Social Agenda 54

AGENDA SOC I A L / J U LY 2 0 1 7 / 2 1 Votre mandat a couvert le référendum britannique sur rester ou non au sein de l'UE et les négociations sur le Brexit qui s'en sont suivies. La mobilité et la libre circulation des personnes à travers l'UE, ainsi que la coordination transfrontalière en matière de sécurité sociale qui va de pair, sont devenues un sujet particulièrement sensible. Il a fallu attendre un peu avant de lancer la révision de la directive sur le détachement des travailleurs… En effet, et à l'époque, je n'étais pas du tout contente! Nous savions que ce serait un travail difficile et que nous avions besoin de temps. Mais finalement, nous n'avons dû attendre que quelques mois. J'espère que la révision du règlement sur la sécurité sociale, que nous sommes toujours en train de négocier [note de la rédaction: au moment où nous allions mettre sous presse], sera une réalité. D'un côté, on pourrait dire que ce retard a été regrettable. D'un autre côté, il a aussi réveillé les gens. Nous voulons une véritable mobilité des travailleurs et, pour cela, nous avons besoin de règles claires, équitables et applicables. Elles doivent être claires parce que tout le monde doit savoir à quoi s'en tenir: puis-je partir ou pas? Aujourd’hui, 17 millions de personnes sont mobiles dans l’ensemble de l’Union européenne pour des raisons professionnelles: c'est deux fois plus qu'en 2010! De plus en plus de personnes utilisent donc cette possibilité. La libre circulation est également le droit le plus apprécié des citoyens de l'UE. Les règles relatives à la coordination de la sécurité sociale ont été adaptées à plusieurs reprises au fil du temps. Auparavant, ces adaptations étaient assujetties à l'unanimité, mais aujourd'hui, elles ne requièrent plus que la majorité qualifiée. Cela offre de nouvelles possibilités. Et pour le détachement des travailleurs? Dans ce cas, la législation remontait aux années 1990, bien avant l'élargissement de l'UE de 12 à 28 États membres! Entre-temps, le monde du travail a bien changé. Il était grand temps de procéder à une révision de la directive. Dès le début, nous avons réalisé qu'une simple révision ne suffirait pas. La directive a dû être entièrement révisée. C'est donc ce que nous avons fait et je suis très satisfaite du résultat: le même salaire pour le même travail au même endroit! Bien sûr, c'est un peu plus complexe que cela, mais ça en fait partie. En 2018, vous avez lancé un projet de loi pour créer une Autorité européenne du travail (AET) et vous êtes parvenus à un accord en 2019... Parce que nous avons réalisé que, pour contribuer à l’application de la législation européenne sur la mobilité des travailleurs, nous avons besoin d'une institution. Il s'agit d'assurer une coopération positive et spontanée entre les autorités des États membres, qui échangent des informations afin de contrôler la libre circulation. Les États Membres ont besoin d'une institution, d'une agence ou d'une autorité pour faciliter les inspections conjointes ou coordonnées: un lieu où les officiers de liaison des différents pays de l'UE collaborent au jour le jour, en relation avec leur pays d'origine. Il leur sera plus facile d'échanger des informations, de coopérer et aussi d'informer ceux qui en ont besoin: les travailleurs mobiles ou les candidats travailleurs mobiles, mais aussi les entreprises. Et lorsqu'il y a des différences d'interprétation ou des «différends» entre les autorités nationales, nous disposerons en permanence d'un instrument de médiation. Nous sommes convaincus que l'AET sera la touche finale dont nous avons besoin pour garantir le bon DOSSIER SPÉCIAL © Belga Image Formation qualifiante: nous devons offrir des possibilités d'enseignement et de formation professionnels de qualité, y compris au niveau de l'enseignement supérieur et au niveau de l'éducation des adultes, car il s'agit aussi de requalification et de perfectionnement des compétences. AGENDA SOC I A L / MA R S 9

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