Nous nous sommes entretenus avec Raúl Zornoza Belmonte (sur la photo ci-dessous), coordinateur du projet financé par l’UE intitulé BIOservicES: «Linking soil biodiversity and ecosystem functions and services in different land uses: from the identification of drivers, pressures and climate change resilience to their economic valuation».

Pourriez-vous nous en dire plus sur les travaux en cours et les plans futurs de BIOservicES?

Au cours des premiers mois du projet, nous nous sommes attachés à standardiser les procédures d’échantillonnage des sols ainsi que les méthodes de stockage, d’expédition et d’analyse. Nous avons défini des procédures et des méthodes uniformes de concert avec des experts d’autres projets Horizon 2020/Horizon Europe, d’initiatives internationales (telles que Soilbon, le Partenariat mondial sur les sols – l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, la plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques et le Projet microbiome Terre) et d’institutions et d’organes de l’UE (tels que le Centre commun de recherche de la Commission européenne et l’Agence européenne pour l’environnement). Tous les protocoles finalisés sont disponibles dès à présent sur notre site web.

D’avril à juin 2024, nous prélèverons des échantillons de sol sur nos 25 sites d’étude en Europe, qui couvrent un éventail d’utilisations des sols (zones agricoles, sylvicoles, semi-naturelles, industrielles, minières, humides) et présentent une intensité d’utilisation variable. Une fois ces échantillons de sol prélevés, nos partenaires analyseront les groupes taxonomiques et les fonctionnalités de différents organismes, notamment les virus, les archées, les bactéries, les champignons, les protistes, les nématodes, les microarthropodes, les vers de terre, les isopodes, les mille-pattes, les insectes et les araignées. De plus, nous évaluerons les indicateurs liés à plusieurs services écosystémiques, tels que le stockage des éléments fertilisants, la filtration, la transformation, la transformation des polluants, la rétention d’eau, l’infiltration et la production de matières premières.

Ensuite, nous aurons recours à des analyses biostatistiques et des algorithmes d’apprentissage automatique pour établir des liens entre les organismes du sol et une pléthore de services écosystémiques. Cette approche permettra non seulement de lever le voile sur les liens entre les organismes du sol et la fourniture de services écosystémiques, mais aussi d’identifier les organismes clés qui apportent une contribution importante aux services écosystémiques, que ce soit de façon indépendante ou par l’entremise d’interactions.

Pourquoi le travail de la Mission «Sol» est-il important pour l’Europe?

Avant le lancement de la Mission «Sol», les institutions ne se souciaient guère des sols. Or, les sols jouent un rôle crucial dans la production de denrées alimentaires, de bois d’œuvre, d’aliments pour animaux et de produits industriels. Ils contribuent également au maintien des forêts et des milieux naturels, à la recharge des aquifères et à l’épuration de l’eau, ce qui apporte une contribution bénéfique à l’environnement et à la santé humaine. Malheureusement, nombreux sont les sols en Europe à avoir été dégradés en raison de pratiques de gestion des sols non durables. Ils ont perdu leur capacité à assurer le bien-être de l’homme et sont devenus des sources de polluants et des nids d’agents pathogènes.

La Mission «Sol» vise à enrayer cette tendance en fournissant des données scientifiques solides qui permettront d’étayer les réglementations sur les mesures de protection des sols et de mettre en place des méthodes de surveillance, de conservation et de restauration efficaces. Les résultats des projets chapeautés par la Mission «Sol» joueront un rôle crucial dans la mesure où ils contribueront à la future loi sur la surveillance des sols et au développement de l’Observatoire européen des sols (European Soil Observatory – EUSO).

Quel est l’aspect de votre travail sur BIOservicES qui vous tient le plus à cœur?

Le meilleur aspect de mon travail au sein de BIOservicES est la collaboration avec le consortium lui-même. Composés de professionnels dévoués, très motivés, ambitieux, compétents et animés d’un esprit de collaboration, les membres du consortium collaborent à la réalisation d’objectifs communs. En outre, les collaborations internationales tissées avec d’autres projets, initiatives et organisations se sont révélées immensément gratifiantes. Le travail collectif entre les institutions est la clé de notre succès.

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