cartes (MS Excel)

Autres informations

Liens externes