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Résumé et conclusions politiques

1. Le handicap tel qu'il est envisagé dans cette communication peut revêtir diverses formes - physique, sensorielle, mentale ou psychique. Quelle que soit l'époque donnée, on peut estimer qu'un personne sur dix dans la Communauté européenne est affectée par l'une ou l'autre forme de handicap, ce qui représente environ 37 millions de personnes. Environ la moitié d'entre elles sont en âge de travailler.

2. Nos sociétés sont dans plusieurs de leurs aspects construites en fonction des besoins d'un citoyen moyen, non handicapé, et par conséquent, un grand nombre de citoyens n'ont pas accès aux mêmes droits et opportunités offertes à la majorité:

  • en matière d'éducation: beaucoup de jeunes continuent de rencontrer des problèmes pour rentrer dans des écoles ordinaires et ne peuvent avoir accès à une formation appropriée et de bonne qualité;
  • dans le domaine de l'emploi: en général, les personnes handicapées sont affectées par un taux de chômage de deux à trois fois supérieur à la moyenne et la durée de leur chômage est plus longue que celle du reste de la population;
  • mobilité et accès: nombre de moyens de transport et de bâtiments publics demeurent inaccessibles ou difficilement accessibles;
  • le logement: les constructions adaptées ou adaptables sont rares ou excessivement coûteuses;
  • les régimes sociaux: ces régimes fournissent en général le minimum de l'aide requise, laquelle se révèle souvent insuffisamment adaptée à promouvoir la participation.

3. Les politiques menées depuis de nombreuses années en vue de réadapter les personnes à leur handicap ont prouvé leur insuffisance. Une large réflexion s'est dessinée. Les approches traditionnelles font peu à peu place à une action mettant davantage l'accent sur l'identification et l'élimination des divers obstacles à l'égalité des chances et à la pleine participation dans tous les aspects de la vie. Des modifications dans la façon dont nous agençons la société peuvent de façon substantielle réduire voire éliminer les obstacles rencontrés par les personnes handicapées. L'intégration plutôt que l'objectif plus réduit d'adaptation est maintenant perçue comme la clé d'une insertion dans la société active. L'Assemblée générale des Nations unies a cristallisé cette nouvelle approche en 1993 à travers sa Résolution sur l'égalisation des chances des personnes handicapées.

4. La responsabilité première pour agir dans ce domaine incombe aux Etats membres. La mise en oeuvre de cette nouvelle approche est déjà en cours dans tous les Etats membres, sous des formes, dans des domaines et à des rythmes différents. La Commission propose que le Conseil entérine cette nouvelle approche en adoptant une Résolution sur l'égalité des chances en tant qu'engagement politique solennel des Etats membres - tant individuellement que collectivement - à poursuivre l'objectif d'égalisation des chances et de non-discrimination en matière de handicap.

5. Cette Résolution devrait servir de cadre de référence pour l'échange structuré d'informations utiles entre les États membres, comme plate forme en faveur de la clarification d'objectifs communs et de l'identification de meilleures pratiques, et comme guide pour la mise au point et l'évaluation de mesures appropriées au sein des États membres et dans le domaine de compétence propre à la Communauté européenne.

6. La Communauté européenne travaille activement depuis de nombreuses années à la promotion de l'amélioration des conditions de vie et de travail des personnes handicapées. La Commission considère qu'au niveau communautaire, une valeur ajoutée significative peut être apportée pour soutenir les processus de réflexion et d'action engagés par les Etats membres ainsi qu'entre eux. La Commission envisage par conséquent de mettre en oeuvre une stratégie d'actions concrètes, conformément à la Résolution, et qui inclut les initiatives suivantes:

  • Inclusion. La Commission renforcera les activités de son groupe inter-services sur le handicap pour optimiser l'inclusion des questions des personnes handicapées dans l'établissement des politiques et actions communautaires ordinaires.
  • Coopération. Un groupe de haut niveau composé de représentants des Etats membres sur le handicap sera mis en place pour passer en revue l'actualité en matière de politiques des États membres et mettre en commun l'information et l'expérience.
  • Encouragement à l'action des Organisations Non Gouvernementales (ONG). La Commission souhaite consolider la coopération développée durant ces dernières années dans le cadre du programme HELIOS II. Elle accueille également de façon favorable la création d'un Forum européen des personnes handicapées et a l'intention de poursuivre activement ses contacts avec les Organisations Non Gouvernementales et stimuler leur travail.
  • Emploi. Dans le cadre de la préparation du Rapport unique pour le Conseil européen de Dublin, qui constitue la phase suivante du processus arrêté à Essen, la Commission prendra l'initiative de renforcer les politiques visant à prévenir le chômage de longue durée et à favoriser l'intégration des personnes handicapées dans la vie professionnelle. Évidemment, il conviendrait de garder à l'esprit que le premier objectif des fonds structurels, et notamment du Fonds Social, est de favoriser l'emploi.
  • Les Technologies de l'Information et des Communications (TIC). La Commission tient à exploiter le potentiel de la Société de l'Information pour promouvoir l'égalité des chances, en particulier à travers le développement des TIC, et elle créera une groupe ad hoc interne à cet effet.
  • Les fonds structurels. Un total de 5,5 milliards d'écus est spécifiquement alloué pour contribuer à combattre l'exclusion sociale durant la période 1994-1999. Dans le cadre de la prochaine réévaluation de moyen terme des fonds structurels, la Commission tentera d'évaluer l'étendue et l'impact de ces actions en ce qui concerne les personnes handicapées. Une nouvelle série de projets dans le cadre des Initiatives communautaires - en ce compris HORIZON - doit être lancée à la fin de 1996.

7. Cette communication a pour objectif de donner un nouvel élan dans le sens de l'approche basée sur l'égalité des chances des personnes handicapées, tant au niveau des Etats membres qu'au niveau de la Communauté. La tâche commune consiste à mettre en valeur la diversité et à lui ménager une place. Dans une Europe pour le citoyen qui accorde du prix à l'équité et à l'efficacité, c'est l'affaire de tous.

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1. DESCRIPTION DE LA SITUATION: LES OBSTACLES A L'EGALITE DES CHANCES

8. Un citoyen sur dix dans la Communauté européenne est atteint d'un handicap. Même s'il y a eu des progrès sensibles au cours des dernières années, les problèmes demeurent et continuent à engendrer une sous-participation des personnes handicapées à la société. Ces problèmes ont été bien décrits et attestés. Un rapport particulièrement exhaustif intitulé "Les citoyens invisibles" a été publié par plusieurs organisations non gouvernementales pour marquer la Journée européenne des personnes handicapées en décembre 1995. Le Parlement européen a lui-même évoqué à plusieurs occasions la situation difficile des personnes handicapées et la discrimination (voire les violences) dont elles peuvent faire l'objet dans l'ensemble de l'Union. Dans sa Résolution B3-0580/93, le Parlement priait notamment la Commission de réunir un forum pour étudier l'ampleur des violences infligées aux personnes handicapées et rédiger un rapport annuel sur la situation des personnes handicapées dans les États membres. Un tel rapport a été établi pour la première fois au début de 1996. Le Comité économique et social a mentionné la situation grave à laquelle sont confrontées les personnes handicapées. Le Comité des régions a également évoqué l'exclusion et la discrimination éprouvées par les personnes handicapées.

9. Parmi les problèmes qui subsistent, et dont le degré peut varier d'un Etat membre à l'autre, il convient de relever les situations ci-après mentionnées.

  • Dans l'éducation. De nombreux enfants restent exclus des écoles ordinaires du simple fait d'une mobilité réduite, d'un déficit sensoriel ou de difficultés de communication et d'apprentissage et parce que les autorités ne sont pas suffisamment conscientes de leurs aptitudes et de leur potentiel ou qu'elles y restent insensibles. Beaucoup trop souvent, les enfants handicapés sont confinés pendant l'année scolaire (voire au-delà) dans des institutions qui, tout en dispensant des soins spécialisés, les isolent néanmoins et ne leur offrent aucune possibilité (ou très peu) de rapports sociaux ordinaires.
  • Au travail. Diverses estimations officielles indiquent que les personnes handicapées sont victimes de taux de chômage de deux à trois fois supérieurs au moins à ceux du reste de la population. En outre, elles risquent d'être affectées dans une proportion démesurée pendant les périodes de récession économique. En conséquence, elles paient un tribut plus lourd que quiconque pendant les périodes d'incertitude et de désagrégation économique. Étant donné que l'indépendance économique est tellement fondamentale pour l'exercice d'autres libertés, cette forme de discrimination a de graves répercussions pour la qualité de la vie telle que l'éprouvent les personnes handicapées.
    Ce chômage ne correspond pas nécessairement à un manque d'aptitude ou de mérite. Les employeurs et les entreprises qui recrutent ont souvent tendance à voir le handicap et non l'aptitude effective de la personne considérée et en conséquence la valeur ajoutée que pourraient apporter ces personnes à l'entreprise peut être sous-estimée. Des lieux de travail mal adaptés, une organisation du travail trop rigide ainsi que le caractère répandu des discriminations sont autant de facteurs qui contribuent au phénomène. Les employeurs ne cherchent pas assez à réfléchir à la façon de répondre positivement aux besoins des travailleurs handicapés.
  • Mobilité et accès. Bien que les considérations d'accès (au sens large du terme) pèsent lourd dans notre société hautement mobile, nombre de transports et de bâtiments publics demeurent inaccessibles ou difficilement accessibles. Cette situation est aggravée par les barrières de l'architecture et des infrastructures. Bien que la technologie ait réalisé des percées sensibles dans le domaine des communications, davantage pourrait être fait pour optimiser le potentiel libératoire de cette technologie et s'assurer que les développements à venir tiennent pleinement compte des besoins des personnes handicapées. Les principes du "conçu pour tous" et de "l'accès universel" possèdent, évidemment, de nombreux avantages réciproques pour de nombreux autres groupes.
  • Logement. Avec une offre réduite, les personnes handicapées ne disposent pas d'assez de logements adaptés ou adaptables tout au long de la vie. En conséquence, l'adaptation a posteriori peut être excessivement coûteuse. On peut souligner que cette situation a des répercussions négatives non seulement pour les personnes handicapées mais aussi pour la population de plus en plus nombreuse des personnes âgées en Europe.
  • Systèmes de sécurité sociale. Une proportion élevée de personnes handicapées continuent à vivre près du seuil de pauvreté ou au-dessous. Les régimes de prévoyance fournissent généralement une aide minimum qui ne répond souvent que de façon insuffisante à l'objectif de promotion de la participation. Trop souvent, les coûts supplémentaires et les besoins constants des personnes handicapées, nettement supérieurs à ceux des citoyens moyens, ne sont pas (ou mal) reconnus. La reconnaissance de l'autonomie de vie et les aides dans ce sens restent inégales. La complexité et le foisonnement mêmes des réglementations dans le domaine de la prévoyance et des services sociaux ainsi que l'éparpillement des compétences entre différents services des ministères et agences administratives peuvent être source d'une grande confusion et constituer de ce fait un facteur d'aliénation. Il arrive que les informations concernant les services et aides disponibles soient très diffuses et dans certains cas, ceci peut même expliquer la sous-utilisation de certaines de ces aides.

10. La sous-participation des personnes handicapées dans tous les aspects de la vie sociale réclame une attention et des actions accrues, tant au niveau national que communautaire, pour plusieurs raisons.

11. L'exclusion et la discrimination violent divers droits universels de l'homme. Le respect et la promotion des droits de l'homme et de la diversité sont depuis longtemps des traits caractéristiques de nos diverses sociétés et constituent une part essentielle des valeurs communes à tous les Européens. Le droit fondamental qui est en jeu ici est celui de l'égalité. La dimension des droits de l'homme de la Communauté est de la plus haute importance et a été réaffirmée à plusieurs reprises par la Cour de justice, le Parlement européen et le Conseil de l'Union européenne. Il est important de relever que le respect des droits de l'homme est expressément mentionné à l'article F paragraphe 2 du Traité sur l'Union européenne comme l'un des principaux objectifs de l'Union. Ces principes fondamentaux des droits de l'homme et de la non-discrimination ont été réaffirmés par la Commission dans son Avis à la Conférence Inter-Gouvernementale.

12. Sur le plan économique, l'exclusion structurelle et la discrimination fondées sur le handicap nuisent aussi à l'efficacité du marché du travail. Un marché qui, structurellement, exclut une part importante de ses ressources humaines ne peut être considéré comme efficace et encore moins comme équitable. La société dans son ensemble (notamment le contribuable) est perdante lorsque l'aptitude n'est pas dûment reconnue et mise en oeuvre.

13. D'une façon plus générale, le juste souci actuel de la Communauté européenne de réduire le chômage structurel, de protéger l'emploi existant et de créer de nouveaux emplois implique que l'on doive se préoccuper de façon très pratique de toute la série d'obstacles arbitraires barrant l'accès des personnes handicapées au marché du travail et à leur participation. La tendance globale à la restructuration des politiques du marché du travail amène à mettre davantage l'accent sur des mesures actives visant à renforcer les aptitudes des chercheurs d'emploi à faire valoir leurs chances sur le marché du travail, au lieu de les cantonner dans un rôle passif d'assistés. Cette tendance a des implications directes évidemment favorables à la réintégration des travailleurs handicapés dans le lieu de travail.

14. L'exclusion et la discrimination fondées sur le handicap imposent également des frais onéreux à l'État Providence. Une grande partie, sinon la plupart, des divers programmes élaborés de soutien mis au point au fil des ans par les États membres ont essentiellement porté sur l'entretien du sujet et non sur l'habilitation de la personne à participer aussi pleinement que possible à la société. La réduction de la dépendance (et de la mentalité d'assisté) qui continue à isoler la personne tout en imposant un fardeau à l'État serait avantageuse pour tous.

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2. L'APPROCHE NOUVELLE DE L'EGALITE DES CHANCES

15. Historiquement, les réponses apportées au handicap ont essentiellement consisté dans un traitement social sous forme de bienfaisance, de traitement à l’écart de la société et de développement de services de soins spécialisés. Quel que soit leur caractère nécessaire ou bien intentionné, ces réponses politiques ont probablement aggravé le problème de l'exclusion et de la sous-participation.

16. Valoriser la diversité et lui ménager une place constitue l'un des plus grands défis actuels pour nos sociétés. Les processus économiques et sociaux traditionnels ont cependant eu tendance à se construire sur la base d'idées préconçues de la normalité qui ne laissaient pas de place aux personnes à mobilité réduite. Un exemple classique en est la construction de systèmes de transports et de bâtiments publics dépourvus d'accès adéquats. En conséquence, ces personnes ont été exclues des processus ordinaires, ou bien leurs chances d'y participer ont été considérablement diminuées.

17. L'absence même des personnes handicapées, ou leur "invisibilité", dans la vie ordinaire n'a fait que nourrir les stéréotypes répandus les concernant. Cette situation a contribué à reproduire automatiquement un cycle d'exclusion. C'est ainsi que l'on observe la même coalition renforcée d'attitudes préjudiciables, d'inégalité de chances et de discrimination.

18. Le caractère intenable de cette situation est de plus en plus reconnu. L'Annexe présente un bref aperçu de l'évolution de la pensée sur les questions de handicap au niveau de la Communauté européenne et au niveau international élargi. Le moteur de cette évolution est la prise de conscience de la possibilité de valoriser au mieux la différence entre individus par la création de processus sociaux et économiques construits dans le souci bien compris de l'égalité. La valeur fondamentale de l'égalité est à présent perçue comme le point de référence auquel toute autre chose doit être rapportée et elle constitue l’essence du mouvement fondé sur les droits pour les personnes handicapées. Le concept d'égalité des chances est donc plus large mais englobe néanmoins le principe de non-discrimination.

19. Pour l'essentiel, cet effort peut se résumer dans la notion de "l'intégration dans la vie ordinaire". Ceci implique la formulation de politiques visant à favoriser la participation entière et l'association en général des personnes handicapées aux processus économiques, sociaux et autres, tout en respectant les choix personnels. Ceci signifie également que l'examen des questions relatives au handicap doit être considéré comme faisant partie intégrante des questions politiques d’ordre général et non comme un point à part. Cette approche se révèle en outre être valable et bénéfique pour toutes les personnes handicapées, quel que soit le type ou le degré de gravité du handicap dont elles sont affectées.

20. Dans tous les États membres, s'est développé le même mouvement vers un modèle d'égalité des chances dans le domaine de la politique des personnes handicapées. De façon graduelle mais perceptible, les politiques des États membres sont axées sur l'instauration de l'égalité effective des droits et non plus simplement sur l'administration de mesures visant à surmonter des limitations fonctionnelles. Naturellement, ce mouvement s'est produit de différentes façons, dans des domaines différents et à des rythmes différents selon les États membres.

21. Une tendance particulièrement notable dans l'ensemble des États membres est l’abandon progressif des réponses traditionnelles consistant à mettre au point des structures séparées pour répondre aux besoins spécifiques des personnes handicapées - en particulier dans les domaines de l'éducation et de l'emploi (écoles spéciales, ateliers protégés, etc). Ces réponses s'effacent insensiblement devant des initiatives visant à promouvoir l'intégration dans les écoles ordinaires et dans l'emploi ouvert et accompagné lorsque c'est possible. Les régimes de sécurité sociale et d’autres programmes d’aide sociale dans tous les secteurs sont également de plus en plus orientés dans une approche axée sur le client -laquelle met l'accent sur l'autonomie et reconnaît le désir naturel et le droit de la personne à influencer la forme de tels soutiens et le désir de vivre au sein de son foyer et de sa communauté.

22. Dans certains Etats membres, les principes généraux de l'égalité et de la non-discrimination sont inscrits dans la Constitution. Certains ont soit amendé leur législation en matière de lutte contre la discrimination, soit introduit de nouvelles mesures pour couvrir les personnes handicapées. D'autres Etats envisagent l'introduction de telles dispositions.

23. Il importe de signaler dans ce contexte certaines avancées réalisées par les partenaires sociaux qui prennent conscience du problème de l'exclusion et témoignent de leur volonté d'agir. De nombreuses entreprises ont déjà adopté leurs propres programmes d'égalité de chances en matière de handicap. Un développement particulièrement positif est la Déclaration européenne des entreprises contre l'exclusion de 1995 qui embrasse également la situation des personnes handicapées.

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3. UN CADRE DE REFERENCE POUR LA POURSUITE DE L'EGALITE DES CHANCES

24. La Commission juge essentiel que la Communauté européenne clarifie et confirme sa stratégie d'ensemble, qui devrait consister principalement dans un engagement partagé par tous les États membres en faveur de la promotion de l'égalité des chances, de l'élimination des discriminations dans ce domaine et de la reconnaissance des droits des personnes handicapées.

25. Toute réflexion sur le rôle de la Communauté européenne dans ce domaine part de la reconnaissance du fait que nos sociétés et les gouvernements des États membres qui les représentent sont responsables au premier chef de l'élimination de l'exclusion et de la discrimination fondées sur le handicap. Les politiques relatives aux personnes handicapées ont leur propre cadre culturel et social dans chaque État membre et par conséquent, la façon de répondre à l'objectif d'égalité des chances varie avec le contexte national, régional ou local.

26. La Commission propose donc l'adoption d'une Résolution par le Conseil et les représentants des gouvernements des États membres réunis au sein du Conseil sur l'égalité des chances des personnes handicapées, dont un projet figure en annexe à la présente communication. Le projet de Résolution est explicitement fondé sur le respect de la diversité des systèmes au sein de l'Union européenne et sur la valeur ajoutée que garantirait l'adoption d'orientations communes vers un socle commun d'objectifs politiques. Il s'agit d'exprimer l'engagement solennel des États membres - tant individuellement que collectivement - au sein du Conseil et au niveau de la Communauté à poursuivre l'objectif d'égalisation des chances et de non-discrimination en matière de handicap.

27. Bien que la Résolution corresponde à l'adoption des Règles des Nations unies sur l'égalisation des chances des personnes handicapées, qui font autorité, il ne s'agit pas simplement de reprendre in extenso le contenu de ces règles ou les engagements déjà pris par les États membres au sein des Nations unies.

28. Bien que les Règles ne soient pas obligatoires au sens juridique strict du terme, elles impliquent néanmoins un engagement moral et politique de la part des Etats membres. Les Règles invitent également les États à coopérer dans la mise au point d'une politique visant à instaurer l'égalité des chances pour les personnes handicapées.

29. Cette Résolution devrait par conséquent servir de cadre de référence pour l'échange structuré d'informations utiles entre les États membres, comme plate forme en faveur de la clarification d'objectifs communs et de l'identification de meilleures pratiques, et comme guide pour la mise au point et l'évaluation de mesures appropriées au sein des États membres et dans le domaine de compétence propre à la Communauté européenne.

30. Pour sa part, la Commission estime que l'implication du niveau communautaire peut apporter une valeur ajoutée considérable aux efforts de réflexion demandés aux Etats membres et entre eux. Elle estime de plus que des principes et des objectifs communautaires essentiels sont affectés par la question, notamment la garantie de la liberté de circulation des travailleurs, l'incitation à la mobilité des étudiants, la garantie de la mise en place et du développement du marché intérieur et de l'exercice des droits de la citoyenneté de l'Union, ce qui justifie d'autant plus l'intérêt de la Commission à ce propos. Ceci implique non seulement l'élévation progressive des normes dans le sens de meilleures pratiques au niveau des États membres mais également une mobilisation accrue au niveau de la Communauté.

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4. UNE STRATEGIE COMMUNAUTAIRE POUR L'EGALITE DES CHANCES DES PERSONNES HANDICAPÉES

31. L'évolution graduelle de la pensée en matière de handicap constitue la toile de fond dont la Commission s'est inspirée pour réfléchir sur les principes de sa stratégie.

32. Dans la mesure où la responsabilité principale de l'action dans ce domaine incombe aux Etats membres, ceci implique que la Communauté s'efforce d'apporter le plus possible de valeur ajoutée au processus de réflexion et de changements engagés par les Etats membres. Il est envisagé de le faire selon les axes ci-après.

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i Dialogue politique avec les Etats membres

33. La Commission s'attachera à consolider la coopération précieuse instaurée ces dernières années dans le cadre de HELIOS II avec les États membres et entre eux. À cette fin, la Commission se propose, dans la limite des crédits disponibles, de mettre en place un Groupe de haut niveau de représentants des États membres sur le handicap. L'objectif de ce Groupe serait de passer en revue l'actualité en matière de politiques et de priorités des gouvernements concernant les personnes handicapées, de mettre en commun l'information et l'expérience, et de recommander des méthodes afin d'appréhender l'évolution ultérieure de la situation des personnes handicapées à l'échelle européenne.

34. La Commission a également l’intention de mettre en place un observatoire ou un réseau sur les politiques nationales faisant appel à des experts indépendants dans les États membres. L'objectif de cet observatoire ou de ce réseau serait de clarifier les concepts de base et la terminologie, d’oeuvrer à une compréhension commune, notamment en matière de statistiques, de fournir une base de connaissances précises sur les politiques actuelles, d'apporter une évaluation indépendante des progrès en la matière et de produire d'autres éléments de recherche à valeur ajoutée, utiles et ciblés. Il collaborera avec d'autres observatoires pour développer des synergies dans sa base de connaissances. Les travaux de l’observatoire ou du réseau devraient se révéler extrêmement utiles pour le Groupe de haut niveau et il est envisagé d’établir entre les deux structures des relations de travail qui devraient s’avérer mutuellement bénéfiques. Les recherches de l’observatoire pourraient le cas échéant être complétées et développées dans le cadre des propres programmes communautaires de recherche de la Commission, comme par exemple TIDE, Biomed, selon les besoins qui se feront jour. Dans ce contexte, la prochaine Communication de la Commission sur les activités de recherche et de développement de la Communauté concernant les personnes âgées et les personnes handicapées sera particulièrement intéressante.

35. Dans le but de faciliter le dialogue, la Commission se propose aussi d’organiser au moins chaque année une réunion conjointe entre le Groupe de Haut niveau et le Forum européen des personnes handicapées dont il est question ci après au paragraphe 41.

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ii Dialogue entre partenaires sociaux

36. Durant ces dernières années, le dialogue social s'est de plus en plus consacré à la question de l'emploi et les partenaires sociaux ont fortement soutenu la stratégie pour l'emploi adoptée à Essen et les efforts pour intégrer les citoyens dans le marché du travail et la vie professionnelle.

37. Le Comité du dialogue social et le Comité permanent pour l'emploi peuvent apporter une contribution importante pour le développement de nouvelles initiatives en faveur des personnes handicapées. La Commission invite les partenaires sociaux à développer une coopération particulière sur les questions abordées dans cette communication.

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iii Dialogue avec la société civile et les Organisations Non Gouvernementales (ONG)

38. La Commission a été fortement encouragée par l'intérêt et la participation active de toute une série d'organisations de personnes handicapées dans le processus de coopération à l'échelle européenne, et par le caractère de valeur ajoutée largement reconnu que constitue le soutien européen. Elle a été plus particulièrement encouragée par la participation active des ONG des personnes handicapées à son Forum Social de 1996.

39. La mise en commun d'expériences et de bonnes pratiques dans l'ensemble de l'Union européenne s'est développée au fil des programmes HELIOS successifs grâce à un certain nombre de réseaux coopérant à l'échelle de l'Union sur les questions des handicaps. Plus de 800 partenaires et 80 organisations de dimension européenne ont travaillé ensemble à la fois sur une base sectorielle et collectivement. Ceci a permis de discuter et de clarifier les concepts fondamentaux et de canaliser la diffusion étendue de bonnes pratiques. Cela a en outre donné aux Organisations Non Gouvernementales travaillant dans ce domaine les moyens de participer de façon plus efficace au processus démocratique et a renforcé leur assurance et leur conscience des développements européens. Le programme HELIOS II en cours doit s'achever fin 1996. Le rapport final d'évaluation établi par des sources indépendantes doit être prêt au milieu de 1997. Citons comme bon exemple d'HELIOS II les "Guides de bonnes pratiques" qui seront publiés avant la fin de la présente année sous les auspices de la Commission concernant l'intégration économique, sociale et dans l'enseignement des personnes handicapées.

40. Pour autant que le budget communautaire le permette, la Commission entend poursuivre son soutien aux organisations travaillant dans le domaine des personnes handicapées pour favoriser la coopération européenne. Le critère essentiel à cet égard sera la contribution apportée à la promotion de l'égalité des chances au niveau européen.

41. La Commission se félicite également de la mise en place récente du Forum européen des personnes handicapées, organisme indépendant qui réunit les organisations de personnes handicapées de tous les États membres dans la représentation de la grande majorité des intérêts des personnes handicapées de l'Union européenne. Ses statuts ont été signés par les Organisations Non Gouvernementales européennes et les Conseils nationaux participant au programme HELIOS II. Ce nouveau Forum aura la possibilité de travailler en coopération étroite avec les institutions européennes sur une base dynamique. La Commission s'est engagée à coopérer activement et à rencontrer régulièrement le Forum européen en vue de consolider la coopération développée avec un large éventail d'Organisations Non Gouvernementales au cours de ces dernières années.

42. Sensibiliser sur les évolutions à travers les Etats membres et au niveau communautaire demeure une priorité pour la Commission. Ceci pourrait être poursuivi, notamment à travers l'organisation des journées d'information nationales qui ont lieu dans chaque Etat membre et en continuant à publier des revues telles que Helioscope (publiée en onze langues officielles) et Heliosflash (publiée en trois langues officielles) qui atteint l'objectif de quelque 40 000 lecteurs. Un trait caractéristique d'Helioscope est le grand nombre d'articles normalement rédigés par des personnes handicapées. Helioscope s'est hissé au rang de publication appréciée et "demandée", destinée à des personnes handicapées et réalisée par elles, et satisfaisant un besoin auquel il conviendrait de continuer à répondre.

43. L'institution, chaque année, d'une Journée européenne des personnes handicapées a aussi contribué de façon positive à renforcer la conscience du public et à donner une dimension européenne à la coopération dans ce domaine. De nouveau, dans la mesure où le budget communautaire le prévoit, la Commission a l’intention de continuer à soutenir une Journée européenne chaque année en partenariat avec le Parlement européen et d'autres institutions de la Communauté.

44. La Commission a également relevé l’existence d’une nouvelle dynamique née de l'instauration entre de nombreuses collectivités locales et régionales et des Organisations Non Gouvernementales et les partenaires sociaux de partenariats visant à créer des environnements favorables aux personnes handicapées. Les réseaux embryonnaires de telles collectivités municipales et locales évoluent à présent, comme par exemple dans le cadre de la Déclaration de Barcelone (1995). Le Comité économique et social, le Comité des régions, d'autres organismes appropriés comme les Organisations Non Gouvernementales seront consultés sur les possibilités ultérieures de ces développements dans les zones urbaines et rurales et le rôle de la Commission dans l'apport éventuel d'une valeur ajoutée.

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iv Inclusion de la question du handicap dans la formulation des propositions de politiques communautaires

45. La Commission a pris des mesures pour renforcer les mécanismes internes et engager toutes les directions générales concernées à s'associer à un groupe inter-DG sur le handicap à l'échelle de l'institution, et ce afin de renforcer la prise de conscience de ces questions et de favoriser une coopération intersectorielle plus grande au sein de la Commission dans ce domaine. Dans cette dernière structure, la Commission passera en revue la gamme des initiatives possibles dans divers secteurs de politique, et notamment pour ce qui concerne plus particulièrement la recherche, l'éducation et les transports. La Commission cherchera également à prendre l’avis des ONG sur les initiatives et les propositions de la Commission qui touchent les personnes handicapées.

46. Un point de principe important découle des propositions susmentionnées, à savoir que l’ensemble des débats stratégiques sur les mutations de notre société et l'adaptation en temps utile des politiques devraient prendre également en considération la situation des personnes handicapées. Deux questions stratégiques d’actualité revêtent notamment une importance particulière dans le domaine du handicap à savoir l'emploi et la Société de l'Information.

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v Inclusion: la stratégie pour l'emploi arrêtée à Essen

47. Le Programme d'action sociale à moyen terme (1995-1997) de la Commission comporte déjà un engagement portant sur la présentation d'une stratégie d'emploi cohérente des personnes handicapées sous forme d'une communication en 1997. Certains éléments de base de cette stratégie sont déjà en place. Dans le Rapport unique de 1995 et dans le Rapport intérimaire de 1996, la Commission et le Conseil se sont mis d'accord sur les objectifs structurels de la stratégie pour l'emploi. Un de ces objectifs est l'engagement de prévenir le chômage de longue durée. Cet engagement, une fois mis en pratique, aura une grande importance pour les personnes handicapées dans la mesure où celles-ci encourent des risques supérieurs en matière de chômage de longue durée et par conséquent d'exclusion. Dans le cadre de la préparation du Rapport unique pour le sommet de Dublin, la Commission prendra l'initiative de renforcer les mesures en faveur de la prévention du chômage de longue durée et pour l'intégration des personnes handicapées dans la vie professionnelle.

48. Les partenaires sociaux seront invités par la Commission à établir une position commune en matière de bonnes pratiques dans ce domaine. Le rapport de la Commission sur l'emploi pour 1997 comportera pour la première fois un chapitre spécialement consacré aux personnes handicapées. En outre, la Commission procède activement à l'heure actuelle à un tour d'horizon en matière d'emploi et de développement de carrière des personnes handicapées dans ses propres services. Cet examen sera achevé avant la fin de 1996.

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vi Inclusion: Les Technologies de l'Information et des Communications

49. La Commission cherche activement à étudier les possibilités d'exploiter tous les aspects de la Société de l'Information dans l'instauration de l'égalité des chances des personnes handicapées et l'amélioration de leurs conditions de vie et de travail. Ces questions sont déjà traitées de façon générale dans le livre vert de la Commission sur la vie et l'emploi dans la société de l'information "Les personnes d'abord". La Commission mettra en place un groupe ad hoc interne pour mener cette tâche à bien et en lui donnant pour mandat d'étudier les possibilités de mettre en oeuvre une initiative spéciale au niveau européen dans ce domaine en s'inspirant des expériences acquises en l'occurrence jusqu'à présent, par exemple dans le cadre du programme TIDE. Les travaux se fonderont sur un examen des bonnes applications des Technologies de l'Information et des Communications (TIC) en faveur des personnes handicapées et les possibilités supplémentaires d'économies d'échelle qu'induiraient des TIC plus accessibles et plus utiles aux personnes handicapées.

50. Le Forum européen des personnes handicapées sera invité à contribuer à cette réflexion durant la période de consultation du livre vert, soit jusqu'à la fin 1996. Il a de même déjà été invité à fournir son opinion sur les besoins prioritaires en matière d'emploi.

51. Une base spécialisée de données informatisées dénommée Handynet a été développée sous le programme HELIOS II et met à la disposition des personnes handicapées et des professionnels de la réadaptation 50 000 entrées à des fins d'information sur les aides techniques. Ce système, qui existe en douze langues sur CD-Rom (disque optique compact), est accessible dans des centres désignés dans les États membres. La Commission estime que la question de l'accès élargi à ce système et tout accroissement de son champ d'application devraient être soigneusement étudiés, notamment en étudiant les avantages potentiels de son raccordement au réseau Internet.

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vii Inclusion: les Fonds Structurels

52. Depuis 1989, date à laquelle les Fonds Structurels de la Communauté européenne se sont transformés en un instrument significatif de planification et de développement, les Fonds ont eu pour double objectif la cohésion économique et sociale dans toutes les régions de la Communauté. La création d'emplois est considérée comme une priorité particulière.

53. Au cours de la période couverte par le programme actuel, c'est-à-dire de 1994 à 1999, les Fonds Structurels, et en particulier le Fonds social européen (FSE), constituent l'instrument financier le plus important au niveau communautaire pour l'amélioration de la situation des personnes handicapées.

54. Tout au long de la période 1994-1999, le Fonds social européen apportera une aide aux personnes handicapées, essentiellement dans le contexte d'actions de lutte contre l'exclusion sociale sur le marché du travail. L'aide du FSE prévoit des trains de mesures globales ouvrant la voie à l'intégration ou à la réintégration dans le marché de l'emploi des exclus de la société, et notamment des personnes handicapées. Des trains de mesures intégrées comportent des services d'orientation et de conseil, des aides aux personnes désireuses de travailler pour leur propre compte, des subventions de salaires, des stages professionnels etc. Ces actions se déroulent principalement dans le cadre des Objectifs 1 (régions les moins développées) 2 (régions en retard de développement) et 3 (mesures horizontales). Un total de 5,5 milliards d'écus est spécifiquement affecté à la lutte contre l'exclusion au cours de la période 1994-1999. Il ressort des documents de programmation des Etats membres que le groupe des personnes handicapées constitue l'une des principales cibles des actions de lutte contre l'éviction du marché du travail.

55. En plus de ces activités des programmes structurels "ordinaires", dans le cadre de l'initiative communautaire EMPLOI, un volet distinct (HORIZON) a été mis en place pour traiter spécifiquement de l'intégration des personnes handicapées dans le monde du travail et soutenir la mise en oeuvre de projets innovateurs transnationaux associant ces personnes. Pour la période de 1994 à 1999, une somme de 513 millions d'écus a été allouée à EMPLOI-HORIZON. Une nouvelle série de recherches pour la période 1997-1999 sera lancée dans les États membres vers la fin de 1996. Dans ce contexte, la Commission se félicite qu'un grand nombre des réseaux mis en place dans le cadre d'HELIOS II soient à présent devenus des partenaires actifs des initiatives EMPLOI-HORIZON.

56. La Commission prend des mesures pour garantir que ces ressources financières considérables seront mises en oeuvre de façon aussi efficace que possible et perçues comme partie intégrante de la stratégie de la Communauté européenne concernant les personnes handicapées. Un effort particulier d'information a été déployé pour donner une plus grande résonance à l'initiative HORIZON. Une conférence européenne spéciale sera organisée par la Commission en 1997 pour faire l'inventaire des initiatives prometteuses et étudier les moyens d'introduire à l'avenir dans la vie quotidienne de bonnes politiques et de bonnes pratiques.

57. L'initiative communautaire URBAN peut aussi contribuer à améliorer la situation des personnes handicapées. Avec un montant de 850 millions d'écus, elle vise à régénérer les zones urbaines déshéritées, avec des actions de soutien éventuelles à des groupes défavorisés, notamment des personnes handicapées.

58. Dans le cadre de l'examen intermédiaire des Fonds structurels, la Commission essaiera prochainement d'évaluer l'importance et l'impact des actions concernant les personnes handicapées. En outre, elle attirera également l'attention des États membres sur la nécessité d'associer plus activement les groupes de personnes handicapées à la mise en oeuvre et au suivi des actions des Fonds Structurels.

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CONCLUSION

59. La présente communication a dressé le bilan de l'évolution des politiques dans le sens d'un plaidoyer pour l'égalité des chances des personnes handicapées fondée sur des droits, à la fois dans les États membres et au niveau de la Communauté. Elle a rappelé les diverses raisons à l'origine de cette évolution et les arguments qui l'ont imposée au niveau du principe et dans la pratique. Valoriser la différence et ménager une place à la diversité de l'humanité constitue un objectif pour tous. Ceci est l'affaire de chacun dans une Europe des citoyens qui s'appuie sur les valeurs d'équité et d'efficience.

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ANNEXE

EVOLUTION POLITIQUE AU NIVEAU DE LA COMMUNAUTÉ EUROPÉENNE
ET AU NIVEAU INTERNATIONAL ÉLARGI

L'évolution de la pensée en matière de handicap vers un cadre se situant dans la perspective des droits a été largement suivie au niveau international au cours des 20 dernières années. Au sein des Nations unies et de leurs différentes agences spécialisées, de même que dans d'autres organisations régionales, l'action en faveur de l'égalité des chances des personnes handicapées fait depuis longtemps l'objet de beaucoup d'attention. Il est significatif que dans une importante Résolution adoptée en 1975 et comportant une déclaration des droits des personnes handicapées, l'Assemblée générale des Nations unies ait souligné que les personnes handicapées possèdent exactement les mêmes droits de l'homme (et les mêmes responsabilités) que toutes les autres personnes.

La désignation de 1981 comme année internationale des personnes handicapées par l'Assemblée générale des Nations unies a inauguré la décennie des personnes handicapées (1983 -1992). Le plus important résultat de l'Année internationale des personnes handicapées a été le Programme mondial d'action des personnes handicapées adopté par l'Assemblée générale en 1982. Enonçant des principes importants dans le domaine de la prévention et de la réadaptation, il soulignait en outre le droit des personnes handicapées à bénéficier des mêmes chances que les autres citoyens et d'une part égale des améliorations des conditions de vie découlant du développement économique et social.

Cette évolution a été cristallisée en 1993 par l'adoption par l'Assemblée générale des Nations unies des Règles pour l'égalisation des chances pour les personnes handicapées. Ces règles ont été établies sur la base de l'expérience acquise pendant la décennie des Nations unies pour les personnes handicapées (1983-1992). Les Règles et les valeurs qu'elles représentent ont été depuis réaffirmées dans des déclarations successives des Nations unies sur les droits de l'homme, notamment la Déclaration et le Programme d'action de Vienne (1993), le sommet et le Programme d’action mondial pour le Développement social adopté à Copenhague (1995) et la Plate-forme d'action adoptée à la Conférence mondiale sur les femmes à Beijing (1995).

Bien que les Règles ne soient pas obligatoires au sens juridique strict du terme, elles impliquent néanmoins un engagement moral et politique de la part des Etats membres. Les Règles invitent également à une coopération entre les États dans la mise au point d'une politique visant à instaurer l'égalité des chances pour les personnes handicapées.

L'Année internationale en 1981 et le programme d'action mondial auquel elle a conduit ont stimulé un intérêt et un engagement accru de la Communauté dans ce domaine. Une série de déclarations et de résolutions faisant autorité dans ce domaine ont été adoptées par le Conseil tout au long des années 80 et au début des années 90. Une importante Résolution du Conseil et des représentants des gouvernements des États membres réunis au sein du Conseil concernant l'intégration sociale des personnes handicapées dans la Communauté européenne a été adoptée le 21 décembre 1981.

Une recommandation sur l'emploi des handicapés dans la Communauté a été adoptée le 24 juillet 1986. Elle invitait les États membres à "prendre toutes mesures appropriées en vue d'assurer le traitement équitable des handicapés en matière d'emploi et de formation professionnelle" et à poursuivre les politiques prévoyant l'élimination des discriminations auxquelles se heurtaient les travailleurs handicapés. Cette recommandation définissait également un cadre d'orientation pour les actions positives. Une autre Résolution a été prise par le Conseil et les ministres de l'éducation réunis au sein du Conseil le 31 mai 1990 concernant l'intégration des enfants et des jeunes affectés d'un handicap dans les systèmes d'enseignement ordinaires.

Les programmes HELIOS (1988 - 1992) et HELIOS II (1993 -1996) ont été conçus pour fournir une plate-forme de coopération entre les Etats membres et stimuler les échanges dans les domaines de l'intégration économique et sociale, de l'égalité des chances et de la vie autonome, à travers une série de moyens généraux et spécifiques.

En outre, les fonds structurels, en particulier le Fonds Social Européen, ont joué et jouent encore un rôle important dans l'action de l'Europe en faveur de la promotion de l'égalité des chances des personnes handicapées. Leurs documents de mise en oeuvre pour les années 1994-1999 (cadres communautaires d’appui ou documents uniques de programmation) comportent des mesures qui sont soit destinées directement aux personnes handicapées soit utilisables par elles. L'Initiative communautaire pour l'emploi comporte un programme spécifique (HORIZON) entièrement consacré à la réintégration socioprofessionnelle des personnes handicapées.

Il existe également d'autres initiatives importantes pour les personnes handicapées, notamment en matière de RDT (Recherche et Développement Technologique) comme TIDE (Initiative technologique communautaire en faveur des personnes handicapées et des personnes âgées), Leonardo (programme d'action pour la mise en oeuvre d'une politique de formation professionnelle dans la Communauté européenne), Socrates (partenariats et échanges entre établissements scolaires et universités). Comme l'étude HEART (Activités européennes horizontales dans les technologies de la réadaptation) au sein de TIDE l'a démontré, des services modèles peuvent être conçus pour les différents États membres, mais il conviendrait de promouvoir un minimum de convergence dans les normes pour offrir des possibilités de même niveau pour les personnes handicapées et renforcer la position concurrentielle des fabricants européens. ESPRIT, le programme des technologies de l'information, y contribue, par exemple avec les projets INTER (mise au point de membres artificiels en interaction directe avec le système nerveux de l'homme) et SCATIS (ouïe virtuelle, dont les résultats peuvent aider les personnes ayant des problèmes auditifs).

Une prochaine communication de la DG XIII vise à définir une approche holistique de la recherche et du développement pour les besoins et le potentiel des personnes âgées et les personnes handicapées. Cette communication devrait définir un calendrier de recherches visant à dégager des connaissances de nature à aider à l'information des décideurs face aux défis et aux possibilités économiques et environnementaux d'une population européenne vieillissante et comptant de plus en plus de personnes handicapées.

Le programme SPORT comporte également un sous-programme spécifique pour les personnes handicapées. Depuis 1992, date d'établissement du Plan d'actions communautaires en faveur du tourisme, les personnes handicapées sont considérées comme une catégorie de touristes ayant besoin d'une attention particulière, dans la mesure où tourisme et loisirs contribuent à l'intégration sociale des personnes handicapées. Il convient également de faire mention du livre vert de la Commission “Un réseau pour les citoyens” qui traite également de la question des personnes à mobilité réduite.

Il faut enfin signaler qu’au niveau élargi du continent, le Conseil de l'Europe, par son importante Résolution R(92)6 d'avril 1992 a également élaboré un modèle intéressant pour ses Etats membres afin de promouvoir l'égalité des chances des personnes handicapées.

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