Archive:La production et les importations d’énergie
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La dépendance de l’Union européenne (UE) vis-à-vis des importations d’énergie, notamment en ce qui concerne le pétrole et, plus récemment, le gaz, est au centre des préoccupations politiques relatives à la sécurité de l’approvisionnement énergétique. Le présent article examine la production d’énergie primaire dans l’UE et, en raison du déficit de la production par rapport à la consommation, la dépendance croissante de l’UE à l’égard des importations d’énergie en provenance de pays tiers. En effet, en 2009, plus de la moitié (53,9 %) de la consommation intérieure brute d’énergie de l’UE était couverte par des sources importées.
Principaux résultats statistiques
La production primaire
La production totale d’énergie primaire dans l’UE-27 a atteint 812,2 millions de tonnes-équivalent pétrole (tep) en 2009. Ainsi, la tendance générale à la baisse de la production dans l’UE-27 se poursuit, car l’approvisionnement en matières premières commence à s’épuiser et/ou les producteurs ont jugé non rentable l’exploitation de ressources limitées. La production était dominée par le Royaume-Uni, qui comptait pour 19,2 % du total de l’UE-27, bien que cette part ait considérablement diminué par rapport à ce qu’elle était dix ans auparavant (29,3 % du total de l’UE-27 en 1999). Le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne, suivis de la Pologne et des Pays-Bas ont été les plus grands producteurs d’énergie primaire en 2009 (voir tableau 1). Le Royaume-Uni est le pays qui a connu de loin la plus forte baisse de sa production d’énergie primaire, avec une réduction de 122,2 millions de tep entre 1999 et 2009; la deuxième réduction la plus importante a été observée en Pologne (16,2 millions de tep) et la troisième en Allemagne (9,7 millions de tep). Les hausses les plus fortes de la production d’énergie primaire au cours de la décennie allant jusqu’en 2009 ont été enregistrées aux Pays-Bas (3,7 millions de tep), en France (2,6 millions de tep) et en République tchèque (2,4 millions de tep).
En 2009, la production d’énergie primaire dans l’UE-27 était répartie sur un ensemble de sources d’énergie, dont la plus importante était l’énergie nucléaire (28,4 % du total); le combustible nucléaire était particulièrement présent en Belgique, en France, en Lituanie et en Slovaquie, où il représentait plus de la moitié de la production nationale d’énergie primaire. Les combustibles solides (essentiellement le charbon) (20,4 %), le gaz naturel (18,8 %) et les sources d’énergie renouvelables (18,3 %) totalisaient environ un cinquième de la production d’énergie primaire dans l’UE-27, le pétrole brut assurant le reste (12,8 %) (voir graphique 1).
La croissance de la production primaire tirée de sources d’énergie renouvelables dépassait celle de tous les autres types d’énergie, avec une croissance particulièrement forte depuis 2002 (voir graphique 2). Cette date semble en effet avoir marqué un tournant, car depuis, la production d’énergie renouvelable s’est accélérée, augmentant de 52,4 % entre 2002 et 2009 et globalement de 60,2 % entre 1999 and 2009. En revanche, les niveaux de production pour les autres sources primaires d’énergie ont généralement chuté entre 1999 et 2009. Le pétrole brut (-42,3 %), les combustibles solides (-26,1 %) et le gaz naturel (-24,6 %) ont enregistré les reculs les plus marqués, l’énergie nucléaire baissant plus modestement de 5,2 %.
Les importations
Le recul de la production primaire de houille, de lignite, de pétrole brut, de gaz naturel et, plus récemment d’énergie nucléaire a conduit à une situation où l’UE est de plus en plus tributaire des importations d’énergie primaire pour satisfaire la demande. En 2009, les importations d’énergie primaire de l’UE-27 ont dépassé les exportations de quelque 943,6 millions de tep. Les plus grands importateurs nets d’énergie primaire étaient généralement les États membres les plus peuplés, à l’exception du Royaume-Uni et de la Pologne (où demeurent des réserves nationales de pétrole/gaz naturel et de charbon). Depuis 2004, le Danemark est le seul exportateur net d’énergie primaire parmi les États membres de l’UE (voir tableau 2).
L’origine des importations d’énergie de l’UE-27 a évolué rapidement ces dernières années, la Russie demeurant le principal fournisseur de pétrole brut et de gaz naturel et gagnant la place de premier fournisseur de houille (voir tableau 3). En 2009, quelque 33,1 % des importations de pétrole brut de l’UE-27 provenaient de Russie, ce qui la ramenait aux parts qu’elle avait assurées en 2006 et 2007, après une chute à 31,4 % en 2008. La Russie est devenue le principal fournisseur de houille en 2006, doublant l’Afrique du Sud, après avoir dépassé l’Australie en 2004 et la Colombie en 2002; la part de la Russie dans les importations de houille de l’UE-27 est passée de 11,5 % en 2001 à 30,2 % à l’horizon de 2009, bien devant le fournisseur suivant, la Colombie (avec 17,6 %). En revanche, la part de la Russie dans les importations de gaz naturel de l’UE-27 a baissé de 47,7 % à 34,2 % entre 2001 et 2009, tandis que la part de la Norvège augmentait, passant de 22,8 % à 30,7 %.
La sécurité de l’approvisionnement de l’UE-27 en énergie primaire risque d’être menacée si une proportion élevée des importations vient d’un nombre relativement limité de partenaires. En 2009, près de quatre cinquièmes (79,1 %) des importations de gaz naturel de l’UE-27 provenaient de Russie, de Norvège ou d’Algérie. Une analyse similaire montre que 57,3 % des importations de pétrole brut dans l’UE-27 venaient de Russie, de Norvège et de Libye, tandis que 77,5 % des importations de houille étaient originaires de Russie, de Colombie, d’Afrique du Sud et des États-Unis. De nouveaux pays partenaires sont apparus entre 2001 et 2009, même si le volume des importations en provenance de ces pays demeure relativement faible. C’est notamment le cas d’importations de houille en provenance d’Indonésie, d’importations de pétrole brut en provenance du Kazakhstan et d’Azerbaïdjan ou d’importations de gaz naturel en provenance du Qatar, de Libye ou de Trinité-et-Tobago.
La dépendance de l’UE-27 à l’égard des importations d’énergie est passée de moins de 40 % de la consommation brute d’énergie dans les années 1980 à 45,1 % en 1999 puis à 53,9 % en 2009 (voir tableau 4). Les taux de dépendance énergétique les plus élevés ont été enregistrés pour le pétrole brut (84,1 %) et le gaz naturel (64,2 %). Au cours des dix dernières années, la dépendance par rapport à des pays tiers pour les combustibles solides et le gaz naturel a augmenté à un rythme plus soutenu que la dépendance à l’égard du pétrole brut (qui était déjà à un niveau élevé). Depuis 2004, les importations nettes d’énergie de l’UE-27 sont supérieures à sa production primaire, autrement dit, plus de la moitié de la consommation intérieure brute d’énergie de l’UE-27 était couverte par les importations nettes.
En tant qu’exportateur net, le Danemark était le seul État membre de l’UE-27 à enregistrer un taux de dépendance négatif en 2009 (voir graphique 3). Parmi les autres États membres, la Roumanie, l’Estonie, le Royaume-Uni et la République tchèque (les seuls autres pays relevant des taux de dépendance inférieurs à 30 %) affichaient les taux de dépendance les plus bas, tandis que Malte, le Luxembourg et Chypre étaient presque entièrement dépendants des importations d’énergie primaire.
Sources et disponibilité des données
Les produits énergétiques extraits ou captés directement à partir de ressources naturelles sont appelés sources d’énergie primaires, tandis que les produits énergétiques générés à partir de sources primaires dans des usines de transformation sont appelés produits dérivés. La production d’énergie primaire représente la production nationale à partir de sources d’énergie primaires. Elle a lieu lorsque les ressources naturelles sont exploitées, par exemple dans les mines de charbon, les gisements pétrolifères, les usines hydroélectriques ou lors de la fabrication de biocarburants. Lorsque la consommation est supérieure à la production primaire, la différence doit être compensée par des importations d’énergie primaire ou de produits dérivés.
La chaleur produite dans un réacteur à la suite d’une fission nucléaire est considérée comme une production primaire de chaleur nucléaire, également désignée sous le terme d’énergie nucléaire. La chaleur nucléaire est calculée soit sur la base de la chaleur effectivement produite, soit sur la base de la production brute d’électricité déclarée et de l’efficacité thermique de la centrale nucléaire. La production primaire de charbon et de lignite désigne les quantités de combustibles extraits ou produits, calculées après toute opération de retrait des matières inertes.
La transformation d’une forme d’énergie en une autre, comme la production d’électricité ou de chaleur dans des centrales thermiques ou la cokéfaction dans des fours à coke, n’est pas considérée comme une production primaire.
Les importations nettes sont calculées en déduisant du volume des importations le volume équivalent des exportations. Les importations représentent toutes les entrées sur le territoire national, à l’exception des quantités en transit (en particulier dans les gazoducs ou les oléoducs). De même, les exportations couvrent toutes les quantités exportées depuis le territoire national.
Contexte
Plus de la moitié de l’énergie consommée dans l’UE-27 vient de pays tiers, et cette proportion est en augmentation. Une grande partie de cette énergie vient de Russie, dont les conflits avec des pays de transit ont menacé de perturber l’approvisionnement ces dernières années, notamment entre le 6 et le 20 janvier 2009, lorsque les flux de gaz venant de Russie via l’Ukraine ont été interrompus.
La Commission européenne a adopté sa deuxième analyse stratégique de la politique énergétique en novembre 2008. Cette analyse explique comment l’UE pourrait réduire sa dépendance à l’égard des importations d’énergie en améliorant ainsi la sécurité de son approvisionnement et en réduisant ses émissions de gaz à effet de serre. Cette analyse encourageait la solidarité entre les États membres dans le domaine énergétique et proposait un plan d’action visant à sécuriser les approvisionnements en énergie de manière durable. Un paquet de propositions dans le domaine de l’efficacité énergétique a été adopté: celles-ci visent à réaliser des économies d’énergie dans des domaines clés tels que le bâtiment et les produits consommateurs d’énergie.
À la suite de la crise du gaz de janvier 2009 entre la Russie et l’Ukraine, le cadre juridique régissant la sécurité des approvisionnements a été revu et le Conseil européen a adopté, en septembre 2009, la directive 2009/119/CE faisant obligation aux États membres de maintenir un niveau minimal de stocks de pétrole brut et/ou de produits pétroliers. Ces mesures pour les marchés du gaz et du pétrole étaient destinées à garantir que toutes les parties prennent des mesures efficaces pour éviter et limiter les conséquences d’éventuelles ruptures d’approvisionnement, tout en créant des mécanismes permettant aux États membres de travailler de concert pour faire face efficacement à toute rupture majeure d’approvisionnement en pétrole ou en gaz. Un mécanisme de coordination a été mis en place pour que les États membres puissent réagir uniformément et immédiatement en cas d’urgence.
Un large éventail de sources énergétiques et une diversité des fournisseurs, des voies et des mécanismes de transport sont des éléments qui peuvent jouer un rôle important dans la sécurisation des approvisionnements énergétiques. Instaurer des partenariats fiables avec les fournisseurs, les pays de transit et les pays consommateurs semble permettre de réduire les risques associés à la dépendance énergétique de l’UE et, en septembre 2011, la Commission européenne a adopté la communication COM(2011) 539 final intitulée «La politique énergétique de l’UE: s’investir avec des partenaires au-delà de nos frontières».
En novembre 2010, la Commission européenne a adopté une initiative intitulée «Énergie 2020 Stratégie pour une énergie compétitive, durable et sûre» ((COM(2010) 639 final)). Cette stratégie définit les priorités en matière d’énergie pour une période de dix ans et répertorie les mesures à prendre afin de relever les divers défis, notamment mettre en place un marché offrant des prix compétitifs et garantissant la sécurité de l’approvisionnement, stimuler notre avance technologique et négocier efficacement avec les partenaires internationaux.
Le même mois, la Commission européenne a adopté une initiative intitulée «Priorités en matière d’infrastructures énergétiques pour 2020 et au-delà - Schéma directeur pour un réseau énergétique européen intégré» (COM(2010) 677 final). Celle-ci définit les corridors prioritaires de l’UE pour le transport de l’électricité, du gaz et du pétrole. Une boîte à outils est également proposée afin de faciliter la mise en œuvre en temps opportun de ces infrastructures prioritaires.
Plusieurs initiatives sont en cours pour installer des gazoducs reliant l’Europe à ses voisins de l’Est et du Sud: Il s’agit notamment du Nord Stream (entre la Russie et l’UE via la mer baltique) qui devait entrer en fonction à l’automne 2011, du South Stream (entre la Russie et l’UE via la mer noire) qui devrait être terminé d’ici 2015 et de Nabucco (reliant la région caspienne et le Moyen-Orient à l’UE) qui devrait être opérationnel d’ici 2017.
Informations supplémentaires Eurostat
Publications
- Energy balance sheets - Data 2007-2008 (en anglais)
Tableaux principaux
- Energie, voir:
- Statistiques de l'énergie - quantités (t_nrg_quant)
- Production totale d'énergie primaire (ten00076)
- Production primaire de charbon et de lignite (ten00077)
- Production primaire de pétrole brut (ten00078)
- Production primaire de gaz naturel (ten00079)
- Production primaire d'énergie nucléaire (ten00080)
- Production primaire d'énergie renouvelable (ten00081)
- Production primaire d'énergie renouvelable: biomasse, énergie hydroélectrique, énergie géothermique, énergie éolienne et énergie solaire (ten00082)
- Net imports of primary energy (ten00083)
- Net imports of crude oil and petroleum products (ten00084)
- Net imports of natural gas (ten00085)
- Consommation intérieure brute d'énergie primaire (ten00086)
- Consommation brute d'énergie intérieure, par type de combustible (tsdcc320)
- Production brute totale d'électricité (ten00087)
- Electricity generation by origin: hard coal (ten00088)
- Electricity generation by origin: petroleum products (ten00089)
- Electricity generation by origin: natural gas (ten00090)
- Electricity generation by origin: nuclear (ten00091)
- Electricity generation by origin: hydroelectricity (ten00092)
- Electricity generation by origin: wind (ten00093)
- Dépendance énergétique (tsdcc310)
- Combined heat and power generation (tsien030)
- Part de l’énergie renouvelable dans la consommation de carburant pour le transport (tsdcc340)
Base de données
- Energie, voir:
- Statistiques de l'énergie - quantités, données annuelles (nrg_quant)
- Statistiques de l'énergie - approvisionnement, transformation, consommation (nrg_10)
- Statistiques de l'énergie - importations (par pays d'origine) (nrg_12)
- Statistiques de l'énergie - exportations (par pays de destination) (nrg_13)
Méthodologie / Métadonnées
- Energy Statistics - quantities (ESMS metadata file - nrg_quant_esms) (en anglais)
Source des données pour les tableaux, graphiques et cartes (MS Excel)
- Energy production and imports: tables and figures (en anglais)
Liens externes
- Europe’s Energy Portal (en anglais)
- International Energy Agency (en anglais)
- OECD - Energy OECD-NEA (Nuclear Energy Agency) (en anglais)