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Établir le système de comptes nationaux - stratégie


Cet article fait parti d’un ensemble d’articles visant à expliquer en détail comment des producteurs de statistiques tels que des instituts statistique nationaux et internationaux, peuvent bâtir un système de comptabilité nationale (SCN) cohérent, particulièrement dans les pays en voie de développement. Ces articles ont comme base commune le manuel officiel d’Eurostat "SCN Essentiel: Établir les bases" et se concentrent surtout sur les phases initiales de sa mise en œuvre.

Les Stratégies nationales de développement de la statistique (SNDS) et les phases principales de leur élaboration sont présentées dans la première section de l'article. La deuxième section présente la stratégie de mise en œuvre de la comptabilité nationale et les principales mesures prises pour y parvenir.

Article complet


Stratégies nationales de développement de la statistique (SNDS)

Graphique 1: Qu’est-ce que PARIS 21? - Source: Paris 21, http://www.paris21.org

Les statistiques sont importantes car elles servent à étayer l’élaboration de politiques en faveur de la croissance économique, à guider l’affectation des ressources, à contrôler les progrès nationaux et à rendre les activités du gouvernement plus transparentes.

Graphique 2: Tableau récapitulatif de la situation de la SNDS pour les pays de l’Association internationale de développement (AID) (situation en novembre 2011),
Source: National Strategies for Development of Statistics, Progress Report, novembre 2011, http://paris21.org/sites/default/files/NSDS_report_nov2011.pdf

Dans de nombreux pays en développement, le système statistique est fragile et soumis à de plus en plus de pressions, principalement à cause des demandes croissantes des utilisateurs nationaux et internationaux et de la quantité limitée de ressources disponibles, tant au niveau technique qu’humain, ce qui diminue souvent la fiabilité et l’intégrité des données fournies. De plus, faisant partie d’une administration publique, l’institut national de la statistique dispose d’un budget restreint mais doit tout de même être efficace et productif.

Pour garantir une gestion efficace des activités statistiques dans ces circonstances, il est indispensable d’avoir une image claire des développements et de les intégrer à la planification stratégique.

Un certain nombre d’initiatives et de systèmes favorisant des meilleures pratiques statistiques et servant de cadre pour la planification stratégique ont été développés ces dernières années par les organisations internationales. Ils sont destinés à aider les pays à élaborer une stratégie statistique réaliste. Parmi ces derniers, il est important de relever:

  • les Principes fondamentaux de la statistique officielle, adoptés par la Commission de statistique de l’ONU, qui définissent des recommandations sur les valeurs et principes fondamentaux à suivre pour produire des statistiques utiles et de haute qualité considérées comme fiables par les utilisateurs des données;
  • élaboration et promotion par le Fonds monétaire international du Cadre d’évaluation de la qualité des données (CEQD), qui fournit une structure plus détaillée pour l’évaluation de la qualité des statistiques, du cadre institutionnel à la diffusion de données;
  • les Indicateurs de renforcement des capacités statistiques de PARIS21 (IRCS), basés sur le CEQD, aident les pays à identifier les forces et les faiblesses de leur système statistique national et facilitent la communication et la coordination entre les partenaires du développement en fournissant des repères communs pour évaluer les besoins des pays en termes de capacité statistique (voir le Graphique 3);
  • d’autres cadres internationaux, régionaux ou sectoriels contribuent au renforcement de la capacité et de la production du Système statistique national, y compris le Programme statistique pluriannuel intégré (MISP) développé par l’institut de statistiques de l’Union européenne, Eurostat, en collaboration avec les pays d’Europe orientale et les membres de la Communauté d’États indépendants.
Graphique 3: Outils offerts par PARIS21 pour préparer une SNDS, Source : Paris 21

Élaboration d’une SNDS

L’approche des Stratégies nationales de développement de la statistique (SNDS) a été adoptée en tant que nouvelle référence pour la planification du renforcement de la capacité statistique en réponse aux besoins et aux priorités en constante évolution des utilisateurs. Une SNDS est supposée apporter à un pays une stratégie pour renforcer sa capacité statistique à l’échelle de l’ensemble du système statistique national (y compris la comptabilité nationale). La SNDS énonce une vision de l’état escompté du SSN dans cinq ans et définit des jalons pour y parvenir, en offrant un cadre global et unifié pour évaluer les besoins des utilisateurs et la capacité statistique, et pour décider des priorités.

Sauf pour les quelques pays qui ne sont pas en plein processus de SNDS (la plupart d’entre eux étant des pays en situation particulière, comme des États fragiles ou des petites économies insulaires), la principale préoccupation des pays dans l’immédiat est la façon de mettre en œuvre une SNDS par le biais d’un processus de planification stratégique flexible et bien géré permettant à la fois de renforcer la capacité statistique et de générer les données nécessaires pour appuyer leurs progrès.

Avant de mettre en place une SNDS, une analyse des forces et des faiblesses du système statistique national doit être effectuée. L’analyse est axée sur les éléments suivants:

  • le cadre institutionnel et les processus de prise de décisions relatifs aux statistiques officielles (y compris les instruments de coordination des producteurs et la protection de la confidentialité);
  • l’infrastructure statistique (diffusion, réseaux avec les utilisateurs et les répondants, répertoires statistiques, capacité d’analyse, etc.);
  • la capacité à mener des enquêtes auprès des ménages et des entreprises comme dans le cadre d’une collecte régulière des données;
  • l’accès aux données administratives;
  • la capacité à intégrer différentes sources de données (par exemple pour les indicateurs de comptabilité nationale ou des objectifs du Millénaire pour le développement);
  • le personnel et son niveau de compétence;
  • la capacité à développer des outils informatiques pour les statistiques;
  • la capacité à participer à des activités internationales et à intégrer les activités financées par des donateurs internationaux dans les programmes nationaux;
  • la confiance des utilisateurs dans l’intégrité de l’institut national de la statistique (INS) (et dans les autres producteurs) et dans la qualité des résultats produits.

Les phases principales de l’élaboration de la SNDS sont les suivantes :

  1. Phase I: Lancement du processus (feuille de route de la conception de la SNDS)
    La première phase est primordiale pour l’élaboration de la SNDS. Dans certains pays, la décision de mettre en œuvre la SNDS doit être prise formellement par le gouvernement, par exemple, par une décision du Conseil des Ministres ou du ministre chargé des statistiques. Une fois la décision prise, les instituts qui gèrent la préparation de la SNDS doivent établir un programme, ou une feuille de route, qui définit en détail ce qui doit être fait, par qui, et quand et comment sera financé le projet.
  2. Phase II: Évaluation de la situation actuelle du Système statistique national
    Une fois que le cadre légal a été défini, plusieurs domaines du SSN doivent être évalués. Les principaux domaines à analyser sont : les besoins des utilisateurs, le cadre institutionnel et légal, la coopération, les mécanismes de coordination, les lacunes existantes (méthodologiques ou dans la qualité des données) en matière d’établissement des données statistiques et enfin la capacité statistique à mettre en œuvre de nouvelles activités.
  3. Phase III: Développement de la vision et identification des options stratégiques
    En fonction de l’évaluation statistique, les résultats souhaités sont convenus et les priorités sont définies.
  4. Phase IV: Préparation du plan de mise en œuvre
    Cette phase définit les ressources à allouer pour la mise en œuvre et les actions principales qui seront entreprises par l’institut de statistiques.
  5. Phase V: Mise en œuvre, contrôle et évaluation
    À cet égard, le plus important est de considérer la SNDS comme un processus en constante évolution. Pour être efficace, le système statistique doit rester flexible et pouvoir répondre aux nouvelles demandes de données et s’adapter à un environnement changeant. Des mécanismes pour contrôler et évaluer les progrès, réviser la stratégie et y apporter des modifications (si nécessaire) doivent être développés pour garantir le succès de la SNDS à long terme.

Sensibilisation aux statistiques

Le succès d’une SNDS dans les pays en développement est influencé par le travail de sensibilisation mené par les dirigeants des instituts de statistiques.

Une SNDS bien conçue, bien mise en œuvre et bien financée entraînera une meilleure utilisation des statistiques, une meilleure prise de décisions et des meilleurs résultats en matière de développement. La SNDS est une bonne occasion de sensibiliser aux statistiques les parties prenantes, en particulier pendant l’étape de conception. C’est durant cette phase que des questions importantes (propriétés, acteurs impliqués, soutien politique, assistance technique et financière) se posent et que la nécessité de sensibilisation est la plus forte. Le niveau d’engagement des dirigeants politiques variera selon la configuration politique et le processus de prise de décisions. Toutefois, plus tôt les dirigeants politiques seront impliqués dans le processus, mieux ce sera.

La sensibilisation aux statistiques est un moyen de convaincre les décideurs, les médias, la société civile et les représentants des agences multilatérales et bilatérales de l’importance des statistiques dans le contexte plus large du développement et en particulier de la nécessité pour les pays en développement de disposer d’une SNDS en tant qu’outil d’amélioration du SSN.

Les principales étapes d’élaboration des stratégies de sensibilisation aux statistiques sont les suivantes :

  1. Décider des objectifs pour lesquels une sensibilisation est nécessaire
    De nombreux changements et améliorations peuvent être nécessaires dans l’institut de statistiques, mais l’approche sera plus efficace si elle se concentre sur quelques-uns (peut-être cinq ou six) des plus souhaitables pour la mise en œuvre de la SNDS. Ces résultats sont la base de la stratégie de sensibilisation.
    Quelques exemples d’objectifs possibles:
    • élaborer une SNDS;
    • mettre en œuvre le plan d’action développé dans le cadre de la SNDS;
    • obtenir des fonds pour le développement de statistiques sociales, comme présenté dans la SNDS;
    • produire des statistiques de bonne qualité en temps voulu dans l’ensemble du SSN;
    • développer les compétences et les capacités du personnel dans l’ensemble du SSN;
    • développer les plans de travail et la stratégie de financement du SSN;
    • améliorer les utilisations des statistiques, etc.
  2. Identifier les facteurs sociaux, politiques, économiques et institutionnels pour atteindre les objectifs proposés
    L’analyse de la situation actuelle dans l’institut de statistiques et dans le pays permet d’identifier les facteurs positifs et négatifs qui peuvent avoir un impact sur la réalisation des objectifs. Le Graphique 4 présente des facteurs possibles.
  3. Identifier les organisations et les individus (internes et externes) pouvant aider au changement ou à l’amélioration
    Dans de nombreux cas, la mise en place des changements ou améliorations souhaités exige du personnel ou des fonds supplémentaires. L’INS peut demander des fonds supplémentaires directement au ministre des finances et aux donateurs et/ou indirectement par l’intermédiaire des médias et des groupes de la société civile intéressés par l’amélioration des statistiques.
  4. Décider des messages qui attireront l’attention des organisations et des individus
    Le type d’organisation à laquelle vous demandez des fonds influence le contenu des messages que l’INS doit créer et communiquer. Une grande variété de messages peuvent être transmis; le Graphique 5 en présente une sélection.
  5. Définir les manières de transmettre les messages
    Les meilleures manières de transmettre ces messages aux publics cibles sont déterminées en tenant compte du profil particulier de chaque public et des façons dont ces derniers peuvent appuyer les objectifs de l’institut de statistiques. Les meilleures possibilités d’approche dans chaque cas sont indiquées dans le Graphique 6.
Graphique 4: Facteurs ayant un impact sur les objectifs proposés - Source: Advocating for the National Strategy for the Development of Statistics, Paris 21, OCDE, mai 2010


Graphique 5: Messages de sensibilisation - Source: Advocating for the National Strategy for the Development of Statistics, Paris 21, OCDE, 2010


Graphique 6: Manières de transmettre les messages - Source: Advocating for the National Strategy for the Development of Statistics, Paris 21, OCDE, mai 2010

L’approche stratégique offre une manière de penser et d’agir utile pour les dirigeants lors du développement du processus de sensibilisation aux statistiques nécessaire à l’élaboration et à la mise en œuvre d’une SNDS réussie.

L’objectif fondamental de la SNDS est la mise en œuvre ou le développement de la comptabilité nationale. Partie intégrante de la stratégie générale, la stratégie SCN est basée sur les conditions existantes; cependant, elle a un impact décisif sur l’ensemble du système statistique. Son rôle principal dans le SCN est de constituer un cadre de coordination pour les statistiques dans la mesure où:

  • elle garantit la cohérence des définitions et des classifications utilisées dans différents domaines des statistiques;
  • les exigences méthodologiques de comptabilité nationale requièrent un développement des statistiques (par exemple, en réponse à la nécessité d’estimer le taux de croissance de l’économie basé sur le PIB à prix constants, un système de prix est mis en œuvre et développé dans le système statistique);
  • elle établit un cadre comptable et garantit la cohérence numérique des données de différentes sources (statistiques et administratives); ainsi, les erreurs dans les calculs des indicateurs statistiques peuvent être détectées;
  • les demandes d’harmonisation du SCN détermineront la nature des révisions et améliorations apportées à tous les systèmes statistiques connexes, comme les statistiques financières ou les statistiques de la balance des paiements.

La stratégie de mise en œuvre du SCN 2008

Graphique 7: La stratégie de mise en œuvre du SCN

Le Système de comptabilité nationale 2008 sert de cadre conceptuel général pour l’établissement des comptes nationaux. Les modes de mise en œuvre du système varient fortement et dépendent de la stratégie générale adoptée pour le système statistique. Une stratégie de mise en œuvre du SCN se compose des phases suivantes (les phases sont présentées dans le Graphique 7):

  1. Phase A: Buts et objectifs
  2. Phase B: Organisation
  3. Phase C: Établissement
  4. Phase D: Diffusion

Phase A: Buts et objectifs

La première étape de la stratégie consiste à définir les buts et les objectifs pour la mise en œuvre du SCN 2008. Le but général est la mise en œuvre du SCN tandis que les objectifs se rapportent aux résultats spécifiques à atteindre pendant une période définie (3 à 5 ans).

La décision au sujet des objectifs qu’un pays souhaite atteindre doit être basée sur une analyse approfondie de la situation locale. Il convient de présenter certains facteurs importants à prendre en considération lorsque vous décidez des objectifs à atteindre:

  • la capacité statistique du pays à fournir les sources de données requises pour l’établissement des comptes nationaux;
  • les ressources humaines (le nombre et le niveau de connaissances) capables de mettre en œuvre et de développer les comptes nationaux;
  • la possibilité d’utiliser les données financières (c.-à-d. les comptes d’entreprise) du secteur formel et la capacité à traduire ces informations en indicateurs de comptabilité nationale par activité ou secteur institutionnel;
  • la structure de l’économie, en particulier l’étendue du secteur informel et la capacité à le couvrir avec les sources de données existantes.

En général, la mise en œuvre du SCN commence par l’établissement du PIB selon les optiques de la production et des dépenses, car certaines des sources de données nécessaires existent dans presque tous les pays et le résultat, le PIB, représente l’indicateur de comptabilité nationale le plus important.

La décision de mettre en œuvre le SCN est basée sur :

  • La disponibilité des sources de données étayant sa mise en œuvre. Les premières estimations des indicateurs de comptabilité nationale se rapporteront à une période passée pour laquelle les données doivent être utilisées telles quelles, car les sources ne peuvent pas être améliorées et il n’est pas possible d’en mettre en place de nouvelles. C’est seulement après 2 ou 3 ans, quand les besoins en termes de comptabilité nationale ont été clarifiés à partir de l’expérience acquise, que les sources de données peuvent être améliorées. Les sources de données et les besoins des utilisateurs détermineront également la ventilation des indicateurs de comptabilité nationale par branche d’activité, par secteur institutionnel ou par région géographique.
  • La capacité institutionnelle de l’unité chargée de la mise en œuvre du SCN.
  • Les besoins des utilisateurs nationaux et internationaux en termes d’indicateurs de comptabilité nationale.

Pour de nombreux pays, la mise en œuvre complète du SCN n’est pas réalisable en raison de la non disponibilité de certains (ou beaucoup) des éléments décrits ci-dessus. De plus, la mise en œuvre du SCN implique la collecte et le traitement des données, ce qui ne correspond peut-être pas aux priorités politiques d’un pays à un moment donné. Pour toutes ces raisons, les pays qui mettent en œuvre le SCN pour la première fois doivent décider des objectifs qu’ils souhaitent atteindre ; pour les aider dans cette tâche, ils peuvent s’appuyer sur les six “jalons” adoptés par la Commission de statistique de l’ONU (voir Graphique 8).

Graphique 8: Différentes étapes de la mise en oeuvre des comptes nationaux

Les jalons représentent les six phases pour parvenir à la mise en œuvre complète du SCN. Un pays a atteint un jalon particulier quand il est en mesure de produire une combinaison de tableaux clés, définis pour chaque jalon. Les résultats spécifiques de la mise en œuvre du SCN reflètent la capacité du pays à produire des données de comptabilité nationale. Trois ensembles de données ont été développés pour évaluer la couverture de la comptabilité nationale selon le SCN 1993. Le premier est une série de comptes minimaux. Il s’agit de comptes annuels qui regroupent pour l’essentiel les comptes recommandés dans les étapes 1 et 2. Le deuxième est une série de comptes recommandés; cette série comprend des comptes annuels dont l’établissement est ‘recommandé’ à tous les pays ainsi qu’un certain nombre de comptes trimestriels ‘recommandés’ en raison de leur importance pour l’évaluation de l’évolution d’une économie. Le troisième ensemble de données est une série de données souhaitées, c’est-à-dire de données utiles, qu’il faut établir dans la mesure du possible. En outre, la série de données recommandées et la série de données souhaitées facilitent l’évaluation de la couverture au-delà du seuil des comptes minimaux.

Les ensembles de données du champ et des mesures d’application qui ont été développés et utilisés pour le SCN 1993 conviennent aussi pour le SCN 2008. Toutefois, la nécessité de disposer de renseignements plus rapidement afin de faciliter l’adoption de mesures appropriées met en lumière l’importance d’établir aussi une comptabilité nationale trimestrielle, laquelle exige quelques modifications de la couverture, ainsi qu’il ressort des séries de données requises.

Les comptes minimaux définis pour la mise en œuvre du SCN 2008 prennent en compte la demande des utilisateurs en incluant les comptes trimestriels du PIB nominal et réel par branche d’activité ou par élément de dépense et l’établissement de comptes intégrés trimestriels jusqu’à la capacité de financement pour l’ensemble de l’économie et le reste du monde. Les comptes minimaux ont également été étendus à l’établissement de comptes annuels du secteur institutionnel jusqu’à la capacité de financement pour les secteurs des entreprises, des administrations publiques, des ménages et des institutions sans but lucratif fournissant des services au secteur des ménages, la compilation de ces comptes étant désormais recommandée sur une base trimestrielle. Le Graphique 9 présente les comptes minimaux ajustés recommandés et les séries de données souhaitables.

Graphique 9: Couverture de la mise en œuvre du Système de comptabilité nationale de 2008: séries de données

La mise en œuvre du SCN 2008 a des objectifs différents selon le jalon qu’un pays souhaite atteindre. Voici des objectifs possibles pour un pays qui commence à établir les comptes nationaux:

  1. l’estimation du produit intérieur brut (PIB) selon les optiques de la production et des dépenses, par branche d’activité; Les principaux résultats de cet objectif sont les suivants:
    • la valeur en prix courants et en prix constants du produit intérieur brut (PIB) et de ses éléments, estimée selon les optiques de la production et des dépenses;
    • la production, la consommation intermédiaire et la valeur ajoutée brute (VAB) par branche d’activité.
      Cet objectif correspond au jalon 1 et permet au pays de réaliser une partie des EMDR (tableaux 1.1, 1.2, 2.1, 2.2) (voir le Graphique 9).
  2. l’estimation des comptes du reste du monde, ce qui signifie répondre au tableau T4.2;
  3. l’estimation du revenu national brut (RNB) et d’autres indicateurs primaires comme: la rémunération des salariés, les revenus mixtes, les impôts sur la production;
  4. l’emploi par branche d’activité;
    Ces objectifs correspondent au jalon 2 et permettent au pays de réaliser l’essentiel de l’ensemble minimal de données requises.
    La poursuite du développement des comptes nationaux implique de nouveaux objectifs, tels que:
  5. l’estimation des tableaux des ressources et des emplois (TRE), du compte de production et du compte d’exploitation par secteur institutionnel;
  6. l’estimation de la séquence complète des comptes pour les secteurs institutionnels; l’estimation des comptes pour le reste du monde;
  7. l’estimation des comptes financiers pour les secteurs institutionnels;
  8. l’estimation des comptes de patrimoine.

Les objectifs sont présentés par ordre croissant de complexité: le premier exige le moins de données, intégrant peu d’égalités (le PIB total selon l’optique de la production est égal au PIB selon l’optique des dépenses; le PIB selon les optiques de la production et des dépenses est égal au PIB selon l’optique des revenus) et révélant un nombre limité d’écarts statistiques (le cas échéant) (en guise d’exemple, la différence entre la valeur du PIB selon l’optique de la production et selon l’optique des dépenses). Plus les objectifs deviennent complexes, plus un nombre important de données sont requises pour les établir. Cependant, les objectifs complexes offrent une description réaliste de la structure et du développement socioéconomiques d’un pays, et ils sont plus adaptés aux fins d’analyse et de détermination des politiques. En particulier, ils diffèrent par leur capacité à intégrer les analyses de la production aux analyses des revenus, financières, fiscales, monétaires, sociales et environnementales et aux politiques qui en découlent.

La décision au sujet des objectifs qu’un pays souhaite atteindre doit être basée sur une analyse approfondie de la situation locale. Il convient de présenter certains facteurs importants à prendre en considération lorsque vous décidez des objectifs à atteindre:

  • la capacité statistique du pays à fournir les sources de données requises pour l’établissement des comptes nationaux;
  • les ressources humaines (le nombre et le niveau de connaissances) capables de mettre en œuvre et de développer les comptes nationaux;
  • la possibilité d’utiliser les données financières (c.-à-d. les comptes d’entreprise) du secteur formel et la capacité à traduire ces informations en indicateurs de comptabilité nationale par activité ou secteur institutionnel;
  • la structure de l’économie, en particulier l’étendue du secteur informel et la capacité à le couvrir avec les sources de données existantes.

En général, la mise en œuvre du SCN commence par l’établissement du PIB selon les optiques de la production et des dépenses, car certaines des sources de données nécessaires existent dans presque tous les pays et le résultat, le PIB, représente l’indicateur de comptabilité nationale le plus important.

Phase B: Organisation

L’élaboration de comptes nationaux pour la première fois constitue une tâche exigeante demandant des ressources importantes et constantes.

La stratégie de mise en œuvre de la comptabilité nationale ne doit pas uniquement prendre en compte les conditions institutionnelles, mais aussi la capacité à fournir les ressources financières et humaines nécessaires, comme expliqué ci-dessous.

Contexte institutionnel

La stratégie de mise en œuvre de la comptabilité nationale est principalement basée sur la volonté politique d’un pays. Par conséquent, il est primordial que le gouvernement s’engage à soutenir à long terme le processus.

Une fois les bases juridiques établies, il est nécessaire de déterminer l’institution qui sera chargée de mettre en œuvre et de développer la comptabilité nationale. Dans certains pays, les comptes nationaux sont établis par l’institut national de la statistique, dans d’autres par la banque centrale ou d’autres agences administratives.

La situation dans chaque pays et son histoire institutionnelle sont des facteurs décisifs lors du choix de l’institution qui aura la responsabilité de mettre en œuvre la comptabilité nationale. Dans beaucoup de pays, c’est l’institut national de la statistique qui est responsable des comptes nationaux. Cela s’explique principalement par sa proximité avec les sources de données statistiques et par le rôle de coordination qui lui incombe généralement selon la législation statistique.

Aspects organisationnels

Quelle que soit l’institution chargée d’établir les comptes nationaux, la question cruciale qui se pose est l’organisation de l’activité. Il est évident qu’une telle tâche exige une organisation appropriée de l’ensemble du processus de comptabilité nationale, de la collecte des données à l’établissement des indicateurs principaux, en passant par l’analyse des données et la traduction en concepts de comptabilité nationale.

Une organisation “efficace” pour garantir de bonnes conditions pour la mise en œuvre du SCN veut dire:

  • organiser le département de comptabilité nationale et décider des principales tâches à effectuer pour l’établissement des comptes nationaux auquel participent l’institut de statistiques et d’autres institutions administratives (par exemple, la préparation des comptes publics par le ministère des finances ou les comptes financiers établis par la banque centrale);
  • mobiliser et développer les ressources humaines;
  • organiser et établir la coopération au sein de l’institut de statistiques et avec les autres institutions administratives pour la collecte ou l’échange des données.
Organisation du département de comptabilité nationale

Dans un petit institut de statistiques, il est conseillé de placer les comptes nationaux au cœur des statistiques économiques. Les données de base nécessaires pour la comptabilité nationale sont variées: elles englobent notamment la production de différentes activités, les statistiques sur le marché du travail, les statistiques sur les ménages, les comptes commerciaux des entreprises, etc. La mise en œuvre des comptes nationaux implique:

  • L’existence des conditions de base: le Répertoire statistique d’entreprises et les classifications.
  • L’élaboration de statistiques importantes, comme les statistiques économiques, les statistiques sur les ménages, les prix, etc.
  • L’instauration d’une coordination et d’une coopération appropriées entre les différents départements de l’institut de statistiques. La coopération doit viser non seulement à garantir les sources de données nécessaires pour l’établissement des comptes nationaux, mais aussi à préparer le terrain pour le développement des statistiques à l’institut. Ainsi, le département de comptabilité nationale peut être relativement modeste, mais s’appuyer sur la participation de spécialistes d’autres départements si nécessaire.
  • L’instauration de la coopération avec d’autres institutions administratives afin d’accéder aux données requises pour l’établissement des comptes nationaux.

Les pays dans la phase zéro de la mise en œuvre du SCN doivent veiller particulièrement à s’assurer que le département est organisé de façon à utiliser efficacement les ressources humaines. L’organisation doit prendre en considération les objectifs principaux, en se concentrant principalement sur l’atteinte de la phase suivante, la phase 1, à savoir la capacité à établir les données du PIB selon les optiques de la production et des dépenses.

Les tâches caractéristiques d’un département de comptabilité nationale sont les suivantes:

  • Collecte des sources de données statistiques et administratives;
  • Traduction des sources de données statistiques et administratives en concepts de comptabilité nationale. Cette tâche peut être effectuée par le département de comptabilité nationale en coopération avec d’autres départements de l’institut de statistiques et avec des experts d’autres institutions comme la banque centrale (pour le secteur financier et le reste du monde) et le ministère des finances (pour les statistiques publiques). Il est important de souligner que très souvent, les membres du personnel du département de comptabilité nationale sont les utilisateurs les plus importants et les mieux informés des données statistiques et administratives;
  • Élaboration des indicateurs de comptabilité nationale;
  • Préparation des publications et des autres documents destinés à diffuser les comptes nationaux;
  • Formulation de propositions et prise de mesures pour améliorer les sources de données et les méthodes d’établissement afin de répondre autant que possible aux exigences du SCN.

La mise en œuvre du SCN est assez complexe; pour garantir un traitement efficace et coordonné des questions méthodologiques, un certain niveau de spécialisation est nécessaire chez les membres du personnel.

La spécialisation du personnel est déterminée par les tâches principales du département de comptabilité nationale. Selon les objectifs définis, les tâches peuvent se rapporter à: l’élaboration du PIB selon les optiques de la production et des dépenses, à prix courants et constants; l’établissement du PIB selon l’optique des revenus; l’élaboration des TRE; l’estimation des comptes des secteurs institutionnels; etc.

L’intégration appropriée des TRE et des comptes sectoriels exige sans aucun doute que les personnes chargées du processus aient un certain niveau de connaissance des exigences méthodologiques du SCN, des pratiques d’établissement, des caractéristiques économiques, etc. Dans ce contexte, les comptables nationaux doivent connaître parfaitement les problèmes théoriques et pratiques posés par le processus d’établissement. Parfois, une personne peut combiner les spécialisations dans l’établissement d’une opération (par exemple, l’estimation de la production et de la consommation intermédiaire de l’administration publique avec l’estimation de la consommation finale du gouvernement). Pour les autres tâches difficiles, comme l’équilibrage, le rapprochement et l’estimation finale des indicateurs de comptabilité nationale, il est conseillé de faire appel à des experts avec de l’expérience et une connaissance approfondie des exigences méthodologiques et des caractéristiques de l’économie. Le Graphique 10 présente une liste de spécialisations possibles d’experts.

Graphique 10: Spécialisations possibles et effectif du personnel dans un département de comptabilité nationale

La liste est basée sur les tâches caractéristiques du département de comptabilité nationale. Le nombre de personnes dépend des objectifs définis pour la mise en œuvre et le développement du SCN, la capacité de l’institut de statistiques (y compris l’expertise du personnel) et la situation actuelle d’un pays (la population, la capacité des unités administratives à fournir des données, etc.).

Graphique 11: Comptes nationaux pour le Malawi - Source: National Accounts Workshop for SADC countries, 16-19 juin 2009, Wind-hoek, Namibie


Graphique 12: Exemple de flux de travail au sein du département de comptabilité nationale

L’organisation du travail au sein du département de comptabilité nationale est basée sur l’effectif du personnel et les tâches considérées comme ayant un impact important sur les résultats. Le Graphique 12 donne un exemple de flux de travail.

En raison d’un manque de ressources humaines et/ou financières, il est possible que le personnel nécessaire ne puisse pas être mobilisé dans les pays en développement souhaitant réaliser l’EMDR. Dans ces conditions, il est important d’adapter l’établissement des comptes nationaux au personnel disponible. Un exemple figure dans le Graphique 11.

Ressources humaines

L’établissement des comptes nationaux exige que le personnel impliqué possède des aptitudes particulières dans différents domaines: statistiques, méthodologie de comptabilité nationale, économie, etc. Pour ces raisons, les personnes chargées du processus doivent avoir le profil suivant:

  • une formation universitaire, si possible en économie ou en statistiques ;
  • de l’expérience professionnelle dans différents domaines économiques;
  • la capacité à comprendre et à appliquer la méthodologie du SCN;
  • une bonne connaissance de la législation économique et des phénomènes économiques dans le pays;
  • une bonne connaissance des indicateurs économiques et sociaux qui existent dans le système statistique et administratif.

Pour parvenir à ce haut niveau de professionnalisme, le personnel doit être formé et soutenu en permanence par la direction de l’institution.

La participation à des programmes de formation organisés par les organisations internationales ou régionales et à des ateliers et séminaires de formation sur l’organisation et la gestion des comptes nationaux et des statistiques de base (y compris les statistiques économiques, environnementales et financières), ainsi que sur leur application dans l’élaboration de politiques basées sur des données concrètes, est nécessaire pour renforcer la capacité statistique dans le domaine des comptes nationaux.

L’un des principes fondamentaux de la statistique officielle stipule: “Pour que se maintienne la confiance dans l’information statistique officielle, les organismes responsables de la statistique doivent déterminer, en fonction de considérations purement professionnelles, notamment de principes scientifiques et de règles déontologiques, les méthodes et les procédures de collecte, de traitement, de stockage et de présentation des données statistiques” (voir les Principes fondamentaux de la statistique officielle).

Conformément à ce principe et à la nécessité de développer un système de comptabilité nationale, l’indépendance professionnelle des comptables nationaux doit être garantie. Cette indépendance se rapporte aux éléments suivants:

  • la définition du système et son adaptation au pays;
  • les méthodes utilisées pour estimer les comptes nationaux ;
  • l’accès aux informations, en particulier lorsqu’elles sont protégées (sources fiscales, informations relatives à la défense, etc.) ;
  • le traitement et la mesure des aspects “spéciaux” de l’économie, comme l’activité illégale (travail illégal, production de drogues, etc.), qui constituent en fait les points faibles du pouvoir politique;
  • la responsabilité des indicateurs principaux, comme le PIB, le taux de croissance économique ou la distribution des revenus, surtout quand les valeurs diffèrent des prévisions ou des attentes du gouvernement.
Organisation de la collecte des données

Une fois l’objectif de la stratégie de mise en œuvre du SCN défini et le département de comptabilité nationale organisé, l’étape suivante consiste à établir des relations formelles pour garantir la disponibilité des données requises pour l’établissement des comptes nationaux. La collecte des données pour les comptes nationaux exige une coopération interne et externe avec l’institut de statistiques.

Les sources de données statistiques sont généralement fournies par les différents départements de l’institut de statistiques (chargés des statistiques industrielles, du commerce extérieur, de l’agriculture, de la démographie, de l’éducation, de la santé, des prix, etc.), voire par d’autres institutions. Un flux d’informations efficace entre ces derniers et le département de comptabilité nationale a un impact décisif sur la qualité et la transmission en temps utile des estimations relatives aux comptes nationaux. D’autre part, les demandes méthodologiques pour établir les comptes nationaux sont le point de départ du développement du système statistique global.

La collecte des données de sources administratives dépend de la capacité de l’institut de statistiques et de ses relations avec les autres institutions : les données peuvent être collectées par un département différent (si les ressources permettent de créer un département spécial) ou par les comptables nationaux eux-mêmes (cette tâche s’ajoute alors à leur charge de travail normale). Des relations formelles spéciales basées sur des accords, des protocoles ou des mémorandums avec les institutions administratives garantissent l’accès à leurs données. Même si la législation statistique stipule explicitement que l’institut de statistiques doit avoir accès aux données administratives, il est nécessaire de conclure des protocoles ou des mémorandums établissant les conditions spécifiques de la collecte des données.

Par exemple, le ministère des finances, l’un des principaux fournisseurs de données administratives, peut fournir des données sur la TVA (chaque mois, pour chaque agent économique, par activité principale, etc.), sur l’impôt sur les plus-values, sur l’impôt sur le revenu, sur les comptes d’entreprise, sur les recettes et les dépenses des pouvoirs publics locaux et centraux, etc. Par conséquent, il est extrêmement important que l’institut de statistiques conclue un protocole de coopération définissant en principe:

  • les données à fournir;
  • le niveau de détail des données (individuelles, agrégées, par région, etc.) et la fréquence (chaque mois, chaque année, etc.);
  • la méthode de collecte des données (accès à la base de données, format électronique, papier, etc.).

Dans ce type de protocole de coopération, il convient d’inclure non seulement les données administratives, mais aussi la transmission d’indicateurs statistiques par l’institut de statistiques. Il est possible que le ministère des finances soit également intéressé par l’obtention d’informations statistiques détaillées (par exemple sur les dépenses des ménages afin de formuler sa politique en matière de subventions). Dans ce cas, le protocole comprendrait un échange de données entre les deux institutions.

Graphique 13: Structure générale d’un protocole de coopération

La coopération est importante pour l’institut de statistiques car elle lui permet d’une part d’accéder aux données administratives et d’autre part de renforcer sa position de principal fournisseur d’indicateurs économiques et sociaux dans l’économie.

Phase C: Établissement

Le processus d’établissement doit prendre en compte les ressources (p. ex. les ressources pour l’établissement de bonnes statistiques économiques et sociales ou statistiques des prix, pour la gestion d’un répertoire d’entreprises fiable ou pour l’établissement des comptes nationaux), la politique (la continuité et la stabilité du processus d’établissement, la priorité accordée à certaines parties des comptes nationaux, l’indépendance professionnelle), les compétences professionnelles du personnel (p. ex. les compétences en matière d’analyse des données et de formulation d’hypothèses économiques plausibles) et l’accès aux sources de données statistiques et administratives. Le processus d’établissement est basé sur trois éléments:

  • Les égalités comptables, ce qui veut dire exploiter autant que possible les nombreuses égalités comptables qui existent dans le système, comme: l’offre est égale à la demande (à prix courants comme à prix constants); les impôts payés devraient être égaux aux impôts reçus, etc. Les égalités comptables garantissent la cohérence et peuvent servir au contrôle de plausibilité et permettre les estimations résiduelles.
  • Les hypothèses essentielles pour combiner et compléter l’ensemble de données de base. De nombreux types d’hypothèses sont utilisés, tels que: les ratios fixes, les schémas de transition, les conventions spécifiques, les ratios et tendances historiques, les analogies, etc. Les hypothèses plausibles peuvent combler en grande partie l’absence de données et valent mieux que des données non plausibles.
  • Les contrôles de plausibilité, qui sont très importants pour la fiabilité des statistiques de comptabilité nationale. Quelques types de contrôles de plausibilité:
  • comparaison des différentes sources de données aux différentes estimations;
  • analyse de tous les développements et ratios “anormaux” (numériques, conceptuels, institutionnels, économiques) en cherchant une explication plausible.

La stratégie d’établissement des comptes nationaux est basée sur:

  • la définition et l’organisation des différentes phases;
  • le développement des outils informatiques nécessaires.
Définition et organisation des différentes phases

Le processus d’établissement possède sa propre portée, son propre niveau de détails et ses propres méthodes de travail, qui se reflètent dans la conception des phases à suivre. En bref, les phases principales sont les suivantes:

  1. conception du cadre central
  2. identification des sources de données
  3. collecte des données
  4. traduction des données en concepts de comptabilité nationale
  5. élaboration des estimations
  6. révision des données.

La présentation schématique de l’arbre décisionnel utilisé pour créer la routine d’établissement des comptes nationaux illustrée dans le Graphique 14 aide à aborder les questions de définition et d’organisation des phases générales d’établissement.

Graphique 14: Arbre décisionnel pour l’établissement des comptes nationaux
Conception du cadre central

Le cadre central pour l’établissement des comptes nationaux concerne la détermination des quatre classifications utilisées dans le système:

  • détail des produits
  • activités économiques
  • opérations, autres flux et stocks
  • sectorisation de l’économie.

Les détails des classifications sont basés sur les buts et objectifs définis de la stratégie et sur la situation actuelle du pays. Le cadre central est établi en fonction du niveau de développement du système statistique (y compris les capacités des ressources humaines) et des besoins spécifiques du pays. La disponibilité des données statistiques et administratives réduit ou augmente le niveau de détail des classifications adoptées.

L’identification des secteurs clés de l’économie est une activité importante de cette phase. Si, dans un pays, l’agriculture, l’industrie pétrolière ou le tourisme est l’activité principale, cela doit apparaître en détail dans les estimations faites et dans la ventilation par branche d’activité ou par secteur institutionnel.

Identification des sources de données

Les sources de données utilisées pour l’établissement des comptes nationaux peuvent être des statistiques spécifiques (statistiques sur les ventes des producteurs et les coûts de production, sur l’investissement, sur l’emploi, les salaires et les traitements, sur les dépenses des ménages, sur les prix à la consommation, sur les prix à la production et les taux d’intérêt, sur les importations et les exportations, etc.) ou des registres administratifs (les recettes et les dépenses publiques, les états financiers des unités financières et non financières, la balance des paiements, etc.).

Pour identifier les informations disponibles, les sources de données existantes doivent être analysées par rapport aux exigences de comptabilité nationale. Si les sources de données identifiées s’avèrent utiles par rapport aux objectifs de mise en œuvre de la comptabilité nationale, le processus de collecte des données peut débuter.

Il se peut que les sources de données n’incluent pas toutes les informations nécessaires à la mise en œuvre de la stratégie de comptabilité nationale. Par exemple, il se peut que les informations statistiques sur la construction et les investissements ne soient pas disponibles. Dans ce cas, en fonction du type d’informations requises et des objectifs établis, il y a deux options:

  • procéder à une estimation approximative des indicateurs de comptabilité nationale à partir de sources de données de mauvaise qualité et d’informations indirectes ou;
  • interrompre la mise en œuvre du SCN jusqu’à ce que les sources de données nécessaires soient disponibles.

Il est recommandé aux pays dans la phase zéro de la mise en œuvre du SCN de définir leurs actions futures en se basant sur les indications suivantes:

  • ils doivent commencer par estimer le PIB selon les optiques de la production et des dépenses (ce qui correspond aux exigences de la phase 1), même si le manque d’informations risque de dégrader la qualité des résultats initiaux.
  • ils doivent s’assurer en même temps que les sources de données nécessaires sont en cours de développement. Pour ce faire, les comptables nationaux doivent proposer et promouvoir:
  • l’amélioration des sources de données statistiques existantes pour obtenir les informations requises;
  • la mise en œuvre de nouvelles enquêtes statistiques qui fourniront les informations manquantes;
  • le développement d’une collaboration avec les institutions administratives afin d’améliorer ou de développer leurs sources de données.

Durant le processus d’établissement des comptes nationaux, les informations qualitatives sont également utiles. Par exemple, les articles dans les journaux ou les magazines spécialisés peuvent fournir des informations qualitatives sur les développements économiques (p. ex. les ventes de meubles ou de logiciels) ou les événements spécifiques (p. ex. un grand projet d’investissement direct ou la réorganisation d’un système d’assurance national). Ces informations peuvent être utilisées pour compléter des données existantes et vérifier la cohérence des différentes données.

Collecte des données

La collecte des données exige des activités structurées et organisées, qui ont une incidence directe sur la qualité des estimations. Les principales activités devant être organisées et menées sont les suivantes:

  • accords sur la fourniture des données: quelles données seront fournies, avec quel niveau de détail, à quelle fréquence, quand et dans quel format, etc.;
  • contrôle des données fournies: respect des délais, niveau de détail et exhaustivité;
  • stockage des données dans des systèmes automatisés (feuilles de calcul ou bases de données) pour l’établissement des comptes nationaux;
  • recherche d’autres informations quantitatives et qualitatives pertinentes, p. ex. en lisant des revues spécialisées, des articles de journaux et les rapports annuels de diverses grandes entreprises, organisations ou fondations, ou en demandant directement aux sociétés, aux institutions et aux experts.

Dans le cadre de la stratégie d’établissement, il convient d’établir un circuit efficace de collecte des données aussi bien au sein de l’institut de statistiques qu’à l’extérieur. Les principales étapes de ce processus sont les suivantes:

  • Décider des données à utiliser pour l’établissement des comptes nationaux.
  • Décider du niveau de détail de ces données.
  • Décider de la façon dont les données seront fournies au département de comptabilité nationale: sur papier, au format électronique (CD-ROM, par courriel, etc.) ou par accès direct aux bases de données des autres départements.
  • Établir les échéances pour la réception des données.

Il est très important que les comptables nationaux respectent leur propre calendrier de diffusion. Pour cette raison, certaines données statistiques et administratives peuvent être fournies au département de comptabilité nationale avant d’être publiées. C’est le cas par exemple pour l’enquête structurelle sur les entreprises (en tant que source statistique) : après la validation des données et l’obtention des résultats finaux, les informations détaillées (avec le contenu convenu et au format convenu) peuvent être envoyées au département de comptabilité nationale afin qu’il les inclue dans le processus d’établissement. Pendant ce temps, le département chargé de l’enquête structurelle sur les entreprises poursuit le processus de diffusion des résultats de l’enquête.

Une bonne coopération entre les différents départements de l’institut de statistiques et les institutions administratives d’une part, et le département de comptabilité nationale de l’autre, permet de garantir des conditions adéquates pour la mise en œuvre du SCN.

Traduction des données en concepts de comptabilité nationale

Dans la majorité des cas, les sources de données statistiques et administratives ne sont pas conformes aux concepts de comptabilité nationale. Les indicateurs statistiques convertissent généralement les informations administratives en indicateurs dont le contenu est assez proche de ceux utilisés en comptabilité nationale. Cependant, la principale différence entre les indicateurs statistiques économiques et les comptes nationaux réside souvent dans la ventilation des produits. Le Graphique 15 en donne un exemple.

Graphique 15: Tables de conversion de la classification COICOP à la classification CITI – exemple. Source: tables de correspondance des classifications, site Web de l’ONU

Dans l’ensemble, la traduction des concepts administratifs en concepts de comptabilité nationale doit être effectuée par les comptables nationaux en personne. Cela s’applique en particulier aux comptes d’entreprise, aux données sur la TVA, aux données sur l’impôt sur le revenu des personnes physiques, aux états financiers des institutions financières, aux recettes et dépenses des administrations publiques et aux indicateurs de la balance des paiements, pour n’en citer que quelques-uns. Cette traduction est basée sur un système de tableaux de passage au niveau macroéconomique et des ajustements spécifiques appelés système intermédiaire.

Élaboration des estimations

La phase importante du processus d’établissement est l’estimation des indicateurs de comptabilité nationale. Plusieurs activités sont menées pendant cette phase complexe:

  • Vérification des sources de données en ce qui concerne:
  • l’évolution des variables au fil du temps;
  • la cohérence des valeurs et des tendances des ratios entre les différentes variables dans une source de données unique;
  • la plausibilité des valeurs et des volumes;
  • les différences conceptuelles par rapport aux indicateurs de comptabilité nationale;
  • les pondérations utilisées pour l’extrapolation des résultats d’enquêtes.
  • Élaboration des premières estimations des indicateurs de comptabilité nationale. Si la cible choisie est d’atteindre le premier jalon (voir le Graphique 8), les estimations mettront l’accent sur le PIB et ses composantes à prix courants et constants.
  • Inclusion de données supplémentaires ou plus complètes et deuxième estimation des indicateurs. À ce stade, les hypothèses jouent un rôle important: elles sont utilisées pour combler les lacunes et les imperfections dans l’ensemble de données de base en fonction de l’analyse des relations économiques.
  • Procédures d’équilibrage et rapprochement des données pour identifier les insuffisances de données et aider à faire les ajustements appropriés pour garantir la cohérence des résultats. L’équilibrage consiste à vérifier la cohérence économique des estimations. Cette procédure dépend du cadre comptable disponible et de l’expérience des comptables nationaux et de leur capacité à effectuer des contrôles de plausibilité tout en respectant les délais pour la diffusion des données.
  • Élaboration des estimations finales des indicateurs de comptabilité nationale.

Si des écarts statistiques ont été identifiés pendant le processus d’équilibrage et si leurs causes ont été déterminées, des ajustements peuvent être opérés sur les données intermédiaires ou les méthodes d’estimation. Les données ajustées sont ensuite de nouveau intégrées pour créer un ensemble révisé d’écarts statistiques. Les données sont ensuite rapprochées et réintégrées, et ainsi de suite jusqu’à ce que tous les écarts soient corrigés. Le noyau du processus d’équilibrage et de rapprochement des données dépend toujours de la disponibilité et de la qualité des informations utilisées et de l’expertise de l’équipe comptable.

Révision des données

Durant le processus d’établissement des comptes nationaux, trois révisions importantes peuvent être effectuées: 1. les révisions de routine, 2. les révisions des références et 3. les révisions méthodologiques.

  1. Les révisions de routine (ou révisions courantes) englobent tous les changements apportés aux estimations de comptabilité nationale au cours d’une période donnée, de la première estimation à l’estimation finale. En principe, ces révisions sont basées sur la disponibilité de nouvelles informations émanant des sources de données utilisées pour parvenir à une comparabilité totale des variations de volume et de prix par rapport à l’année précédente et pour tous les indicateurs.
  2. Les révisions des références (ou révisions régulières majeures) sont des révisions des sources de données ou des méthodes utilisées pour l’estimation des indicateurs de comptabilité nationale. Elles peuvent affecter le PIB et entraîner la discontinuité des séries chronologiques. Il est recommandé de réviser les références tous les cinq ans, en tant que procédure habituelle.
  3. Les révisions méthodologiques (ou révisions occasionnelles majeures) sont normalement dues à des changements dans les principes de comptabilité nationale.

Ces révisions ont plusieurs répercussions sur la diffusion des données de comptabilité nationale dans la mesure où des explications détaillées au sujet des changements majeurs doivent être présentées avec les données. Un exemple figure dans le Graphique 16.

Graphique 16: Exemple de l’impact des révisions méthodologiques sur le PIB, Source: Gross National Income Inventory, Institut de la Statistique de la République de Slovénie, 2008
Conclusions

La mise en œuvre et le développement de l’établissement des comptes nationaux doivent tenir compte de ce qui suit:

  • Il ne s’agit pas d’une suite chronologique stricte d’étapes données. En pratique, les étapes sont étroitement liées, interagissent considérablement les unes avec les autres, peuvent se succéder dans un ordre chronologique quelque peu différent et peuvent se répéter en boucle un nombre indéfini de fois.
  • Le processus d’établissement est adapté et ajusté en fonction des sources de données, des nouvelles conditions économiques, sociales et/ou politiques existantes dans un pays et des nouvelles exigences internationales dans le domaine des statistiques.
Développement d’outils informatiques pour l’établissement des comptes nationaux

Les systèmes informatiques utilisés dans le cadre de l’établissement des comptes nationaux doivent être flexibles et aptes à:

  • stocker les données détaillées utilisées pour l’établissement des comptes nationaux, relatives aux groupes d’agents économiques, c.-à-d. les branches d’activité et les secteurs, dans des feuilles de travail électroniques dans leur format original;
  • utiliser les feuilles de travail pour convertir les données intermédiaires obtenues de différentes sources (recensements, enquêtes, sources de données administratives et données statistiques intermédiaires) de leur format spécifique au format des comptes nationaux et enregistrer tous les ajustements opérés sur les données, pour ainsi créer un historique complet du processus d’établissement;
  • après la conversion au format des comptes nationaux, calculer les agrégats de comptabilité nationale appropriés. Pour rester fidèle au principe de l’orientation vers les branches d’activité et les secteurs, les informations pour l’économie totale doivent être obtenues uniquement à partir de l’agrégation des données des secteurs et branches d’activité résidents;
  • contrôler la compatibilité des données au sein des branches d’activité et des secteurs en identifiant les écarts statistiques dans les égalités de comptabilité nationale;
  • fournir des outils utiles pour le processus final de rapprochement des données, p. ex. en incluant des liaisons de données entre les feuilles de travail et les tableaux du cadre central, de façon à ce que les ajustements opérés sur les données dans les feuilles de travail soient immédiatement reflétés dans les tableaux centraux du SCN, où les écarts statistiques qui subsistent peuvent être contrôlés;
  • générer des tableaux de travail utiles durant le processus de rapprochement, p. ex. des matrices d’opérations dans lesquelles, pour chaque opération, autre flux ou stock, les ressources et les emplois (ou les actifs et les passifs) de différents secteurs peuvent être confrontés;
  • stocker les estimations finales des indicateurs de comptabilité nationale et les versions diffusées. Cela permet aux comptables nationaux de mettre en place une analyse systématique de la fiabilité des données publiées.
Graphique 17: Schéma d’organisation de l’activité informatique pour l’établissement des comptes nationaux

La nécessité d’outils communs pour la mise en œuvre du SCN à travers le monde a contribué au développement de logiciels spécialisés en comptabilité nationale dans les organisations internationales et les pays développés. Les pays avancés ont développé des systèmes informatiques sur mesure basés sur des progiciels de base de données relationnelle tels que : Access, Oracle, SAS, dBase, etc.

Voici quelques autres outils informatiques connus pour l’établissement des comptes nationaux :

  • ERETES (Équilibres ressources emplois, Tableaux entrées-sorties) est un logiciel de base de données développé par une société de conseil française à l’Université de Lyon, en coopération avec l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) et Eurostat. Ce logiciel est installé ou en cours d’installation dans 27 pays[1] et devient très populaire dans les pays en développement et les pays les moins avancés. Le système est offert gratuitement aux utilisateurs par les co-propriétaires (Eurostat et la Coopération française).
  • IAS (Integrated Accounts System - Système de comptes intégrés) est un logiciel développé par un groupe en association avec l’ISS (Institute of Social Studies - Institut d’études sociales) aux Pays-Bas et utilisé dans des pays des Caraïbes comme Aruba et les Antilles néerlandaises.
  • SNAPC (System of National Accounts on a Personal Computer - Système de comptabilité nationale sur un ordinateur personnel) est le produit de Statistics Sweden, l’institut de statistiques suédois, et est utilisé dans des pays d’Afrique australe et d’autres pays (p. ex.: le Belize, la Namibie, le Laos, le Lesotho, l’Afrique du Sud, le Zimbabwe, la Jamaïque et le Kenya).


ERETES et IAS incluent trois éléments:

  • utilisation d’un logiciel de base de données (SYBASE, ORACLE et PROGRESS);
  • sélection des attributs du SCN et de l’établissement des comptes (catégories d’opération, catégories de secteurs et de branches d’activité, identification des prix courants ou constants, source de données, etc.);
  • feuilles de travail et tableaux où s’effectuent la conversion et le rapprochement des données.

La sélection des attributs et la conception des tableaux déterminent la façon dont sont établis les comptes nationaux. Les conditions dans chaque pays, la capacité statistique et les ressources disponibles déterminent la décision stratégique d’utiliser ou non des outils informatiques pour l’établissement des comptes nationaux.

Phase D: Diffusion L’objectif principal de l’établissement du SCN est de fournir des informations complètes sur une économie et sa structure. La diffusion des résultats des comptes nationaux est une activité aussi importante que l’établissement des indicateurs. La présentation des indicateurs de comptabilité nationale au public, l’ajout d’une analyse, la fourniture d’interprétations économiques utiles et l’explication de la méthodologie utilisée constituent une part importante des tâches des comptables nationaux.

Graphique 18: Principes d’une stratégie de diffusion de statistiques

Les principales étapes de la définition de la stratégie de diffusion sont résumées dans les sections suivantes : identification des utilisateurs, fourniture de données de qualité répondant aux attentes des utilisateurs et établissement d’un calendrier de diffusion.

Identification des utilisateurs

Cinq grandes catégories d’utilisateurs se distinguent par domaine d’activité :

  • tous les niveaux du gouvernement
  • les agences internationales
  • le secteur privé
  • les institutions de recherche
  • le public, y compris les médias.

Ils peuvent être regroupés en deux catégories par rapport au degré d’utilisation des statistiques:

  • utilisateurs généraux de données: journalistes, étudiants, professeurs, petites entreprises qui ont des exigences simples en matière de données mais dans une grande variété de domaines d’informations;
  • utilisateurs à des fins d’analyse: ministères, autorités locales, chercheurs, organisations internationales avec des exigences complexes en matière de données: variables détaillées, séries chronologiques et ventilation par régions.

La demande de données de comptabilité nationale est différente pour chaque catégorie d’utilisateurs. La valeur du PIB et le taux de croissance de l’économie sont les informations les plus utilisées par les utilisateurs généraux. Les décideurs, le gouvernement, les chercheurs, les organisations internationales sont intéressés par les détails des indicateurs de comptabilité nationale par activité et par secteur institutionnel. Pour répondre à ces demandes différentes, la diffusion des comptes nationaux se fait par des canaux différents:

  • Communiqués de presse, utilisés en général par les médias et le grand public, avec la présentation des principaux indicateurs de comptabilité nationale, tels que le PIB, ses composantes principales et son taux de croissance.
  • Les informations détaillées sur les comptes nationaux par branche d’activité ou par secteur institutionnel sont généralement présentées dans le rapport annuel de chaque pays. Ces informations peuvent être utilisées par les chercheurs, les étudiants ou les organisations internationales.
  • Une publication spéciale avec des séries chronologiques d’indicateurs de comptabilité nationale, avec des données détaillées accompagnées de métadonnées et parfois d’une brève analyse économique basée sur ces indicateurs. Cette publication est utilisée à différentes fins par le gouvernement, les chercheurs, le milieu académique ou les organisations internationales.
  • La diffusion électronique qui permet de réduire les coûts de diffusion et de rendre les données plus facilement utilisables et plus accessibles. Cependant, pour évoluer vers un environnement dans lequel les documents sont diffusés au format électronique, il faudrait surmonter un certain nombre de difficultés (comme garantir que ces documents sont authentiques, gérés en permanence et accessibles dans les mêmes conditions à tous les individus).
Fourniture de données de qualité répondant aux attentes des utilisateurs

Les utilisateurs attendent des informations de qualité. Si celles-ci ne peuvent pas être fournies, l’utilisateur arrêtera de demander des données et essayera de les trouver ailleurs. La qualité se définit normalement en termes de précision, pertinence, respect des délais, cohérence et disponibilité, sans ordre de priorité particulier.

Graphique 19: Cadre d’évaluation de la qualité des données (CEQD) et Rapports sur l’observation des normes et des codes, Source: FMI, http://dsbb.imf.org

La diffusion des comptes nationaux devrait être intégrée à la stratégie générale de diffusion des statistiques, ayant comme objectif principal de fournir aux utilisateurs des données de la qualité attendue. Cela devrait prendre en considération :

  • Les détails des informations diffusées selon le public cible.
  • La présentation des résultats dans une structure complète.
  • La fourniture de toutes les explications méthodologiques nécessaires, pour aider les utilisateurs à comprendre les concepts de comptabilité nationale.
  • Les comptes nationaux offrent un aperçu particulier de l’économie et il est déconseillé de diffuser les données sans y ajouter une analyse économique et une interprétation des résultats, même si cela impose une charge de travail supplémentaire pour les comptables nationaux. L’analyse aidera les utilisateurs qui ne connaissent pas ces indicateurs à mieux comprendre les comptes nationaux et la capacité de ces derniers à refléter les phénomènes économiques.
Établissement d’un calendrier de diffusion

Pour que les données soient utiles, elles doivent être disponibles en temps opportun et dans des délais raisonnables. Il n’est pas facile de répondre à une telle attente, en particulier dans le domaine des comptes nationaux. L’établissement n’est pas une simple opération informatique: les statisticiens chargés des comptes nationaux ont besoin de données brutes très variées provenant de systèmes statistiques et administratifs disponibles selon des périodicités différentes; une fois les données collectées, ces informations doivent être converties en comptes nationaux et la cohérence de l’ensemble du système doit être vérifiée. Ce processus a un impact important sur le respect des délais de diffusion.

Graphique 20: Exemple de calendrier de diffusion, Source: Gross National Income Inventory, Institut de la Statistique de la République de Slovénie, 2008

En guise de cadre général pour leur stratégie de diffusion, nous recommandons aux pays ayant l’intention de mettre en œuvre le SCN d’adopter la “Norme spéciale de diffusion des données” (NSDD) et la “Norme générale de diffusion des données” (NGDD) du Fonds monétaire international.

Le but principal de la NSDD, mise en place et promue par le FMI en 1996, est de contrôler les normes utilisées pour guider les pays dans la diffusion des données économiques et financières. Plusieurs dimensions sont contrôlées dans la NSDD : une dimension “données” (relative à la couverture, à la fréquence et aux délais de diffusion des données), une dimension “accès”, une dimension “intégrité” et une dimension “qualité” (voir Graphique 21). La NSDD dispose que les pays diffusent des données macroéconomiques clés concernant les secteurs réel, des finances publiques, financier et extérieur.

Graphique 21: Dimensions et éléments de la Norme spéciale de diffusion des données, Source: The IMF’s Data Dissemination Initiative After 10 Years, FMI 2008

La NGDD a suivi la NSDD et a été développée en 1997 afin d’aider les pays membres du FMI qui ne sont pas en mesure de souscrire à la NSDD à développer tout de même un système statistique fiable servant de base à la diffusion en temps utile des données au public. La NGDD vise à encourager les pays membres à:

  • améliorer la qualité des données;
  • fournir un cadre pour évaluer les besoins en termes d’amélioration des données et pour définir des priorités à cet égard;
  • guider les pays membres dans la diffusion au public de statistiques économiques, financières et socio-démographiques complètes, accessibles et fiables en temps utile.

Ensemble, ces trois domaines prioritaires constituent une base solide sur laquelle formuler des politiques à long terme pour le développement statistique.

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Voir aussi



Notes

  1. Algérie, Bénin, Burkina Faso, Botswana, Brésil, Cameroun, Cap Vert, République Centrafricaine (RCA), Colombie, Côte d’ivoire (RCI), Équateur, Gabon, Ghana, Guadeloupe, Guyane, Madagascar, Mali, Maroc, Martinique, Mauritanie, Niger, Nigeria, Pérou, Réunion, Sénégal, Togo, Tunisie.