Libre-circulation-transfrontière-et-changement-climatique

© T.Buelens/ETUC atténuer les répercussions sociales d’une économie zéro émissions, qui est plus que nécessaire. Nous sommes convaincus qu’une économie durable peut créer de bons emplois dans de nombreux secteurs. Mais c’est une erreur de négliger les défis et les dangers qu’elle comporte. Une transition équitable signifie que les gouvernements, les syndicats et les employeurs travaillent de concert pour anticiper et gérer le changement. Les défis inhérents à la transition diffèrent en fonction des régions et il existe des secteurs sensibles comme l’exploitation minière et l’industrie automobile. Les subventions qui portent préjudice à l’environnement doivent être progressivement arrêtées, alors que les fonds structurels et sociaux de l’UE devraient être réaffectés au renforcement des compétences et à la reconversion des travailleurs ainsi qu’à la création d’emplois verts. Les syndicats jouent un rôle clé dans la préparation et la représentation des travailleurs en transition. La politique climatique devrait revoir les conditions du commerce international, promouvoir les circuits économiques courts et locaux et ne pas promouvoir la délocalisation de la production en dehors de l’Europe. La gestion des conséquences sociales doit être intégrée dans la conception et lamise enœuvre des politiques dans tous ces domaines. Plus de démocratie Impliquer les travailleurs et obtenir leur soutien pour avancer vers une société durable nécessite des mécanismes démocratiques renforcés au travail. Le dialogue social et le droit des travailleurs à l’information, à être consulté et à participer doivent être renforcés à tous les niveaux. L’UE doit se porter garant de la promotion et de l’appui à la négociation collective afin que les syndicats et les travailleurs puissent créer des lieux de travail durables et une économie verte. L’industrie manufacturière est le cœur de l’économie européenne et nous devons la préserver grâce à une stratégie industrielle européenne cohérente qui soutienne le développement durable. Les nouvelles technologies joueront un rôle important dans la transformation de l’industrie, mais les travailleurs doivent être consultés quant à leur application. Des services publics et une protection sociale solides sont également essentiels au développement durable. Nous avons prié l’UE d’adapter ses réglementations fiscales, en particulier le pacte de stabilité et de croissance, afin d'autoriser les investissements dans des infrastructures durables et la protection sociale. Les États membres doivent mener des analyses d’impact afin de s’assurer que le coût des politiques de décarbonation est équitablement réparti, qu’il ne renforce pas les inégalités sociales et qu’il ne pénalise pas les citoyens les plus pauvres de la société, en augmentant les prix de l’énergie, par exemple. Le nouveau pacte vert pour l'Europe doit s’attaquer en priorité aux inégalités sociales. Nous ne pouvons pas laisser l’urgence climatique devenir une urgence sociale. Liina Carr, Secrétaire confédérale, Confédération européenne des syndicats Si les actions récentes des mouvements Vendredis pour l’avenir et Extinction Rebellion ont augmenté l’attention portée au changement climatique, la durabilité ne concerne pas seulement l’environnement. En réclamant une justice climatique, les syndicats exigent une transformation profonde de l’économie, une «transition équitable» qui protège les travailleurs tout en agissant rapidement pour diminuer les émissions. L’avenir durable de l’Europe n’existera pas si des milliers de personnes perdent leur emploi. La Confédération européenne des syndicats salue l’engagement de la présidente élue de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, en faveur d'un pacte vert pour l'Europe, mais celui-ci doit intégrer toutes les dimensions de la durabilité: sociale, économique et environnementale. Ce pacte vert devrait être doté d’un budget conséquent et d’unpland’investissement afind'atteindre les objectifs climatiques recommandés par les scientifiques, en mobilisant de nouveaux fonds et non des fonds réaffectés. Il devrait faire de la justice sociale une priorité et mettre en œuvre le socle des droits sociaux, et les objectifs de développement durable des Nations Unies devraient constituer le fondement de la politique de l’UE. «La durabilité d’abord» devrait être le fil rouge de toutes les actions de l’UE. Les partenaires sociaux doivent quant à eux être étroitement impliqués à toutes les étapes de l’élaboration des politiques visant à Liina Carr, Secrétaire confédérale de la CES: le nouveau pacte vert pour l’Europe doit s’attaquer en priorité aux inégalités sociales. La durabilité est sociale, environnementale et économique VOIX D’ICI ET D’AILLEURS 2 6 / AG E NDA SOC I A L / NOV E MB R E 2 0 1 9

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