Archive:Occupation et utilisation des sols
- Données de septembre 2011. Données plus récentes: Informations supplémentaires Eurostat, Principaux tableaux et Base de données.
Cet article présente des données statistiques sur l’occupation des sols, l’utilisation des sols et les paysages pour 23 États membres de l’Union européenne (UE); la Bulgarie, Chypre, Malte et la Roumanie ne sont pas couvertes, ni incluses dans les totaux et moyennes de l’UE. Les données ont été recueillies dans le cadre de l’enquête statistique aréolaire sur l’utilisation/l’occupation des sols (LUCAS), réalisée au cours de l’été 2009. LUCAS est la plus importante enquête harmonisée sur les sols effectuée dans l’UE.
Les sols sont à la source de la plupart des activités biologiques et humaines sur Terre. L’agriculture, la sylviculture, l’industrie, les transports, le logement et d’autres services utilisent les sols comme ressource naturelle et/ou économique. Les sols font également partie intégrante des écosystèmes et sont indispensables à la biodiversité et au cycle du carbone.
Deux aspects étroitement liés coexistent dans la notion de «sols»:
- l’occupation des sols, qui fait référence à leur couverture biophysique (cultures, herbe, forêts de feuillus ou zones construites);
- l’utilisation des sols, qui renvoie à leur utilisation socioéconomique (par exemple, agriculture, sylviculture, utilisation à des fins récréatives ou résidentielles).
Les données recueillies sur ces deux aspects servent également de base aux analyses spatiales et territoriales, qui revêtent une importance croissante pour:
- la planification et la gestion des zones agricoles, boisées, humides et urbaines, ainsi que des eaux;
- la nature, la biodiversité et la protection des sols et
- la prévention et la réduction des risques naturels, ainsi que le changement climatique.
Principaux résultats statistiques
L’occupation des sols
Les forêts et autres zones boisées occupaient 39,1 % de la superficie totale de l’UE en 2009, les terres cultivées près d’un quart (24,2 %) et les prairies presqu’un cinquième (19,5 %), alors que les zones bâties et les autres sols artificialisés, comme les routes ou les voies ferrées, représentaient 4,3 % de la superficie totale (voir graphique 1).
L’occupation des sols varie fortement entre les pays situés, d’une part, dans le Sud et le Nord de l’Europe et, d’autre part, dans l’Ouest et l’Est du continent. Les sols boisés constituaient le type d’occupation des sols le plus courant dans les régions du Nord de l’Europe en 2009 et dans un certain nombre de pays dont la topographie est dominée par des zones montagneuses et vallonnées (voir graphique 2). La part des sols boisés dans la superficie totale dépassait 60 % en Finlande, en Suède et en Slovénie (Alpes); elle était supérieure à 50 % en Estonie et en Lettonie et à 40 % en Autriche (Alpes), ainsi qu’en Slovaquie (Tatras) et au Portugal (Système central). Dans ces pays, les zones boisées et les forêts ont toujours eu un rôle écologique, économique et socioculturel très important.
Les sols cultivés (incluant à la fois les terres arables et les cultures permanentes) couvraient, en moyenne, quelque 24,2 % de la superficie totale de l’UE en 2009. Le Danemark et la Hongrie étaient les pays présentant la part la plus élevée de leur superficie totale couverte par des zones cultivées, celle-ci atteignant en effet près de 50 %. Dans la plupart des autres États membres, la part des sols cultivés dans l’ensemble des types d’occupation des sols oscillait entre 17 % et 35 %. À l’autre extrémité de l’échelle, les sols cultivés représentaient entre 11 % et 12 % de la superficie totale en Lettonie, en Estonie et en Slovénie, les valeurs les plus basses étant observées en Finlande (6,0 %), en Irlande (5,0 %) et en Suède (4,5 %).
Les herbages naturels et agricoles dominaient le paysage en Irlande, au Royaume-Uni et aux Pays-Bas. En Irlande, près de deux tiers (64,1 %) du pays étaient couverts de prairies en 2009, alors que les parts correspondantes au Royaume-Uni et aux Pays-Bas étaient respectivement de 42,4 % et 37,4 %. Dans la plupart des autres États membres pour lesquels des données sont disponibles, la part des prairies dans la superficie totale oscillait entre 18 % et 33 %. Toutefois, six pays se situaient en dessous de ce seuil: quatre d’entre eux (Italie, Espagne, Portugal et Grèce) sont des pays du Sud de l’Europe où les précipitations sont relativement faibles; les deux autres sont la Suède et la Finlande où les prairies couvrent moins de 5 % de la superficie totale.
Les landes (maquis et garrigues) sont une forme d’occupation des sols typique des pays chauds et arides, comme la Grèce, le Portugal et l’Espagne; par ailleurs, celle-ci est également prédominante dans les tourbières et les landes des régions septentrionales du Royaume-Uni et de certaines parties de l’Irlande, ainsi que dans les zones de transition entre la forêt et la toundra en Suède. Ces pays sont les seuls États membres où les landes représentaient une part de la superficie totale supérieure à la moyenne de l’UE (5,6 %).
Les sols artificialisés constituaient 4,3 % de la superficie totale de l’UE en 2009. C’est dans les pays du Benelux que les proportions de zones bâties étaient les plus importantes, et notamment aux Pays-Bas (qui sont densément peuplés), où les sols artificialisés représentaient 13,2 % de la superficie totale. Les quatre premiers États membres de l’UE en termes démographiques (Allemagne, France, Italie et Royaume-Uni) affichaient également une part de sols artificialisés supérieure à la moyenne.
En moyenne, en 2009, 1,8 % de la superficie de l’UE était couverte par des zones humides et 3,4 % par des eaux intérieures. Les zones humides se trouvent généralement près des lacs et dans les zones côtières ainsi que dans les zones de tourbières. La rareté relative des zones humides et leur importance en tant qu’habitat pour différentes espèces animales (en particulier les oiseaux) font que ces zones bénéficient souvent d’un statut d’espace protégé. La Suède, la Finlande, l’Irlande et l’Estonie affichaient les plus fortes proportions de zones humides (plus de 5 % de leur superficie totale); dans la majorité des autres États membres, les zones classées comme zones humides constituaient moins de 1 % de la superficie totale du pays. Les eaux intérieures, comme les lacs ou les rivières, couvraient 3,4 % de l’UE en 2009. Trois États membres pesaient fortement sur cette moyenne: les Pays-Bas (où 11,0 % de la superficie totale était constituée d’eaux intérieures), la Finlande (10,2 %) et la Suède (9,1 %). Le premier se caractérise par des lacs artificiels, plusieurs grands fleuves qui se jettent dans la Mer du Nord et de nombreux canaux, alors que les deux pays nordiques comptent des centaines de milliers de lacs.
Les sols nus (zones sans couverture végétale dominante) sont relativement rares dans l’UE: ils représentaient, en moyenne, 1,9 % de la superficie totale en 2009. L’Espagne et le Portugal (5,2 % et 4,0 %) ont enregistré les proportions de sols nus les plus élevées.
L’utilisation des sols
L’agriculture est le type d’utilisation primaire [1] des sols le plus courant dans l’UE: 43 % de la superficie totale y étaient consacrés en 2009 (voir graphique 3). Les zones affectées à la sylviculture couvraient 29,8 % de la superficie terrestre de l’UE, alors que 5,0 % étaient utilisés pour les services, l’habitat et les sports et loisirs. Les activités industrielles, les transports, la production d’énergie et les mines et carrières occupaient 3,4 % supplémentaires de la superficie totale, les 18,8 % restants constituant une catégorie résiduelle regroupant, entre autres, les zones utilisées pour la chasse et la pêche, les zones protégées ou les zones pour lesquelles l’utilisation[2] n’était pas visible.
L’utilisation agricole des sols recouvre différents types d’occupation des sols: les plus courants sont les terres arables, les cultures permanentes et les prairies. De petites portions d’autres types d’occupation des sols peuvent également être consacrées à l’agriculture, comme les sols artificialisés (bâtiments agricoles, routes, par exemple) et les zones sous les eaux (étangs pour l’irrigation, par exemple). Dans 14 des 23 États membres de l’UE couverts, plus de la moitié de la superficie terrestre était utilisée à des fins agricoles en 2009 (voir graphique 4). La part la plus élevée de sols consacrés à l’agriculture a été enregistrée en Irlande (73,2 %), alors que le Royaume-Uni, le Danemark et la Hongrie ont tous affiché des chiffres supérieurs à 60 %. En Finlande et en Suède, l’agriculture jouait un rôle mineur en termes d’utilisation des sols, puisque moins de 10 % de leur superficie terrestre totale étaient destinés à cet usage.
Sans surprise, la sylviculture était souvent le type d’utilisation dominant dans les États membres présentant une forte proportion de zones boisées. Toutefois, toutes ces zones ne sont pas utilisées pour la sylviculture: certaines sont consacrées à d’autres utilisations comme les sports et loisirs ou la chasse, constituent des espaces protégés ou n’ont pas d’utilisation visible. En Finlande, en Suède et en Slovénie, plus de 50 % de la superficie terrestre totale étaient utilisés à des fins sylvicoles, une part qui descend en dessous de 10 % en Irlande, au Royaume-Uni et, en particulier, aux Pays-Bas (3,1 %).
Les activités industrielles, les mines et carrières et les transports (cette catégorie englobant aussi la production d’énergie, le traitement et le stockage des déchets ainsi que la construction) occupaient 3,4 % du territoire de l’UE en 2009. Parmi les différents secteurs, le type d’utilisation le plus courant était constitué par les transports qui, en moyenne, totalisaient quelque 70 % de la superficie occupée par cette catégorie, les mines et carrières en représentant, quant à elles, environ 11 %. C’est aux Pays-Bas que les activités industrielles, les mines et carrières et les transports affichaient la part la plus élevée dans les différents types d’utilisation des sols: 12,2 % de la superficie du pays étaient en effet consacrés à ces utilisations. La part très élevée observée aux Pays-Bas peut être liée à la forte densité des réseaux de transport et aux vastes zones de stockage dans les ports et services logistiques. La part des mines et carrières (qui incluent les activités extractives et l’extraction de tourbe) dans l’utilisation des sols était relativement élevée en Autriche, en Estonie, en Finlande, en Irlande et en Lettonie.
Le commerce, les services publics et les zones destinées aux sports et loisirs et à l’habitat couvraient 5 % de la superficie terrestre de l’UE en 2009. Environ la moitié de ce total était consacrée à des zones résidentielles, 30 % à des utilisations de sports et loisirs, 10 % à des services publics et moins de 5 % au commerce. La part du commerce, des services publics et des zones destinées aux sports et loisirs et à l’habitat était supérieure à 10 % de la superficie totale en Finlande et en Suède, principalement en raison des zones d’une taille supérieure à la moyenne consacrées aux activités de sports et loisirs, des zones forestières proches des villes étant souvent utilisées pour des installations de ce type dans ces États membres.
Près de 20 % des sols dans l’UE en 2009 étaient destinés à une utilisation autre ou n’avaient pas d’utilisation visible. La chasse et la pêche constituaient les utilisations économiques les plus courantes. Toutefois, de vastes zones sont exclues de toute utilisation socio-économique: il s’agit, par exemple, de zones protégées où les activités socio-économiques sont totalement interdites ou fortement limitées ou encore de zones éloignées ou difficilement accessibles pour d’autres raisons qui n’ont pas attiré de telles activités.
Les paysages
L’hétérogénéité de l’occupation des sols et la présence d’éléments linéaires; comme des haies, des rangées d’arbres, des routes, des voies ferrées, des rivières et canaux d’irrigation sont deux composantes importantes qui caractérisent la structure des paysages. Certains pays comptent de vastes zones continues avec le même type d’occupation des sols, alors que d’autres présentent une mosaïque diversifiée d’éléments d’occupation des sols. Comme le montre le graphique 5, la Slovénie, le Portugal, l’Autriche, le Luxembourg, le Danemark et l’Italie affichaient un degré relativement élevé de diversité des types d’occupation des sols, caractérisé par une mosaïque composée de petites parcelles où l’occupation des sols est différente. En Irlande, au Royaume-Uni, en Estonie et en Hongrie, le paysage est dominé par des zones plus vastes présentant le même type d’occupation des sols.
Les éléments structurels linéaires verts illustrent le rôle conjoint de la nature et de l’homme dans le façonnage du paysage. Les paysages irlandais, qui se classent derniers en termes de diversité de l’occupation des sols, présentaient la deuxième valeur la plus élevée en ce qui concerne les éléments linéaires verts (voir graphique 6). Parmi les autres pays où le paysage se caractérisait par une grande variété d’éléments linéaires verts figuraient les Pays-Bas et la France. En Slovaquie, en Hongrie, en Suède, en République tchèque et en Lituanie, le paysage présentait relativement peu d’éléments structurels verts.
La densité des éléments linéaires d’origine humaine ayant un caractère séparateur (comme les routes, les voies ferrées et les câbles aériens) est étroitement liée à l’évolution de la population et des infrastructures. Les pays qui affichent des densités de population relativement élevées et par lesquels transitent de nombreux flux, comme la Belgique et le Luxembourg, présentaient un nombre relativement important d’éléments de séparation d’origine humaine liés aux infrastructures (voir graphique 7); cela était le cas également en Slovénie, au Portugal et en France (où la population se concentre dans certaines zones). À l’autre extrémité, les pays baltes, la Suède, la Finlande et la plupart des États membres d’Europe de l’Est affichaient souvent un niveau relativement bas d’éléments linéaires d’origine humaine, les types d’occupation des sols naturels y étant en effet prédominants.
Sources et disponibilité des données
LUCAS est une enquête de terrain fondée sur un système d’échantillonnage aréolaire réalisée par Eurostat. Des données sur l’occupation et l’utilisation des sols sont collectées et des photographies de paysages sont prises pour détecter toute modification de l’occupation/utilisation des sols ou des paysages européens. Un transect, une ligne de 250 mètres le long de laquelle sont enregistrés les éléments linéaires et les modifications de l’occupation des sols, est utilisé pour l’analyse des paysages.
Eurostat a mené en 2009 une grande campagne LUCAS couvrant 23 pays de l’UE (la Bulgarie, Chypre, Malte et la Roumanie en ont été exclues). Les données sur l’occupation des sols, l’utilisation des sols et la diversité des paysages ont été collectées pour environ 234 700 points. Ces points ont été sélectionnés à partir d’une grille standard de 2 km parmi un million de points au total dans toute l’UE. Les données sur l’occupation des sols et l’utilisation visible des sols ont été classées selon les nomenclatures harmonisées d’occupation et d’utilisation des sols de LUCAS.
L’ensemble de données LUCAS constitue la base des statistiques harmonisées sur l’occupation/utilisation des sols au niveau européen. Cet ensemble de données est unique en son genre car il contient des informations comparables en termes de définitions et de méthodologie. Les données pour la période de référence 2009 ont été les premières à être publiées par Eurostat.
Contexte
L’Europe est composée d’une multitude de paysages et de types d’utilisation des sols qui sont le reflet de son histoire. Même si ceux-ci sont quelque peu difficiles à percevoir au quotidien, des processus continus modifient sans cesse les paysages et l’environnement. Souvent, les changements qui interviennent peuvent être liés aux tensions que provoque le conflit entre le besoin de disposer de plus de ressources et de meilleures infrastructures, d’une part, et la biodiversité et l’espace, d’autre part.
Les données sur l’occupation/utilisation des sols sont importantes pour comprendre comment fonctionnent les systèmes environnementaux; leur évaluation dans le temps permet de mesurer l’incidence qu’une modification de l’utilisation des sols peut avoir sur la biodiversité et les écosystèmes.
La modification de l’utilisation des sols est souvent considérée comme le premier moteur des changements intervenant dans la biodiversité et les écosystèmes. Le déclin de l’utilisation agricole des sols (du fait de l’augmentation continue des rendements), l’accroissement des zones urbaines (découlant d’une évolution démographique et économique) et l’augmentation progressive des zones forestières (en partie stimulée par la nécessité de respecter les engagements environnementaux mondiaux en rapport avec le changement climatique) sont quelques-uns des principaux changements dans l’utilisation des sols auxquels on a assisté ces dernières années. Le développement des réseaux routier, autoroutier et ferroviaire, de l’agriculture intensive et des zones urbaines a conduit à un morcellement croissant du paysage européen. Cette tendance à la fragmentation risque de se répercuter sur les niveaux de biodiversité et pourrait avoir des incidences négatives sur la flore et la faune.
Informations supplémentaires Eurostat
Publications
- Diversified landscape structure in the EU Member States - Issue number 21/2011 (en anglais)
- New insight into land cover and land use in Europe - Issue number 33/2008 (en anglais)
Base de données
- Occupation et utilisation des sols, paysage (LUCAS) (lan)
Section spécifique
Méthodologie / Métadonnées
- Land cover and land use, landscape (LUCAS) (ESMS metadata file - ESMS code, e.g. lan_esms) (en anglais)
Données sources pour les tableaux et graphiques (MS Excel)
Liens externes
Voir aussi
- Agri-environmental statistics (en anglais)
- La biodiversité
- Landscape structure indicators from LUCAS (en anglais)
- Statistiques sur la sylviculture
Notes
- ↑ La même zone peut être destinée à plusieurs usages simultanés (par exemple, une forêt peut être utilisée pour la sylviculture, la chasse et les loisirs); les statistiques présentées reposent sur l’utilisation primaire.
- ↑ L’enquête LUCAS repose sur des visites de terrain; l’utilisation des sols est déterminée sur la base de signes visibles.