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Statistiques sur la consommation d'engrais et bilans de nutriments

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Données d'octobre 2011. Données plus récentes: Informations supplémentaires Eurostat, Principaux tableaux et Base de données.

Le présent article fournit des données relatives à la consommation d'engrais et aux bilans de nutriments dans l'Union européenne (UE). Environ 40 % de la surface de l'UE-27 sont exploités, ce qui souligne l'importance de l'agriculture pour l'environnement naturel de l'UE. Les relations entre l'environnement naturel et les méthodes d'exploitation sont complexes: l'exploitation agricole a contribué, au fil des siècles, à créer et entretenir toute une gamme d'habitats semi-naturels précieux dont dépendent de nombreuses espèces pour leur survie; par ailleurs, des pratiques agricoles et une utilisation des sols inappropriées peuvent avoir un impact négatif sur les ressources naturelles, par la pollution du sol, de l'eau et de l'air ou la fragmentation des habitats et la disparition de la faune qui en découle.

Graphique 1: Consommation estimée d'engrais manufacturés, 2009 (1)
(en kg de nutriments par hectare de SAU) - Source: Eurostat (aei_fm_manfert) et (ef_lu_ovcropaa)Fertilizers Europe
Graphique 2: Variation annuelle moyenne du tonnage d'azote, 2000-2008 (1)
(en %) - Source: Eurostat (aei_fm_usefert)
Graphique 3: Variation annuelle moyenne du tonnage de phosphore, 2000-2008 (1)
(en %) - Source: Eurostat (aei_fm_usefert)
Graphique 4: Bilan azoté brut, 2000-2004 et 2005-2008
(en kg d'azote par hectare de terre agricole) - Source: Eurostat (aei_pr_gnb)
Graphique 5: Bilan de phosphore brut, 2000-2004 et 2005-2008
(en kg de phosphore par hectare de terre agricole) - Source: Eurostat (aei_pr_gnb)

Principaux résultats statistiques

Consommation d'engrais

Le Graphique 1 montre la consommation estimée d'engrais manufacturés en termes de quantité de nutriments appliqués à chaque hectare de surface agricole utilisée (SAU). La consommation totale dans l'UE (à l'exclusion de Malte) a été estimée à une moyenne de 76 kg de nutriments (azote, phosphore et potassium confondus) par hectare en 2009 (voir Graphique 1).

Les engrais azotés ont constitué la vaste majorité (77,4 %) des nutriments consommés, la consommation étant estimée à 59 kg par hectare dans l'UE et allant de 19 kg par hectare au Portugal à 125 kg par hectare aux Pays-Bas. La consommation européenne de phosphore (sous la forme d'engrais manufacturés) s'élevait en moyenne à 6 kg par hectare dans l'UE, passant de 2 kg par hectare en Roumanie à 10 kg par hectare en Pologne, tandis que la consommation moyenne de potassium était de 11 kg par hectare dans l'UE, allant de 2 kg par hectare en Roumanie à 30 kg par hectare en Belgique et au Luxembourg, la consommation d'engrais à base de potassium étant encore plus élevée en Norvège (33 kg par hectare).

Les pays du Benelux ont déclaré les niveaux les plus élevés (plus de 140 kg par hectare) de nutriments consommés via les engrais manufacturés. Ils étaient suivis de la Norvège, l'Allemagne, l'Irlande et la Pologne, les seuls autres pays à enregistrer une consommation de plus de 100 kg par hectare. À l'inverse, le Portugal et la Roumanie ont déclaré les niveaux les plus bas de consommation d'engrais manufacturés, juste inférieurs à 30 kg par hectare.

Certains pays européens produisent des statistiques officielles sur l'utilisation d'engrais minéraux: celles-ci sont présentées dans les Graphiques 2 et 3 qui détaillent le pourcentage de variation annuelle moyenne de l'utilisation d'engrais au cours de la période allant de 2000 à 2008 pour les engrais azotés et les engrais phosphorés. Le Graphique 2 montre que la consommation d'engrais azotés a augmenté rapidement en Lettonie (en moyenne de 9,6 % par an), tandis que la Lituanie (4,8 %) et la Pologne (3,6 %) se sont placés en deuxième et troisième positions des taux de croissance les plus forts. Six autres États membres (et la Norvège) ont affiché une hausse du tonnage moyen d'engrais azotés utilisés entre 2000 et 2008; hormis l'Autriche, il s'agissait d'États membres ayant adhéré à l'UE en 2004 ou 2007. La réduction de l'utilisation d'engrais azotés a souvent été inférieure à 4 % par an dans la plupart des États membres restants (et en Suisse), bien que des baisses légèrement plus marquées aient été enregistrées par les Pays-Bas (-4,3 %), la Grèce (-5,6 %) et le Portugal (-6,9 %).

Le Graphique 3 montre qu'entre 2000 et 2008, la consommation d'engrais phosphorés a augmenté relativement vite en Pologne (5,7 % par an) et en Hongrie (4,2 %). Seuls deux autres États membres de l'UE (et la Suisse) ont déclaré une croissance de la quantité d'engrais à base de phosphore utilisés de 2000 à 2008; pendant la même période, la consommation de ces engrais en Autriche est demeurée inchangée. En revanche, la consommation d'engrais phosphorés a chuté de 7,4 % à 10,2 % par an en Irlande, dans les pays du Benelux et au Portugal.

Bilans de nutriments bruts

Un excédent persistant de nutriments signale des risques potentiels pour l'environnement, comme le lessivage de nutriments (qui entraîne une pollution de l'eau potable et une eutrophisation des eaux de surface), les émissions d'ammoniac (qui contribuent à l'acidification, l'eutrophisation et la pollution atmosphérique par les particules) ou les émissions de protoxyde d'azote (gaz à effet de serre). Un déficit persistant en nutriments indique, notamment, un risque de déclin de la fertilité des sols.

Le bilan azoté brut pour l'UE-27 s'établissait en moyenne à 51 kg d'azote par hectare de terre agricole entre 2005 et 2008 (voir le Graphique 4), allant de 210 kg par hectare aux Pays-Bas à -4 kg par hectare en Hongrie. Le bilan azoté était généralement plus faible chez les États membres qui ont adhéré à l'UE en 2004 ou 2007, ainsi que dans l'Europe méridionale (à l'exception de Chypre et Malte). Si l'on compare le bilan azoté moyen pour la période de 2000 à 2004 avec celui de 2005 à 2008, on observe que les contractions les plus marquées de ce bilan ont été généralement enregistrées par les États membres qui affichaient les excédents azotés les plus élevés; cela a notamment été le cas des Pays-Bas et de la Belgique. À l'inverse, certains pays ont déclaré une hausse des excédents azotés; la Pologne, la Roumanie et la République tchèque en sont les exemples les plus parlants.

Le bilan de phosphore brut pour l'UE-27 était quasiment à égalité entre 2005 et 2008 (voir le Graphique 5), s'élevant en moyenne à 1,8 kg de phosphore par hectare de terre agricole; ce léger excédent reflétait partiellement l'utilisation moindre d'engrais phosphorés par rapport aux engrais azotés. Le bilan de phosphore allait de 25,5 kg par hectare à Malte à -12,2 kg par hectare en Hongrie. Une tendance similaire (à celle des bilans azotés) a été observée pour le bilan phosphoré: Malte, Chypre et plusieurs pays de l'Europe du Nord-Ouest affichant les excédents les plus élevés, tandis que huit États membres enregistraient un déficit (il s'agissait soit d'États membres ayant adhéré à l'UE en 2004 ou 2007 ou de pays de l'Europe méridionale). Si l'on compare le bilan phosphoré moyen pour la période de 2000 à 2004 avec celui de 2005 à 2008, on note que les contractions les plus marquées de ce bilan ont été généralement enregistrées par les États membres qui affichaient les excédents phosphorés les plus élevés; notamment la Belgique, la Slovénie et les Pays-Bas. À l'inverse, seulement deux pays ont déclaré une hausse des excédents phosphorés pendant la période en question : la Pologne et la Norvège.

Sources et disponibilité des données

Les données sur la consommation estimée de nutriments contenus dans les engrais manufacturés ont été fournies par Fertilizers Europe, l'association professionnelle européenne des fabricants d'engrais. La méthodologie utilisée pour collecter ces statistiques est harmonisée entre les pays et a été mise au point au titre d'un exercice de prévision au sein du secteur. Elle s'appuie sur l'estimation par des experts des taux d'application par culture, au niveau national et parfois régional; les chiffres sont ensuite multipliés par les zones de cultures estimées. Les estimations de la consommation totale sont réconciliés avec les quantités d'engrais effectivement vendues, en tenant compte des variations de stocks qui entraînent des différences entre ventes et consommation. Des données annuelles sont disponibles pour quasiment tous les États membres de l'UE, ainsi que la Norvège. Les données sur l'utilisation des engrais sont ventilées par type de nutriment: azote (N), phosphore (P), phosphate (P2O5), potassium (K), potasse (K2O).

Les données officielles sur les quantités de nutriments contenus dans les engrais ont généralement été fournies par les instituts nationaux de statistique (pour le Luxembourg, elles ont été transmises par le ministère de l'agriculture). Les données ont été communiquées dans le cadre du questionnaire commun Eurostat/OCDE sur les indicateurs agro-environnementaux et au titre de l'exercice de collecte de données pour les bruts de nutriments Eurostat/OCDE. À ce jour, il n'existe pas de statistiques européennes harmonisées sur l'utilisation d'engrais minéraux disponibles à partir de sources officielles. De ce fait, différentes sources de données ont été utilisées pour compiler l'ensemble des données et la comparabilité risque d'en pâtir. Certains pays ont effectué des enquêtes sur les exploitations, d'autres ont estimé la consommation à partir de statistiques sur la production et la commercialisation d'engrais minéraux.

Un bilan brut de nutriments se calcule en soustrayant le total des nutriments rejetés par le sol du total des nutriments apportés au sol. Le bilan brut de nutriments par hectare est obtenu en divisant le bilan total par la zone de référence (dans le cas présent celui de la surface agricole). La zone de référence pour les données figurant dans le présent article correspond à la somme de la surface de terre arable, des prairies permanentes et de la surface de cultures permanentes. Pour certains pays, les bilans bruts de nutriments ont été estimés par Eurostat, puis approuvés par les autorités nationales.

Les entrées du bilan brut de nutriments comprennent les engrais (tant organiques qu'inorganiques), la production de lisier (excréments animaux), les prélèvements de lisier (exportations, traitement comme déchets industriels, utilisation non agricole, etc.), les variations de stocks de lisier et les importations de lisier. Les autres entrées sont les semences et les plants, le dépôt de nutriments atmosphériques et (pour l'azote seulement) la fixation biologique par les cultures de légumineuses (comme le trèfle, les fèves de soja, etc.).

Les sorties du bilan brut de nutriments comprennent les cultures (par exemple céréales, légumes secs, plantes sarclées, plantes industrielles, légumes, fruits), les récoltes et les pâturages fourragers (à partir de terres arables, de pâturages permanents et temporaires), les restes des récoltes retirés des champs. Les entrées et les sorties de nutriments sont estimées pour chaque poste du bilan en multipliant les données de base (comme la surface de culture, la production récoltée, le nombre de têtes de bétail) par des coefficients afin de convertir les données en contenu de nutriments.

Contexte

Les engrais contiennent des nutriments importants comme l'azote (N), le phosphore (P) et le potassium (K) que les plantes puisent dans le sol pour croître. Les engrais sont souvent considérés comme une entrée importante de la production agricole. Outre les effluents d'élevage (qui peuvent servir d'engrais organique), la plupart des exploitations non biologiques épandent également de grandes quantités d'engrais minéraux manufacturés. Lorsque la quantité d'engrais épandu dépasse les besoins nutritionnels des plantes, les nutriments risquent davantage de passer des sols agricoles aux eaux souterraines et de surface. La concentration accrue en nutriments qui en résulte (eutrophisation) peut gravement dégrader les écosystèmes. Outre les problèmes liés à l'eutrophisation, les engrais peuvent aussi avoir des conséquences négatives sur l'environnement du fait de leurs processus de production. Plus particulièrement, pour produire les engrais azotés (qui sont les engrais les plus couramment utilisés), il faut de grandes quantités d'énergie, ce qui risque d'accroître les niveaux d'émission des gaz à effet de serre. D'une autre manière, les engrais à base de phosphore et de potasse ont également un impact environnemental, puisque les matières premières utilisées pour les produire sont extraites de mines, ce qui peut entraîner la destruction de paysages, la contamination de l'eau, une consommation excessive d'eau ou une pollution atmosphérique.

Le bilan brut de nutriments fournit un aperçu des relations entre l'utilisation de nutriments agricoles, la diffusion de nutriments dans l'environnement et l'utilisation durable des ressources en nutriments des sols. Afin d'estimer le risque de passage des nutriments, la consommation d'engrais manufacturés devrait être combinée à d'autres entrées des nutriments. En outre, les exigences en nutriments (et, partant, la consommation) des plantes sont influencées par la gestion antérieure des terres, le type de sols et les facteurs climatiques et elles varient d'une culture à une autre.

Le bilan brut de nutriments fournit seulement une indication des risques potentiels pour l'environnement (air, eau et sol), dans la mesure où les risques effectifs dépendent de divers facteurs notamment les conditions climatiques, le type et les caractéristiques du sol, la saturation du sol et les pratiques de gestion telles que le drainage, le travail du sol et l'irrigation. Le bilan brut de nutriments peut être utilisé pour illustrer la différence entre les nutriments apportés au sol et les nutriments prélevés par les cultures; il reflète les risques associés aux nutriments qui passent dans le sol et l'eau ou qui sont dispersés dans l'atmosphère.

La relation complexe entre agriculture et environnement a incité à intégrer les préoccupations environnementales et les mesures de protection en la matière dans la politique agricole commune (PAC) de l'UE, en accordant une attention particulière à la réduction des risques de dégradation environnementale grâce à des critères de conformité croisée (comme condition pour bénéficier de paiements directs, les exploitants doivent répondre à des exigences, certaines concernant la protection de l'environnement) et grâce à des mesures agroenvironnementales ciblées, afin de renforcer la durabilité des agroécosystèmes.

L'importance accordée à l'évaluation de l'interaction entre agriculture et environnement est soulignée par une communication de la Commission européenne, intitulée «‘Élaboration d’indicateurs agroenvironnementaux destinés au suivi de l'intégration des préoccupations environnementales dans la politique agricole commune’» (COM(2006) 508 final), contenant une liste de 28 indicateurs agroenvironnementaux qui décrivent les pratiques agricoles, les systèmes de production agricole, les pressions et les risques qui pèsent sur l'environnement, ainsi que l'état des ressources naturelles.

Afin de limiter les dégâts causés à l'environnement du fait de l'application excessive de nutriments, comme l'eutrophisation, un certain nombre de mesures législatives ont été prises, comme l'adoption de la directive sur les nitrates et de la directive cadre sur l'eau, qui couvre la désignation de zones vulnérables aux nitrates où les États membres ont imposé des limites réglementaires concernant la quantité et le calendrier des épandages d'engrais sur les terres agricoles.

Voir aussi

Informations supplémentaires Eurostat

Publications

Principaux tableaux

Consommation estimée d'engrais manufacturés: Azote (tonnes de N) (source: Fertilizers Europe) (tag00090)
Consommation estimée d'engrais manufacturés: Phosphore (tonnes de P) (source: Fertilizers Europe) (tag00091)
Consommation estimée d'engrais manufacturés: Potassium (tonnes de K) (source: Fertilizers Europe) (tag00092)

Base de données

Farm management (aei_fm):
Consommation estimée d'engrais manufacturés (source: Fertilizers Europe) (aei_fm_manfert)
Utilisation d'engrais inorganiques (aei_fm_usefert)
Pressions et risques (aei_pr):
Bilan nutritif brut (aei_pr_gnb)

Section dédiée

Méthodologie / Métadonnées

Source des données pour les tableaux et graphiques (MS Excel)

Liens externes