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Archive: Statistiques sur les zones rurales dans l’Union européenne

Données extraites en février 2017. Données plus récentes: Informations supplémentaires Eurostat, Principaux tableaux et Base de données. Mise à jour prévue de l’article: novembre 2018.

Les cartes peuvent être explorées de manière interactive dans le Eurostat’s Statistical Atlas (en anglais) (voir le user manual) (en anglais).

Graphique 1: Répartition de la population, par degré d’urbanisation, 2015
(en %)
Source: Eurostat (ilc_lvho01) et (demo_gind)
Graphique 2: Nombre de personnes exposées au risque de pauvreté ou d’exclusion sociale par type de risques, UE-28, 2015
(en millions)
Source: Eurostat (ilc_pees01)
Graphique 3: Part de la population exposée au risque de pauvreté ou d’exclusion sociale, par degré d’urbanisation, 2015
(en %)
Source: Eurostat (ilc_peps13)
Graphique 4: Part de la population des zones rurales exposée au risque de pauvreté ou d’exclusion sociale, par type de risques, 2015
(en %)
Source: Eurostat (ilc_peps13), (ilc_li43), (ilc_mddd23) et (ilc_lvhl23)
Graphique 5: Répartition de la population, par type de logement et par degré d’urbanisation, UE-28, 2015
(en % de la population totale)
Source: Eurostat (ilc_lvho01)
Graphique 6: Taux de surcharge des coûts du logement, par degré d’urbanisation, 2015
(en %)
Source: Eurostat (ilc_lvho07d)
Graphique 7: Part de la population âgée de 16 ans et plus ayant exprimé un besoin insatisfait en matière de soins de santé au cours des douze mois précédents en raison du prix, de la distance ou de la longueur des listes d’attente, par degré d’urbanisation, 2015
(en %)
Source: Eurostat (hlth_silc_21)
Graphique 8: Part de la population âgée de 30 à 34 ans diplômée de l’enseignement supérieur (niveaux 5 à 8 de la CITE), par degré d’urbanisation, 2015
(en %)
Source: Eurostat (edat_lfs_9913)
Graphique 9: Part de jeunes âgés de 18 à 24 ans ne travaillant pas, ne suivant pas d’études ni de formation (NEET), par degré d’urbanisation, 2015
(en %)
Source: Eurostat (edat_lfse_29)
Graphique 10: Taux d’emploi parmi les personnes âgées de 20 à 64 ans, par degré d’urbanisation, 2015
(en %)
Source: Eurostat (lfst_r_ergau)
Graphique 11: Taux de chômage parmi les personnes âgées de 15 à 74 ans, par degré d’urbanisation, 2015
(en %)
Source: Eurostat (lfst_r_urgau)
Graphique 12: Personnes ayant accès à l’internet quotidiennement, par degré d’urbanisation, 2016
(en % de tous les individus)
Source: Eurostat (isoc_ci_ifp_fu)

Le présent article fait partie de la publication annuelle phare d’Eurostat: l’Annuaire régional d’Eurostat. Il analyse les différences entre les personnes vivant dans les zones rurales et celles vivant dans les zones urbaines, par degré d’urbanisation, sous l’angle des thèmes suivants: pauvreté et exclusion sociale, logement, santé, éducation, marché du travail et fracture numérique.

Au chapitre précédent de cette publication en ligne, il était question de la part croissante de la population de l’Union européenne vivant et travaillant dans les villes et leurs alentours et des problématiques que ces évolutions soulèvent pour le développement durable. Cela étant, plusieurs avantages réels et perçus sont susceptibles d’attirer la population dans les zones rurales (ou du moins dans certaines d’entre elles): les coûts de la vie et du logement, inférieurs; l’espace, plus grand; le tissu social, de meilleure qualité; la pollution, réduite; la proximité avec la nature, plus grande; et le mode de vie, moins stressant. À ces avantages s’oppose une série d’inconvénients (éventuels), par exemple les perspectives/choix réduits en ce qui concerne l’enseignement ou l’emploi au niveau local, l’accès difficile aux services publics ou aux transports, la pénurie d’infrastructures culturelles/sociales destinées aux loisirs.

Principaux résultats statistiques

  • La Lituanie était le seul État membre de l’Union européenne dont la majorité de la population (56,2 %) vivait en zone rurale en 2015 (voir graphique 1); au Luxembourg, en Slovénie, en Lettonie et en Hongrie, une proportion relativement importante de la population vivait également en zone rurale.
  • Au moins la moitié de la population rurale en Bulgarie, en Roumanie et à Malte était exposée au risque de pauvreté ou d’exclusion sociale en 2015; dans la plupart des États qui sont devenus membres de l’Union européenne en 2004 ou après, les populations rurales étaient plus exposées au risque de pauvreté ou d’exclusion sociale que les populations des grandes villes ou des villes et banlieues.
  • En 2015, près d’un quart (22,8 %) de la population de l’UE-28 vivait dans des maisons situées en zone rurale; en comparaison, une proportion à peine plus élevée (24,7 %) de la population de l’UE-28 vivait dans des appartements dans une grande ville.
  • Dans la tranche d’âge 30-34 ans, un peu plus d’un quart (27,9 %) de la population de l’UE-28 vivant en zone rurale était diplômée de l’enseignement supérieur en 2015; cette proportion atteignait un tiers (33,4 %) dans les villes et banlieues, et presque la moitié (48,1 %) dans les grandes villes.
  • Le taux de chômage dans les zones rurales de l’UE-28 était de 9,1 % en 2015, à peine inférieur au taux enregistré dans les villes (10,0 %); en Autriche, en Allemagne et au Royaume-Uni, les zones rurales se caractérisaient par des taux de chômage très faibles (moins de 4 %).

Répartition de la population par degré d’urbanisation

CH-14 living-in-rural-areas RYB17.png
En 2015, un peu plus d’un quart (28,0 %) de la population de l’UE-28 vivait en zone rurale; une proportion à peine supérieure de la population vivait dans les villes et banlieues (31,6 %), tandis que la plus grosse proportion était enregistrée dans les grandes villes (40,4 % de la population de l’UE-28). Entre 2010 et 2015, le nombre de personnes vivant en zone rurale s’est progressivement accru dans l’UE-28, la part relative de ces personnes dans la population totale augmentant de 1,7 point de pourcentage; la part de la population vivant dans les villes et banlieues a progressé de manière encore plus nette (4,7 points de pourcentage), tandis que la part de la population vivant dans les grandes villes a diminué relativement vite. On observe là une tendance des Européens — en quête de plus d’espace (à des prix plus abordables) — à quitter les zones du centre des grandes villes pour les banlieues, les villes moins peuplées ou la campagne.

La Lituanie était le seul État membre de l’Union où la majorité de la population vivait en zone rurale

Les États membres se distinguent grandement les uns des autres par la taille relative de leurs populations rurales: la Lituanie était le seul pays dans lequel une majorité (56,2 %) de la population vivait en zone rurale (voir graphique 1), à l’instar de 45 à 49 % des populations du Danemark, de la Croatie, de la Lettonie, de la Hongrie, de la Slovénie et du Luxembourg. En revanche, une proportion relativement faible de la population totale vivait en zone rurale dans plusieurs des États membres les plus peuplés de l’Union européenne, notamment l’Allemagne (22,4 %), l’Italie (18,9 %), la Belgique (18,0 %), le Royaume-Uni (14,9 %) et les Pays-Bas (14,7 %). À Malte, une part encore plus réduite (0,3 %) de la population vivait en zone rurale, la majorité des habitants se concentrant dans la zone métropolitaine de la capitale, Valletta, ou dans sa banlieue: en effet, près de neuf habitants sur dix vivaient dans une grande ville. Le Royaume-Uni et l’Espagne étaient les seuls autres États membres dans lesquels la population vivait majoritairement en ville. Il est utile de tenir compte de cette répartition par degré d’urbanisation pour analyser la suite des résultats présentés dans cet article; il convient, surtout, d’accorder peu d’importance aux résultats enregistrés par les zones rurales à Malte, puisque celles-ci ne représentent que 0,3 % de la population maltaise.

L’introduction à l’annuaire régional donne une idée plus détaillée de la répartition de la population par degré d’urbanisation (voir carte 1) et fournit des informations pour les unités administratives locales de niveau 2 (UAL2). Ces données confirment la tendance déjà observée, dans la mesure où la plupart des régions territoriales de l’est de l’Union et des États membres baltes se caractérisaient par une population rurale relativement importante, alors que la densité de la population était plus marquée en Belgique, aux Pays-Bas, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie (Allemagne), à Malte, au Portugal et en Italie (littoral), ainsi que dans le sud de l’Espagne, et au centre et dans le sud du Royaume-Uni.

Risque de pauvreté et d’exclusion sociale

Le nombre de personnes exposées au risque de pauvreté ou d’exclusion sociale compte parmi les cinq grands objectifs de la stratégie Europe 2020 qui vise à faire de l’Union européenne une économie intelligente, durable et inclusive, entre autres en réduisant d’au moins 20 millions le nombre de personnes menacées par la pauvreté et l’exclusion sociale. Le même indicateur est également utilisé dans le cadre des objectifs de développement durable (ODD) et constitue de surcroît l’un des quatorze indicateurs clés utilisés dans le tableau d’Eurostat pour mesurer les progrès accomplis dans le cadre du socle européen des droits sociaux pour une Union européenne plus inclusive et plus équitable.

Les personnes qui sont exposées au risque de pauvreté ou d’exclusion sociale appartiennent au moins à l’une des trois catégories suivantes: personnes exposées au risque de pauvreté (monétaire); personnes dans une situation de privation matérielle aiguë; personnes vivant dans un ménage à très faible niveau d’intensité de travail. Le graphique 2 donne une vue d’ensemble du nombre de personnes exposées au risque de pauvreté ou d’exclusion sociale dans l’UE-28. En 2015, 118,8 millions d’Européens étaient exposés au moins à l’un de ces trois types de risque et 9,2 millions aux trois risques cumulés.

Le risque de pauvreté (monétaire) était le plus courant au sein de la population de l’UE-28 et concernait, en tout, 86,6 millions d’habitants — isolément ou associé à l’un des deux autres risques, voire aux deux. Dans ce contexte, le taux de risque de pauvreté se définit comme un concept relatif, inspiré de la part de la population vivant sous le seuil de pauvreté (lui-même fixé à 60 % du revenu disponible équivalent médian national après transferts sociaux; cette mesure tient compte de l’âge de chaque membre du ménage). Chaque État membre de l’Union fixe de manière indépendante son seuil de pauvreté; il importe de noter que le risque de pauvreté reflète la répartition des richesses, que les revenus soient ou non partagés équitablement/uniformément au sein de la société et indépendamment du niveau de revenu moyen.

Près d’un quart (23,7 %) de la population de l’Union était menacé de pauvreté ou d’exclusion sociale

Une part supérieure de la population de l’UE-28 vivant en zone rurale (par opposition aux zones urbaines) était exposée au risque de pauvreté ou d’exclusion sociale. En 2015, un peu plus d’un quart (25,5 %) de la population rurale était exposée au risque de pauvreté ou d’exclusion sociale, une part supérieure à celle enregistrée dans les grandes villes (24,0 %) et, surtout, dans les villes et banlieues (22,1 %), des chiffres qui expliquent peut-être en partie du moins les déplacements vers les villes et banlieues.

Le risque de pauvreté ou d’exclusion sociale était plus présent dans les zones rurales de plusieurs États de l’est et du sud de l’Union

Un examen attentif révèle que dans une petite majorité (15) des États membres de l’Union, ce sont les zones rurales qui enregistraient la plus grande proportion de personnes exposées au risque de pauvreté ou d’exclusion sociale (voir graphique 3). Citons notamment la Bulgarie, la Roumanie et Malte, où la moitié au moins des populations rurales était exposée au risque de pauvreté ou d’exclusion sociale en 2015. Dans neuf autres États membres, la part de la population rurale exposée au risque de pauvreté ou d’exclusion sociale était supérieure à celle enregistrée pour la population urbaine, dans une fourchette comprise entre 30 et 40 %; six de ces États ont rejoint l’Union européenne en 2004 ou après (Lettonie, Croatie, Lituanie, Chypre, Hongrie et Pologne), les trois autres se concentrant dans le sud de l’Europe (Grèce, Espagne et Portugal).

En Roumanie (et à Malte), la population des zones rurales était au moins deux fois plus exposée au risque de pauvreté ou d’exclusion sociale que la population des villes, malgré des différences moins marquées en Croatie, en Pologne et en Bulgarie. En revanche, les populations rurales en Autriche, aux Pays-Bas, en Belgique, au Danemark, en Allemagne et au Royaume-Uni étaient beaucoup moins exposées au risque de pauvreté ou d’exclusion sociale que les populations urbaines (particulièrement dans les villes). Il est également intéressant de noter que la répartition était plutôt uniforme sur les territoires de la Finlande, de la Slovénie, de la République tchèque, de l’Italie, de l’Irlande (données de 2014) et de la Suède. Dans ces pays, la part de la population exposée au risque de pauvreté ou d’exclusion sociale par degré d’urbanisation était comprise dans une fourchette étroite.

L’analyse des informations par État membre a révélé un clivage géographique très net: d’un côté, plusieurs États de l’est et du sud de l’Union et plusieurs États membres baltes, où les populations rurales étaient généralement les plus exposées au risque de pauvreté ou d’exclusion sociale; de l’autre, la plupart des États de l’ouest et du nord de l’Union, où la population des villes était généralement la plus exposée au risque de pauvreté ou d’exclusion sociale. Effectivement, souvent, les villes situées dans l’est de l’Union connaissent depuis peu une croissance économique et voient diminuer le risque de pauvreté ou d’exclusion sociale. Dans l’ouest, en revanche, c’est un paradoxe urbain qui prime, puisque les villes enregistrent un niveau supérieur de création de richesse alors que, parallèlement, une part relativement importante de leurs populations est exposée au risque de pauvreté ou d’exclusion sociale. Un constat qui donne à penser que les villes de l’ouest de l’Europe sont touchées par un niveau relativement élevé d’inégalité de revenus.

Près d’un cinquième de la population rurale de l’Union était exposé au risque de pauvreté

Le graphique 4 analyse de plus près les informations liées au risque de pauvreté et d’exclusion sociale en s’arrêtant exclusivement sur les zones rurales. En 2015, près d’un habitant sur cinq (19,8 %) des zones rurales de l’UE-28 était exposé au risque de pauvreté (monétaire), tandis que 9,1 % de la population rurale de moins de 60 ans vivait dans un ménage à faible niveau d’intensité de travail et 8,3 % de la population rurale se trouvait dans une situation de privation matérielle aiguë.

Au sein des États membres, en 2015, le risque de pauvreté monétaire parmi la population rurale a atteint la moitié (50,0 %) des personnes, très peu nombreuses, vivant en zone rurale à Malte. À l’exception de ce cas particulier, une proportion relativement grande des populations rurales de Roumanie (40,4 %) et de Bulgarie (35,8 %) était également exposée au risque de pauvreté monétaire. À l’autre extrémité, le risque se réduisait sensiblement au sein de la population rurale tchèque (9,1 %) et relativement au sein des populations rurales aux Pays-Bas, en Autriche et au Danemark (entre 10 et 11 %).

Moins de 10 % de la population rurale de l’Union vivait dans un ménage à très faible niveau d’intensité de travail

L’intensité de travail correspond au rapport entre le nombre total de mois ouvrés par tous les membres du ménage en âge de travailler (18-59 ans) durant l’année prise comme référence pour le calcul du revenu et le nombre total de mois qui auraient pu, en théorie, être ouvrés par les membres du ménage au cours de cette même période. Une intensité de travail très faible correspond à un rapport inférieur à 0,2, autrement dit les ménages dont les adultes en âge de travailler ont exploité moins d’un cinquième de leur potentiel au cours de la période de référence.

Le nombre de personnes vivant dans des ménages à très faible niveau d’intensité de travail a atteint 23,0 % de la population rurale en Bulgarie et plus d’une personne sur cinq (21,2 %; données de 2014) vivant en zone rurale en Irlande était également exposée à ce risque. En revanche, moins de 5,0 % de la population rurale en République tchèque et en Suède vivait dans des ménages à très faible niveau d’intensité de travail. Ces chiffres peuvent refléter, entre autres, l’existence d’exploitations de petite taille pratiquant l’agriculture de subsistance, la situation sur le marché du travail, les systèmes de sécurité sociale et la composition des ménages — par exemple, les ménages composés d’un seul adulte (surtout avec des enfants à charge) seront plus vraisemblablement caractérisés par une intensité de travail très faible que les ménages composés de deux ou plusieurs adultes.

Un douzième de la population rurale de l’Union se trouvait dans une situation de privation matérielle aiguë

La privation matérielle aiguë permet de mesurer la pauvreté de manière absolue (par opposition à relative); elle désigne l’incapacité forcée à couvrir (plutôt que le choix de ne pas couvrir) au moins quatre des dépenses suivantes: des dépenses imprévues; une hypothèque, un loyer ou les factures d’électricité/d’eau/de gaz; une semaine de vacances par an; un repas avec viande ou poisson un jour sur deux; le chauffage adapté du logement; un lave-linge; une télévision couleur; un téléphone ou une voiture.

La répartition de la privation matérielle aiguë était inégale dans les zones rurales, car seuls dix États membres ont enregistré un pourcentage supérieur à la moyenne de l’UE-28. La privation était la plus courante dans les zones rurales du sud-est de l’Union: en Bulgarie, 42,6 % de la population se trouvait dans une situation de privation matérielle aiguë; en Roumanie, 29,0 %. La Hongrie et la Grèce étaient les seuls autres États membres dont plus d’un cinquième des populations rurales se trouvaient dans une situation de privation matérielle aiguë. Dans 12 États membres, en revanche, le taux de privation matérielle aiguë dans les zones rurales n’atteignait même pas la moitié de la moyenne de l’UE-28, tombant dans certains cas sous les 2,0 % (Finlande, Autriche, Luxembourg, Suède, Pays-Bas et Malte).

Logement

Depuis quelques années, une part croissante de la main-d’œuvre européenne travaille à domicile, l’introduction des nouvelles technologies ayant permis d’exercer certaines fonctions à distance assez facilement; cette évolution a élargi l’horizon de certaines personnes dans le choix de leur lieu de vie (et de travail).

Les prix relativement élevés de l’immobilier dans certains centres de grandes villes, mais aussi les progrès accomplis dans les infrastructures de transport et de communication, en ont poussé certains à envisager un déménagement dans les banlieues ou les zones rurales. Un tel déménagement appelle généralement quelques concessions: est-on prêt, par exemple, à accepter un long trajet/des encombrements pour se rendre au travail, en contrepartie d’un bien plus spacieux ou d’un quotidien dans une zone où le niveau de criminalité est réduit ou qui offre de nombreux espaces verts à proximité?

Plus de 80 % de la population rurale européenne vivait dans une maison

Sans surprise, l’espace disponible dans les zones rurales, relativement vaste (en comparaison avec les zones urbaines), apparaît clairement à l’analyse des types de logement par degré d’urbanisation. En 2015, près d’un quart (22,8 %) de la population de l’UE-28 vivait en zone rurale et dans des maisons, tandis que 4,9 % de la population vivait en zone rurale et dans des appartements; autrement dit, plus de quatre cinquièmes de la population rurale vivait dans des maisons.

Une majorité de personnes dans les villes et banlieues vivait également dans des maisons (19,0 % des habitants de l’UE-28); en revanche, dans les grandes villes, la part de la population qui vivait dans des maisons était inférieure (15,5 % de la population de l’UE-28) à celle vivant dans des appartements (24,7 %). Autrement dit, un peu plus de trois cinquièmes de la population urbaine vivait dans des appartements.

Cette répartition non seulement indique qu’il manque de place dans les grandes villes pour y construire des maisons, mais reflète également le besoin de propriété et la démographie, puisque les jeunes (qui vivent souvent seuls) sont attirés vers les grandes villes et leurs offres éducatives, professionnelles et culturelles, tandis que les familles (qui s’agrandissent) préfèrent généralement les banlieues, les villes et les zones rurales, où elles recherchent plus d’espace et d’autres avantages susceptibles d’influencer leur qualité de vie générale.

La proportion de personnes surchargées par les coûts du logement était moins grande dans les zones rurales de l’Union

Le logement représente souvent la plus grosse dépense dans le budget d’un ménage, qu’il s’agisse de rembourser un prêt hypothécaire ou de louer un bien. Le taux de surcharge des coûts du logement se définit comme la proportion de la population vivant dans un ménage dont les coûts du logement nets totaux dépassent 40 % du revenu disponible. Le prix d’une maison/d’un appartement peut grandement varier d’un État membre à l’autre, à l’intérieur d’un pays et même au niveau plus local/régional.

Les données présentées ci-dessous sur le coût du logement intègrent une série de facteurs, dont l’accessibilité économique, la répartition des revenus, ou l’offre et la demande de logement. En ville, par exemple, les habitants sont souvent disposés à payer plus pour moins d’espace, afin de vivre au centre ou dans un quartier prisé. On assiste alors à une gentrification (les familles à bas revenu s’en vont en raison de la hausse du prix de l’immobilier) dans certains centres-villes, dont le patrimoine démographique et social subit un bouleversement profond: de jeunes professionnels qui montent dans l’échelle sociale s’emparent d’un parc immobilier rénové, chassant souvent la population autochtone. De la même manière, dans certaines zones rurales prisées, le prix de l’immobilier peut rapidement flamber, surtout lorsque l’offre est contrôlée par les autorités locales compétentes en matière d’aménagement du territoire qui tentent de préserver le charme originel de la zone en barrant tout développement.

CH-14 house-cost-burden RYB17.png
Dans l’UE-28, en 2015, le taux de surcharge des coûts du logement était le plus faible dans les zones rurales (9,1 %), légèrement supérieur dans les villes et banlieues (10,6 %) et le plus élevé dans les grandes villes (13,3 %).

La répartition du taux de surcharge des coûts du logement était relativement uniforme dans les zones rurales de l’Union européenne, mais variait beaucoup plus dans les villes (voir graphique 6). En 2015, moins de 5,0 % de la population rurale en Slovénie, au Luxembourg, en Irlande (données de 2014), en France, à Chypre, en Finlande, en Autriche et à Malte était surchargée par les coûts du logement; Chypre et Malte étaient les seuls États membres dans lesquels moins de 5,0 % de la population urbaine (grandes villes) subissait une telle surcharge. La part de la population rurale surchargée par les coûts du logement s’inscrivait dans une fourchette de 5,0 à 12,0 % dans la majorité des États membres, seules la Bulgarie, la Roumanie et la Grèce dépassant cette fourchette. En revanche, dans 11 États membres, la part de la population urbaine surchargée par les coûts du logement dépassait 12,0 %; aux trois États membres qui enregistraient déjà les parts les plus élevées dans les zones rurales — la Bulgarie, la Roumanie et la Grèce — s’ajoutaient le Danemark, l’Allemagne, les Pays-Bas, la République tchèque, le Royaume-Uni, la Belgique, la Slovaquie et l’Autriche.

En Grèce, près de quatre habitants sur dix étaient surchargés par les coûts du logement, quel que soit le degré d’urbanisation; cette proportion dépassait de loin celles des autres États membres de l’Union. La Roumanie, la Croatie et la Bulgarie étaient les seuls États membres dans lesquels le taux de surcharge des coûts du logement au sein de la population rurale dépassait celui de la population urbaine; ces chiffres peuvent refléter, entre autres, l’existence d’une agriculture de subsistance, les faibles perspectives d’emploi dans d’autres secteurs, le taux d’emploi inférieur chez les femmes et la taille relativement importante du noyau familial au sein des communautés rurales. Autrement dit, certaines régions de l’est de l’Union se caractérisaient par une exposition relativement grande au risque de pauvreté ou d’exclusion sociale, qui se répercutait probablement sur la charge associée aux coûts du logement.

Santé

La santé figure parmi les principales préoccupations de nombre d’Européens. Le graphique 7 apporte des informations sur la part de la population (âgée de 16 ans et plus) qui exprime un besoin insatisfait en matière de soins de santé en raison du prix, de la distance ou de la longueur des listes d’attente. La capacité à s’acquitter du coût des services médicaux dépend incontestablement de la répartition des revenus: les personnes vivant en zone rurale rechigneront plus vraisemblablement à recourir à des services médicaux en raison de la longue distance à parcourir (les services médicaux se concentrent en général dans les villes et les grandes villes); la longueur des listes d’attente est le reflet de l’offre et de la demande de services (qui peuvent varier selon le traitement, les soins ou l’intervention nécessaires).

Les populations rurales de l’Union étaient plus susceptibles d’exprimer un besoin insatisfait en matière de soins de santé

En 2015, quelque 4,2 % de la population de l’UE-28 vivant en zone rurale ont exprimé des besoins insatisfaits en matière de soins de santé au cours des douze mois précédant l’enquête. Ce pourcentage était quelque peu supérieur aux chiffres correspondants pour les villes et banlieues (3,8 %) et pour les grandes villes (3,5 %).

Dans la plupart des États membres de l’ouest de l’Union, la part de population ayant exprimé des besoins insatisfaits en matière de soins de santé ne variait pratiquement pas à l’analyse par degré d’urbanisation, tandis qu’elle variait de manière considérable et beaucoup plus nette dans plusieurs États membres ayant rejoint l’Union en 2004 ou après. À y regarder de plus près, à peine plus de la moitié (15) des États membres ont signalé des différences très légères (définies selon une fourchette inférieure à 1,0 point de pourcentage entre les deux extrêmes). Des écarts relativement importants ont été observés en Roumanie, en Croatie et en Bulgarie, où la part de la population rurale exprimant des besoins insatisfaits en matière de soins de santé était supérieure d’au moins 3,0 points de pourcentage au niveau le plus bas (enregistré par les habitants des grandes villes en Roumanie et par les habitants des villes et banlieues en Croatie et en Bulgarie). Des écarts similaires ont été observés en Estonie et en Belgique, deux pays dont la proportion la plus élevée de population exprimant des besoins insatisfaits en matière de soins de santé concernait toutefois les villes.

Éducation

L’éducation (comme la santé) peut jouer un rôle important dans les perspectives et la qualité de vie de chacun. Elle entraîne également des retombées sociales car la hausse du niveau d’éducation général apparaît selon toute vraisemblance comme la promesse d’une main-d’œuvre plus productive qui, à son tour, dopera la croissance économique.

Les populations rurales tendent à abandonner l’enseignement ou la formation de manière précoce

Les personnes qui présentent des lacunes dans les compétences et qualifications risquent de se voir barrer l’accès à une série d’emplois/de carrières. En 2015, la part de jeunes ayant quitté prématurément le système d’éducation et de formation dans l’UE-28 (tranche d’âge 18-24 ans) était plus élevée dans les zones rurales( 12,2 %) que dans les villes et banlieues (11,5 %) et dans les grandes villes (9,8 %. De sérieuses différences apparaissaient toutefois entre les États membres: d’une part, dans plusieurs pays situés essentiellement dans l’est et dans le sud de l’Union (par exemple en Slovaquie, en Espagne, en Grèce, en Hongrie, en Estonie, en Roumanie et en Bulgarie où l’écart entre les zones rurales et les villes oscillait entre 7,3 et 25,8 points de pourcentage), un nombre particulièrement élevé de jeunes ont quitté l’éducation et la formation dans les zones rurales À l’inverse, dans quatre États membres occidentaux (France, Allemagne, Belgique et Autriche) et à Malte, le nombre de jeunes ayant quitté l’éducation et la formation était plus élevé dans les grandes villes.

Un peu plus d’un quart de la population rurale de l’Union (30-34 ans) était diplômée de l’enseignement supérieur

À l’autre extrémité de l’échelle éducative, en 2015, un peu plus d’un quart (27,9 %) de la population rurale de l’UE-28 (30-34 ans) était diplômée de l’enseignement supérieur (niveaux 5 à 8 de la CITE 2011). Cette proportion atteignait un tiers (33,4 %) dans les villes et banlieues et près de la moitié (48,1 %) dans les grandes villes (voir graphique 8).

Une analyse chronologique montre que les zones rurales ont toujours enregistré le niveau le plus faible dans l’enseignement supérieur et que l’écart qui les sépare des villes ne cesse de s’accroître. En 2004, à peine plus d’un cinquième (21,0 %) de la population rurale de l’UE-28 (30-34 ans) était diplômée de l’enseignement supérieur, une proportion qui atteignait un peu plus d’un tiers (34,4 %) dans les grandes villes, soit une différence égale à 13,4 points de pourcentage; en 2014, cet écart s’était creusé à 20,5 points de pourcentage, pour baisser (à peine) à 20,2 points de pourcentage en 2015.

Au niveau des différents États membres, la part de la population rurale (30-34 ans) diplômée de l’enseignement supérieur en 2015 variait de 44,9 % au Luxembourg (pour 77,7 % dans les villes) à moins de 10,0 % en Bulgarie (46,6 % dans les villes) et en Roumanie (46,4 % dans les villes). Le nombre de diplômés de l’enseignement supérieur était constamment plus bas dans les zones rurales que dans les villes, et ce dans tous les États membres sauf à Malte (dont les données sont peu fiables).

Le fait que la population urbaine soit hautement qualifiée découle probablement d’une série de facteurs. La plupart des universités et établissements de l’enseignement supérieur, par exemple, sont situés dans les villes, qui offrent de surcroît un marché du travail plus dynamique et spécialisé particulièrement attrayant pour les diplômés.

La part de jeunes (18-24 ans) vivant en zone rurale dans l’Union européenne ne travaillant pas, ne suivant pas d’études ni de formation dépassait de 3,7 points de pourcentage celle des villes

Le graphique 9 présente des informations sur la part de jeunes (18-24 ans) ne travaillant pas, ne suivant pas d’études ni de formation (les NEET). Pour remplir le premier de ces critères (ne travaillant pas), l’intéressé doit être au chômage ou économiquement inactif; pour remplir le deuxième critère (ne suivant pas d’études ni de formation), l’intéressé ne doit pas avoir suivi d’études ou de formation au cours des quatre semaines précédant l’enquête. Le dénominateur pour connaître le taux de NEET est la population totale du même groupe d’âge, à l’exclusion des personnes qui n’ont pas répondu à la question sur la participation à l’éducation et la formation (formelles).

En 2015, la proportion des jeunes (âgés de 18 à 24 ans) dans l’UE-28 qui ne travaillaient pas, ne suivaient pas d’études ni de formation était de 15,8 %. Une analyse par degré d’urbanisation révèle que le taux de NEET dans les zones rurales (17,9 %) était supérieur à celui enregistré dans les villes et banlieues (16,5 %) ou dans les grandes villes (14,2 %). Une analyse chronologique (2004-2014) indique que le taux dans les zones rurales de l’UE-28 a toujours été supérieur à celui des villes et que certains des plus larges écarts ont été observés au cours des trois dernières années pour lesquelles des données sont disponibles (2013-2015).

En 2015, le taux de NEET dans les zones rurales dépassait la moyenne de l’UE-28 dans 13 États membres; dans les villes et banlieues et dans les grandes villes, la répartition était plutôt inégale dans la mesure où, dans les deux cas, seuls neuf États membres ont enregistré des taux supérieurs à la moyenne de l’UE-28. Le taux de NEET le plus élevé en zone rurale a été enregistré en Bulgarie (40,9 %), tandis que la Grèce et la Croatie enregistraient également un taux supérieur à 30,0 %. Ces États membres qui affichaient les taux les plus élevés en zone rurale en 2015 étaient aussi ceux dans lesquels l’écart entre les zones rurales et les villes était le plus grand (c’est la Bulgarie qui affichait le plus grand écart: 29,7 points de pourcentage).

Dans six États membres (aucune donnée pour Malte), le taux de NEET dans les zones rurales était égal ou inférieur à 10,0 %. Dans quatre d’entre eux (Pays-Bas, Allemagne, Luxembourg et Autriche), le taux enregistré dans les zones rurales était inférieur à celui des villes. Seuls deux autres États membres ont enregistré une situation comparable: le Royaume-Uni et la Belgique (qui affichait l’écart le plus grand entre les taux des villes et des zones rurales, 6,9 points de pourcentage).

Autrement dit, à l’instar des résultats de plusieurs autres indicateurs, l’analyse des informations relatives à l’éducation a révélé un clivage géographique très net. Les zones rurales enregistraient globalement un taux de NEET élevé dans la plupart des États membres de l’est et du sud de l’Union, où la différence avec les villes était généralement importante. En revanche, le taux de NEET était habituellement plus bas dans la plupart des États membres occidentaux, affichant un écart réduit entre degrés d’urbanisation et des taux souvent plus élevés dans les villes que dans les zones rurales.

En 2015, dans l’UE-28, le taux de NEET parmi les jeunes hommes s’établissait à 15,4 %, contre 16,3 % pour les jeunes femmes. Une analyse chronologique confirme l’existence d’un écart hommes-femmes, constant mais en léger recul ces dernières années. L’écart hommes-femmes le plus grand par degré d’urbanisation concernait systématiquement les zones rurales. En 2015, le taux de NEET parmi les jeunes femmes dans les zones rurales (18,8 %) était supérieur de 1,8 point de pourcentage à celui des jeunes hommes (17,0 %).

Marché du travail

Les conditions de travail et les chances de trouver un emploi ou d’en changer peuvent jouer un rôle essentiel dans les conditions de vie matérielles de chacun. Le travail apparaît comme un facteur indispensable au bien-être, non seulement parce qu’il génère des revenus, mais aussi parce qu’il occupe une partie importante de chaque journée de travail et permet de développer des compétences, un sentiment de réussite et de satisfaction et une estime de soi.

Le taux d’emploi correspond au pourcentage de personnes occupées par rapport à la population totale; la comparaison est généralement faite par rapport à la population en âge de travailler, soit les personnes âgées de 20 à 64 ans. Les taux d’emploi des trois degrés d’urbanisation différents dans l’UE-28 ne présentaient quasiment aucune différence (0,5 point de pourcentage) (voir graphique 10): en 2015, le taux d’emploi le plus bas concernait les zones rurales (69,7 %), les taux des grandes villes (70,0 %) et des villes et banlieues (70,2 %) étant à peine plus élevés.

Les taux d’emploi sont grandement marqués par les différences hommes-femmes et, en particulier, par les différents degrés de participation des femmes à la main-d’œuvre. En 2002 (première année de référence pour laquelle des données sont disponibles), l’écart hommes-femmes dans les taux d’emploi de l’UE-28 (parmi les personnes âgées de 20 à 64 ans) s’établissait à 17,3 points de pourcentage. Dans l’UE-28, le taux d’emploi des hommes était identique en 2002 et en 2015 (75,8 %), alors que le taux d’emploi des femmes a progressivement augmenté pour s’établir à 64,2 % en 2015; l’écart hommes-femmes s’est ainsi réduit à 11,6 points de pourcentage. Une analyse des taux d’emploi en zone rurale indique une tendance similaire: l’écart hommes-femmes est légèrement plus important dans les zones rurales (13,1 points de pourcentage) et le taux quelque peu inférieur pour les femmes (63,1 % en 2015). Il semble donc que les effets de la participation des femmes soient encore plus marqués dans les zones rurales que dans les zones urbaines.

Dans plusieurs États du nord et de l’ouest de l’Union, les zones rurales affichaient des taux d’emploi plus élevés …

En 2015, en Bulgarie et en Lituanie, les zones rurales enregistraient des taux d’emploi inférieurs de 16,7 points de pourcentage et 10,5 points de pourcentage respectivement aux taux des villes; un schéma reproduit (à moindre échelle) dans huit autres États membres, dont l’Italie. En revanche, en Belgique et en Autriche, les zones rurales enregistraient des taux d’emploi supérieurs de 9,1 points de pourcentage et 8,7 points de pourcentage respectivement aux taux des villes; un schéma reproduit dans six autres États membres, dont l’Allemagne et le Royaume-Uni.

En 2015, les zones rurales qui ont enregistré les taux d’emploi les plus élevés se situaient dans des États du nord et de l’ouest de l’Union, où les taux dépassaient 80,0 % (Suède et Allemagne) ou approchaient ce niveau (Pays-Bas, Royaume-Uni). À l’inverse, les zones rurales qui ont enregistré les taux d’emploi les plus bas (moins de 60,0 %) se situaient en Italie, en Grèce, en Espagne, en Croatie et en Bulgarie; une analyse plus détaillée par genre révèle que les femmes enregistrent des taux d’emploi relativement faibles, ce qui donne lieu à un écart hommes-femmes relativement important dans chacun de ces États membres. À titre d’exemple, les taux d’emploi des femmes enregistraient un recul de plus de 20,0 points de pourcentage par rapport aux taux d’emploi des hommes dans les zones rurales de Grèce et d’Italie. Ces chiffres confirment le lien relativement étroit entre les taux d’emploi des femmes et les taux d’emploi globaux, en particulier dans les États membres méridionaux. De telles différences sont sans doute imputables, en partie du moins, au rôle de la femme dans le ménage.

… tandis que dans la plupart des États de l’est de l’Union, les zones rurales présentaient des taux de chômage généralement plus élevés que les villes

Une personne qui peine à trouver du travail ou qui occupe un emploi précaire, avec des horaires décalés ou chargés en échange d’une maigre rémunération sera vraisemblablement moins satisfaite de sa situation professionnelle, ce qui pourrait se ressentir sur sa qualité de vie globale. Le graphique 11 donne des informations sur l’une de ces mesures, à savoir le taux de chômage (des personnes âgées de 15 à 74 ans). En 2015, le taux de chômage était de 9,4 % dans l’UE-28: une analyse par degré d’urbanisation révèle que les taux de chômage les plus faibles étaient observés dans les villes et banlieues (9,0 %) et dans les zones rurales (9,1 %), tandis que les taux étaient à peine supérieurs dans les grandes villes (10,0 %).

En 2015, neuf États membres ont enregistré leur plus haut taux de chômage, par degré d’urbanisation, en zone rurale; il s’agissait d’États membres baltes ou de pays situés dans l’est et le sud de l’Union. En revanche, dans douze États membres, ce sont les villes qui ont enregistré les taux de chômage les plus élevés; à l’exception de la Slovénie, ces États n’étaient généralement pas situés dans l’est de l’Union.

En Bulgarie, en Lituanie et en Slovaquie, les zones rurales ont enregistré des taux de chômage nettement plus élevés (que les villes) en 2015. Dans ces États membres, la différence dépassait 5,0 points de pourcentage: les taux de chômage en zone rurale étaient systématiquement supérieurs à la moyenne de l’UE-28, les taux dans les villes systématiquement inférieurs. À l’inverse, les taux de chômage enregistrés dans les zones rurales en Belgique, en Grèce et en Autriche étaient nettement inférieurs à ceux enregistrés dans les villes, la différence atteignant plus de 5,0 points de pourcentage. Les zones rurales en Autriche, en Allemagne et au Royaume-Uni présentaient des taux de chômage très faibles (moins de 4,0 %).

Fracture numérique

Les technologies numériques jouent un rôle capital dans le quotidien de la plupart des Européens; grâce à l’internet, les citoyens, les entreprises et les pouvoirs publics peuvent communiquer et collaborer autrement. Pourtant, certaines franges de la population sont exclues (parfois par choix) et le risque existe que la fracture numérique s’aggrave avec l’avènement des nouvelles technologies.

Mois de deux tiers (62 %) de la population de l’UE-28 vivant en zone rurale utilisaient quotidiennement l’internet en 2016; cette proportion atteignait 72 % de la population des villes et banlieues et même trois quarts (75 %) de la population des grandes villes.

Les méthodes les plus communes d’accès à l’internet à haut débit sont celles de la ligne numérique d’abonné (DSL) ou du câble (fibre). La première est disponible presque partout dans l’Union; les services passant par le câble (grande vitesse) sont moins répandus et parfois réservés aux zones plus densément peuplées — ce qui explique peut-être, du moins en partie, pourquoi l’accès à l’internet est moins fréquent dans les zones rurales. Pour attirer des financements publics supplémentaires dans les zones rurales, la Commission européenne a revu ses lignes directrices pour l’application des règles relatives aux aides d’État dans le cadre du déploiement rapide des réseaux de communication à haut débit en janvier 2013 et a publié un nouveau Guide des investissements dans le très haut débit en septembre 2014 pour encourager l’expansion de services à haut et très haut débit dans les zones rurales.

Dans tous les États membres à l’exception de trois d’entre eux, ce sont les zones rurales qui présentaient la proportion la plus faible de personnes utilisant l’internet quotidiennement

En observant de plus près l’utilisation quotidienne de l’internet, on constate d’importantes disparités entre les États membres. Ces différences respectent souvent une certaine logique géographique, les États du nord et de l’ouest de l’Union enregistrant généralement une utilisation plus fréquente de l’internet que les États membres du sud ou de l’est. En 2016, l’utilisation quotidienne de l’internet la plus intensive a été enregistrée au Luxembourg, au Danemark, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, en Finlande et en Suède. À l’inverse, elle était la plus faible en Grèce, en Pologne, en Bulgarie et en Roumanie.

Une analyse plus poussée par degré d’urbanisation (voir graphique 12) révèle que ce sont les personnes vivant en zone rurale qui sont généralement les moins nombreuses à utiliser l’internet quotidiennement; ce constat s’est vérifié dans 25 des 28 États membres en 2016. La Belgique, l’Irlande et le Luxembourg étaient les seuls États membres dans lesquels les personnes vivant en zone rurale n’étaient pas les moins nombreuses à utiliser quotidiennement l’internet.

En Lituanie, au Portugal et en Pologne, une proportion relativement faible (pas loin de la moitié) de la population rurale utilisait l’internet quotidiennement en 2016, une part qui tombait à 42 % en Grèce et à presque un tiers parmi les populations rurales de Bulgarie et de Roumanie. Une partie de ces différences dans l’utilisation quotidienne de l’internet peut être imputée aux infrastructures inexistantes dans les zones rurales, ce qui restreint l’accès aux technologies numériques et leur disponibilité. D’autres facteurs jouent sans doute un rôle eux aussi: le niveau général de littérisme, l’enseignement, les compétences informatiques et linguistiques (l’anglais notamment) ou des facteurs culturels.

Sources et disponibilité des données

Les données d’Eurostat sur les zones rurales font partie d’une collecte de données entreprise aux fins de classer les statistiques par degré d’urbanisation. En 2011, la direction générale de la politique régionale et urbaine (DG REGIO) et la direction générale de l’agriculture et du développement rural (DG AGRI) de la Commission européenne, Eurostat et le Centre commun de recherche (JRC) ont révisé la classification par degré d’urbanisation selon une méthode commune, aidés dans cette tâche par l’OCDE.

La dernière mise à jour de la classification est basée sur la grille de la population pour 2011 et les limites d’unités administratives locales (UAL) pour 2014. Selon cette grille, des cellules d’une superficie égale à 1 km2 sont classées selon plusieurs critères liés à la contiguïté géographique et à la proportion des populations locales résidant dans des centres urbains et des grappes urbaines afin de répartir les UAL de niveau 2 (UAL2, généralement des municipalités) en trois types de zones:

  • grandes villes (zones à forte densité de population), où au moins 50 % de la population réside dans des centres urbains;
  • villes et banlieues (zones à densité intermédiaire), où au moins 50 % de la population vit dans des grappes urbaines et moins de 50 % de la population dans des centres urbains;
  • zones rurales (zones à faible densité de population), où au moins 50 % de la population réside dans des cellules rurales.

L’introduction à l’annuaire régional fournit des informations générales supplémentaires sur le degré d’urbanisation, notamment un tableau présentant les concepts spatiaux dont il est question; une carte montrant la répartition des UAL2 par degré d’urbanisation; et un graphique présentant la proportion de la population totale par degré d’urbanisation pour chaque État membre de l’Union.

Pour en savoir plus:
Typology for the degree of urbanisation (en anglais) Correspondence table for LAU2–degree of urbanisation (en anglais)

Définitions des indicateurs

Le glossaire de «Statistics Explained» contient des entrées sur plusieurs concepts liés aux zones rurales et les glossaires thématiques correspondants contiennent des entrées sur plusieurs indicateurs.

Pour en savoir plus:
Degré d’urbanisation — vue d’ensemble

Contexte

Dans l’Union européenne, les zones rurales sont différentes par nature et se caractérisent par leurs richesses et environnements naturels particuliers. Elles fournissent, entre autres, des ressources alimentaires et environnementales qui sont essentielles à la prospérité, la leur mais aussi celle des zones urbaines, tandis que la qualité de vie qu’elles proposent est de plus en plus recherchée.

Ces dernières années, l’interaction entre des zones urbaines et rurales limitrophes a fait l’objet d’un intérêt tout particulier, dans la mesure où les zones rurales situées à proximité des zones urbaines sont souvent des économies locales dynamiques. En revanche, les zones rurales plus isolées et moins densément peuplées connaissent généralement une croissance économique moins soutenue.

Développement rural 2014–2020

Dans sa politique de développement rural, l’Union européenne entend aider les zones rurales à relever une série de défis économiques, environnementaux et sociaux. À ce titre, la politique de développement rural partage plusieurs objectifs avec d’autres Fonds structurels et d’investissement européens (Fonds ESI). Elle complète le système des paiements directs aux agriculteurs, qui est mis en avant dans la politique agricole commune (PAC).

Le règlement (UE) nº 1305/2013 présente la réforme de la politique de développement rural après 2013; c’est le dernier acte en date d’une série de réformes. Trois objectifs stratégiques à long terme ont été fixés pour la période 2014-2020, conformément à la stratégie Europe 2020 et aux objectifs de la PAC: favoriser la compétitivité de l’agriculture; garantir la gestion durable des ressources naturelles et la mise en œuvre de mesures visant à préserver le climat; assurer un développement territorial équilibré des zones rurales.

Dans la foulée d’autres fonds structurels et d’investissement, les États membres et leurs régions ont mis au point des rural development programmes (RDPs) (en anglais) qui respectent une série de priorités communes, dont la promotion de l’inclusion sociale, la réduction de la pauvreté et le développement économique dans les zones rurales. Ces RDP sont conçus de manière à: renforcer le contenu des mesures de développement rural; simplifier les règles et/ou à réduire la charge administrative connexe; consolider les liens entre la politique de développement rural et d’autres fonds. Ils sont financés par le Fonds européen agricole pour le développement rural (Feader), doté d’un budget de 100 milliards d’euros pour la période 2014-2020. Outre le Feader, plusieurs autres fonds de l’Union européenne apportent une aide aux zones rurales, à savoir le Fonds européen pour le développement régional (FEDER), le Fonds social européen (FSE), le Fonds de cohésion et le Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche.

Voir aussi

Informations supplémentaires Eurostat

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Source des données pour les graphiques et cartes (MS Excel)

Excel.jpg Focus on rural areas (en anglais)

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