Social Agenda 54

La clé, ce sont les compétences, encore les compétences et toujours les compétences! Ce n'est pas un hasard si nous avons placé les compétences au sommet de notre socle européen des droits sociaux! C'est l'essence même de notre économie sociale de marché. Ce n'est pas simplement parce que cela figure dans le Traité de l'UE que nous en faisons la promotion, mais parce que nous croyons sincèrement que c'est la seule façon de faire. La proclamation du socle européen des droits sociaux, en novembre 2017, est-elle un signe que les questions sociales sont redevenues une priorité? Absolument. À l'initiative du président de la Commission européenne et en collaboration avec le Premier ministre suédois, nous avons tenu le premier sommet social en vingt ans, ce qui est déjà remarquable. Et puis le socle social que la Commission avait conçu a été proclamé par les trois institutions politiques européennes (Conseil des ministres, Parlement européen et Commission européenne), ce qui est encore plus remarquable! Cela signifie que le socle n'est pas seulement une boussole pour nous: il est également accepté comme base de référence par les États membres, les députés européens et les partenaires sociaux. C'est exactement ce dont nous avons besoin, car nous savons que le développement de la politique sociale n'est pas totalement entre les mains de la Commission. Nous utilisons tous les instruments juridiques et financiers dont nous disposons, mais les États membres doivent mettre la main à la pâte. Il en va de même pour les autorités régionales et locales, ainsi que pour les partenaires sociaux. L'adoption du socle n'est qu'un point de départ, mais je suis très optimiste à cet égard. Nous devons prêcher par l'exemple et c'est la raison pour laquelle la Commission a immédiatement commencé à mettre en œuvre les principes inscrits dans le socle avec les outils et les compétences à notre disposition. Nous avons lancé une série de propositions législatives et intégré le socle dans le fonctionnement du semestre européen, le cycle de gouvernance économique de l'UE, ainsi que dans notre proposition pour le cadre financier pluriannuel 2021-2027. J'ai été ravie de voir des références au socle dans les documents de la première réunion du Conseil des ministres de l'emploi et des affaires sociales après la proclamation du socle: cela signifie que les gouvernements nationaux ont intégré le socle et que nous sommes sur la bonne voie. À tous les niveaux de gouvernement, ceux qui ont le pouvoir d'établir des règles et de conclure des conventions collectives doivent s'adapter au changement. Mais nous devons le faire dans un cadre qui défend nos valeurs et protège les citoyens, en veillant à ce que chacun ait les mêmes chances d'acquérir des compétences et de se requalifier, d'avoir accès au marché du travail, de jouir de bonnes conditions de travail et d'une protection sociale et de services sociaux modernes. Le socle préconise une définition très ample des affaires sociales… Oui, il adopte une approche holistique. Nous voulions une boussole pour l'avenir qui ne change pas le «qui fait quoi» mais qui exige la coopération de tous les niveaux de gouvernance. La Commission européenne dispose de certaines compétences là où le niveau européen est le mieux adapté pour faire avancer les choses, mais beaucoup de choses doivent aussi être réalisées au niveau national et régional, parfois très localement. Lorsque les citoyens n'ont pas de logement acceptable et n'ont pas accès à de bons services de santé, ils se retrouvent dans une impasse: ils n'apprennent pas, ils n'ont pas un bon travail... On a donc besoin de tout cela, si l’on veut que les gens puissent être flexibles et apprendre tout au long de la vie. Nous avons besoin de personnes résilientes, qui jouissent de bonnes opportunités dès l'enfance et qui ont cette culture de l'apprentissage. DOSSIER SPÉCIAL De l'écart salarial au fossé des retraites: un écart salarial entre hommes et femmes de 15 %, par exemple, entraîne un écart au niveau des retraites probablement deux fois plus important à l'avenir. © Belga Image 1 6 / AGENDA SOC I A L / MA R S 2 0 1 9

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