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La dépollution de l’eau par les plantes, industrialisée par une entreprise en Occitanie

  • 27 May 2021

« Eaux végétales », projet situé en région Occitanie, France, propose de tester grandeur nature un nouveau système de dépollution de l’eau contaminée par les métaux lourds. Le projet a en effet pu transformer les résultats de recherche en laboratoire en un procédé pilote démonstratif choisi pour la dépollution de l’eau, en tenant compte des aléas climatiques. Et une entreprise a été bâtie sur la base de ce projet, de façon à industrialiser le procédé de dépollution par les plantes.

« Le projet a été une vraie belle réussite, avec notamment la création d’une entreprise basée sur les résultats des recherches en filtrage dépolluant par les végétaux. »

Claude Grison, Directrice de recherche au CNRS

La région est parsemée d’anciennes mines abandonnées. Les mines des Cévennes, en particulier, sont une illustration parfaite de la contamination des cours d'eau par le zinc, le cadmium, le plomb et l'arsenic.

C’est ainsi que, dans le Gard, où les pluies sont rares mais violentes, une vingtaine d'habitants ont porté plainte pour la consommation d'une eau contaminée au Pb, Cd et As. L'ensemble de ces problèmes est dû à une difficulté de gestion des eaux issues des mines de zinc. Les nappes phréatiques sont en effet exposées depuis cinquante ans à une contamination par les effluents d’installations minières.

Pour y remédier, un consortium de partenaires aux activités complémentaires s’est rassemblé. Il est emmené par le laboratoire de Chimie Bio-inspirée et Innovations écologiques ChimEco (CNRS et Université de Montpellier) qui a élaboré une technologie de dépollution des eaux par les plantes, et Klorane Botanical Foundation, qui valorise le procédé développé.

L'entreprise Compagnie National du Rhône (CNR) et deux syndicats mixtes d'aménagement et de gestion des bassins versants (ETPB des Gardons et SM Ganges-Le Vigan) ont été associés pour récolter des plantes aquatiques invasives et étudier leur potentiel de valorisation dans le procédé. Enfin, la Fondation Suez a choisi de participer au financement du projet dans le cadre du programme « Agir pour la ressource en eau ».

Filtre végétal

Quant au projet en lui-même, il consiste à utiliser un filtre végétal constitué de poudres végétales modifiées pour éliminer les éléments polluants Zn, Pb et Cd avant rejet. Le filtre est constitué de matériaux végétaux fonctionnalisés par un procédé bio-inspiré, breveté par ChimEco-CNRS. Le procédé est unique au niveau international et s'inscrit dans les objectifs prioritaires européens et mondiaux.

En termes de résultats à court terme, la solution proposée est d'intervenir en amont et de piéger les eaux contaminées dès leur formation. A cette fin, les porteurs du projet ont mis en place, pour un site minier expérimentatl, un traitement écologique des eaux polluées en sortie de galeries. Ce traitement consiste concrètement à faire passer  les eaux contaminées à travers  le filtre végétal élaboré en laboratoire.

Le filtre végétal est basé sur l’utilisation d’une plante endémique qui a fait les preuves de son efficacité. Les résultats actuels montrent que l'utilisation de plantes exotiques envahissantes est possible. Une récolte massive de plantes exotiques, suivie d'une déshydratation et broyage en poudre, a trouvé sa place dans ce projet. Son utilisation permet de résoudre un double problème: favoriser l'éradication d'une plante invasive et dépolluer les eaux minières.

Résultats probants et start-up créée

A long terme, les résultats obtenus peuvent être facilement mis à profit sur d'autres sites régionaux, puis nationaux et internationaux. La généralité du procédé permet de répondre à ces différents contextes, et justifie la création d'une start-up dédiée à la production du filtre végétal.

Investissement total et financement européen

Le projet « Transformer les végétaux en filtres dépolluants » a fait l’objet d’un investissement total de 2 866 200 EUR ; la contribution du Fonds européen de développement régional s’élève à 1 433 099 EUR au titre du programme opérationnel « FEDER-FSE Languedoc-Roussillon » pour la période de programmation 2014-2020. L’investissement relève de la priorité « Améliorer la prévention des risques (inondations et risques côtiers) et promouvoir la biodiversité ».